C’est une chaîne qui existe toujours mais dont on parle souvent au passé quand on veut parler de son humour, sa marque de fabrique depuis de nombreuses années. Nulle part ailleurs, Le Grand Journal, Les nulsles chroniques Miss Météo… Ce sont ces émissions que nos lecteurs aiment citer lorsqu’on leur demande ce qu’ils retiennent de « l’esprit Canal ».
Une réunion de famille devant le petit écran
Comme Sylvain, 45 ans, qui a apprécié « une liberté de ton, de dérision, de caricature, d’arrogance, le fait de ne pas avoir peur de choquer. Canal+, c’était des réunions de famille pour regarder des émissions sans chichi et destinées à tous. je cherchais déjà Les nuls quand j’avais à peine 10 ans et ils ne m’ont pas arrêté. Pour Sandy, 44 ans, Canal+ était quasiment le seul accès à la télévision lorsqu’elle était plus jeune : « À la maison, les enfants ne regardaient pas souvent la télévision pendant la semaine, les seules 20 minutes autorisées étaient les Guignols puis Jérôme Bonaldi, Philippe Vandel, Karl Zéro et Robert Algoud, Les Robins, Monsieur Manhattan aussi… Je n’ai rien compris ! On termine avec de Caunes et Garcia… Les 20 meilleures minutes de la journée » !
Foot et cinéma
Au-delà des émissions gratuites, Gérard, 78 ans, a apprécié la diversité et la qualité des programmes diffusés car « c’était une bouffée d’oxygène nouvelle et puissante dans l’ambiance raide d’une télévision à 3 chaînes. C’était la vie dans les spectacles Denisot et Gildas…. il y avait de nouveaux présentateurs de talents qui ont duré et qui durent encore. Y compris la météo qui manque. C’était du football filmé avec un nouvel œil et un suivi des matchs encore appliqué aujourd’hui. C’est une nouvelle chaîne qui nous a amené les grands acteurs d’Hollywood aux César.
Pour Raphaël, « L’esprit canal est un délicieux souvenir de mon enfance. Nous nous sommes abonnés à Canal car à cette époque où Netflix et autres Prime Video n’existaient pas, c’était l’un des seuls moyens de voir des films récents exclusivement sur petit écran. Il ne faut pas oublier – pour les plus jeunes – que jusqu’au milieu des années 2000, la TNT n’existait pas et que les 6 chaînes nationales proposaient un choix de programmes assez limité.
Une chaîne qui s’est « normalisée »
Si certains comme Pierre sont des fans indéfectibles de Canal+, « Abonné depuis 1986, fidèle parmi les fidèles, de Nulle Part Ailleurs à Groland, du cinéma au Top 14, je suis scotché à Canal », nombreux sont les lecteurs qui regrettent le virage éditorial de la chaîne dans les années 2010. Gérard déplore « cette ambiance confite et rétro, cette peur de choquer… » tandis que Guy « regrette cette époque car Canal aujourd’hui est devenu fade. Maintenant, cela ressemble à une chaîne généraliste. Et même si Sylvain considère que « Canal+ d’aujourd’hui est devenu lisse, sans identité », il se réjouit d’avoir vécu cet épisode de l’histoire cathodique : « Je suis heureux et fier d’avoir pu vivre cette époque ; parce que cela nous a permis de prendre du recul, de rire et de voir l’absurdité du monde dans lequel nous vivons.