Une grande voix de la Résistance française s’est éteinte. Madeleine Riffaud est décédée ce mercredi, a annoncé son éditeur Dupuis, confirmant une information du quotidien Humanité pour lequel elle était correspondante de guerre. Elle avait 100 ans. Née le 23 août 1924 à Arvillers, à Santerre, entre Amiens et Roye, elle s’est mobilisée très jeune sous l’occupation. Dans un documentaire de France Culture Nuitsdiffusée en 1993, Madeleine Riffaud racontait les origines de son engagement.
En 1941, d’abord exilée en Limousin, elle revient en Picardie avec ses grands-parents. « Quand nous sommes arrivés à la gare d’Amiens, il faisait nuit et il y avait beaucoup de soldats allemands. Peut-être des gentils, je ne sais pas, mais ils portaient un uniforme étranger et ils parlaient très fort», se souvient-elle.
« J’ai dû enjamber ces voyous. C’était la première fois que je pensais pouvoir devenir résistante, parce qu’ils essayaient de jouer avec moi, parce que j’avais une petite jupe, des cheveux sur les épaules, j’étais plutôt mignonne, dit-elle. Et comme tous les voyous du monde, ils voulaient jouer. Je ne dis pas qu’ils voulaient en faire plus, mais j’avais peur. Il y en a un qui en a eu marre de jouer et qui m’a donné un gros coup de pied dans le derrière. Et là, sous le coup de la douleur, mais surtout de l’humiliation, j’ai pensé, ce n’est pas possible de l’admettre, en tout cas moi, petit, je ne l’ai pas admis. C’est à ce moment qu’elle décide d’entrer dans la Résistance, à seulement 16 ans.
Elle tue un soldat allemand
Arrivant plus tard à Paris, « sa première action de résistance consista, fin 1942, à dessiner des inscriptions à la craie sur les murs de la rue de l’École-de-Médecine dans le Quartier Latin »dire le dictionnaire Maitron. En juillet 1944, Madeleine Riffaud part à vélo et, armée d’un revolver, elle tue un soldat allemand sur le pont de Solférino. Elle fut arrêtée quelques instants plus tard puis torturée par la Gestapo.
Correspondant de guerre
Après la Seconde Guerre mondiale, Madeleine Riffaud devient journaliste et couvre plusieurs conflits au cours de sa carrière. Elle raconte par exemple les guerres de décolonisation, comme en Indochine.
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A l’occasion du 80ème anniversaire de la Libération de la Somme cette année, la ville d’Amiens a inauguré la Placette Madeleine Riffaud.
Une bande dessinée en son honneur
Son histoire a été racontée en bande dessinée par le dessinateur Dominique Bertail et le scénariste rémois Jean-David Morvan. « Madeleine résistante ». La bande dessinée a reçu, en 2022, le Prix Goscinny du meilleur scénario.
Cette héroïne de la résistance a également été mise en lumière en 2023 par une exposition au Château de Malbrouck en Moselle, intitulée « Elle résiste, ils résistent ».