Le festival de science-fiction qui se déroule ce week-end dans la cité des Ducs fait la part belle à Godzilla, qui fête cette année ses 70 ans.e anniversaire.
Le Figaro Nantes
Le museau des monstres se faufile à Nantes, juste à temps pour Halloween. Pour porter les couleurs du 25e édition du festival Utopiales, ce visage gonfle aux dimensions titanesques de Kaijusest coloré de la patine robotique des cyborgs et recouvert de l’argile magique du golem. Un cortège haut en couleurs, qui ne représente qu’une fraction de la programmation 2024 de la grande messe française de science-fiction, inaugurée mercredi à la Cité des Congrès de Nantes.
Ouverte jusqu’au dimanche 3 novembre au soir, la manifestation culturelle s’articule cette année autour du thème « harmonie ». Une parole à la croisée des deux facettes éternelles de cette fête bipolaire, partagée entre le monde de la science et celui de l’imaginaire. « Avec l’idée d’harmonie, nous avons ressenti le besoin, en ces temps troublés, d’avoir un mot-clé qui évoque explicitement des choses positives et agréables »indique à Figaro Roland Lehoucq, président des Utopiales. Egalement astrophysicien au centre de recherche du CEA Paris-Saclay, le capitaine du festival est aux commandes de cet événement phare de la vie culturelle nantaise depuis 2012, un exercice d’équilibriste s’il en est. « Chaque table ronde, chaque conférence et projection illustre cette rencontre entre les pôles arts et sciences » il résume.
Grand Carnaval des Monstres
Et quel meilleur lien entre ces deux mondes que Godzilla ? La créature japonaise a ouvert, sinon le tapis rouge, le festival de Nantes. Le monstre n’a pas dévasté la cité des ducs – ni la cité des congrès. Au contraire, le reptile géant s’y est gracieusement installé à l’occasion de la projection de la version restaurée, en 4K, du film fondateur d’Ishiro Honda, diffusée au festival des années 70.e anniversaire de la sortie de ce long métrage pionnier. « L’harmonie est aussi la dissonance ; quand nous parlons de paix, nous ne pouvons ignorer la guerre – ni le monstreexplique Roland Lehoucq. Dans ce cas, le Kaijusces monstres du cinéma japonais, représentent d’emblée la monstruosité liée aux conséquences de l’explosion des bombes nucléaires d’Hiroshima et de Nagasaki . Un drame encore particulièrement vif en 1954, lors de la sortie du premier film Godzilla». Trois autres longs métrages de la saga, une exposition et un spectacle sont au programme du festival, disponible en ligne.
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Autre figure phare de cette édition, plus humaine cette fois, le designer américain Emil Ferris est également à l’honneur aux Utopiales 2024. La créatrice présente en avant-première la suite de son roman graphique Ce que j’aime, ce sont les monstreslauréat du Fauve d’Or au festival de la bande dessinée d’Angoulême, en 2019 – et une belle moisson d’autres prix internationaux. Le grand carnaval des monstres présent aux Utopiales s’enrichit également de débats sur les cyborgs et la frontière entre l’homme et la machine, projection de l’inconnu. Golem (1967) de Jean Kerchbon ou encore une présentation sur les bestioles – et autres insectes – évoluant face au changement climatique, présentée par les étudiants en cinéma de l’ESMA, et ceux de l’école vétérinaire d’Oniris.
Enfin, parce que le monde contemporain peut aussi revêtir des aspects inquiétants, plusieurs débats portent sur les monstres politiques.« à la lumière du retour du fascisme en Europe ». En diagonale, ou plus directement, comme la table ronde organisée sur « l’extrême droite aux portes du pouvoir ». Un programme foisonnant brodé, bien sûr, de questions plus attendues dans le cadre d’un festival de science-fiction : débats sur l’équilibre quantique ou le concept même d’arme absolue, questions pratiques sur le fonctionnement des vaisseaux générationnels… Et, bien sûr, l’harmonie expliquée. par Guerres des étoiles.