C’est une de ces images qui deviennent virales presque instantanément. Ce samedi 2 novembre, difficile de ne pas partager cette vidéo où l’on découvre une étudiante de l’université islamique Azad de Téhéran en sous-vêtements. L’incident fait suite à une altercation entre la jeune femme et les forces paramilitaires Basij, qui lui auraient arraché son hijab et lui auraient demandé de s’habiller correctement. En réponse, elle aurait déshabillé pour sortir dans la rue en sous-vêtements, avant d’être montée dans une voiture par un groupe d’hommes en civil. À ce jour, Amnesty International a appelé les autorités iraniennes à libérer «immédiatement et sans condition» l’étudiant. Selon les médias étudiants Amir Kabiraucune information n’a depuis été communiquée sur son état de santé, ni sur sa localisation actuelle.
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Les femmes en Iran, cibles directes de la police morale
Même si la vidéo de cette jeune femme est rapidement devenue virale, elle n’est pas nouvelle. La répression du régime islamique contre les femmes et les filles qui ne portent pas le voile, ou qui le portent de manière incorrecte, fait rage. Sur les réseaux sociaux, des vidéos du même type circulent, et affichent presque toujours le même schéma. Une intervention de la police des mœurs, venue récupérer une jeune femme. C’est précisément ce qui s’est passé dans le cas de Mahsa Aminiune jeune Kurde iranienne vraisemblablement battue à mort en garde à vue pour avoir mal porté son voile en septembre 2022. Les autorités iraniennes nient toute implication, et assurent que sa mort est due à des problèmes de santé préexistants, ce que la famille de la victime a toujours réfuté. . Ce n’est pas le premier décès dans des conditions suspectes en Iran. En 2003, elle était photojournaliste Ziba Kazémi qui a disparu suite à une hémorragie cérébrale après avoir reçu un coup à la tête dans la prison d’Evin.
La répression de la police morale s’est accentuée avec l’arrivée au pouvoir des ultra-conservateurs Ebrahim Raïssi en 2021 (décédé en juillet 2024, il a depuis été remplacé par Massoud Pézechkian). Depuis, une « guerre contre les femmes et les filles » se déroule chaque jour en Iran, comme l’a souvent rappelé Amnesty International. Par exemple, depuis avril, les forces de sécurité ont «intensifié l’application du port obligatoire du voile dans l’espace public en soumettant les femmes et les filles à une surveillance constante, à des coups, à des violences sexuelles, à des décharges électriques, à des arrestations et détentions arbitraires et à d’autres formes de harcèlement» peut-on lire dans un communiqué de l’ONG. Intitulée « plan Noor », cette campagne nationale lancée en avril 2024 a eu pour conséquence directe une nette augmentation, dans les lieux publics, du nombre de patrouilles de sécurité à pied, moto, voiture et fourgon de police chargées de veiller à l’application du port obligatoire. du voile.
Des mouvements de contestation de plus en plus puissants
Depuis la mort de Mahsa Aminic’est un mouvement de protestation sans précédent contre le pouvoir religieux qui anime une partie de la population en Iran, des universités à la rue, et même au-delà des frontières, là où la diaspora iranienne est la plus forte (comme à Istanbul ou à Toronto). A travers le mouvement « Femmes, Vie, Liberté », de nombreuses femmes iraniennes contestent la répression brutale du régime en place, qui cherche à punir les écarts aux bonnes mœurs. Si certaines femmes s’en tirent avec seulement 10 dollars d’amende pour avoir refusé de porter le voile (ou pour l’avoir mal porté), le sort d’autres est plus incertain, comme dans le cas de l’étudiante qui a marché ce samedi 2 novembre 2024 en sous-vêtements dans devant l’Université islamique Azad de Téhéran.
De tels actes de rébellion auraient été impensables avant la mort de Mahsa Aminimais elles deviennent de plus en plus courantes, à mesure que le régime iranien devient plus dur envers les femmes. La colère est palpable au sein de la population. Les Français ont pu le constater en mai 2024 avec la présence, au Festival de Cannes, du cinéaste Mohammed Rasoulof venu présenter son dernier long métrage, Graines de figuier sauvageaprès avoir quitté clandestinement le territoire iranien (il y a été condamné en appel à huit ans de prison dont cinq applicables). Tourné dans le plus grand secret, le film marque l’exil du réalisateur, désormais installé en Allemagne, ainsi que l’inquiétude persistante pour le reste de son équipe retenu en Iran. Accompagné de quelques personnes, mais aussi de photos de ses comédiens absents, Mohammed Rasoulofa livré à la France et au monde un incendie politique mémorable, qui imprime dans nos rétines le cri de ralliement « Femme, vie, liberté ». Directement inspiré du contexte d’embrasement politique particulièrement violent en Iran, suite à la mort du jeune Mahsa Amini, Graines de figuier sauvage propose un aperçu de ce que vivent les femmes iraniennes au quotidien depuis plusieurs années.