Révolutionner la surveillance dans la lutte contre l’IAHP

Révolutionner la surveillance dans la lutte contre l’IAHP
Révolutionner la surveillance dans la lutte contre l’IAHP

Fini la propagation silencieuse : découvrez comment les méthodes de surveillance avancées protègent les troupeaux de canards vaccinés contre les épidémies de grippe aviaire.

Recherche : Stratégie de surveillance des troupeaux de canards vaccinés contre le virus hautement pathogène de l’influenza aviaire. Crédit image : Pablesku/Shutterstock

Dans un article récent de la revue Maladies infectieuses émergentesLes chercheurs ont utilisé des modèles mathématiques pour évaluer l’efficacité des stratégies de détection de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) parmi les troupeaux de canards vaccinés en .

Leurs résultats indiquent qu’une surveillance passive renforcée en testant chaque semaine les oiseaux morts était la méthode de surveillance la plus efficace, tandis que le test mensuel des oiseaux vivants était la méthode la moins efficace.

Arrière-plan

Les virus de l’IAHP ont provoqué d’importantes épidémies à l’échelle mondiale, en particulier depuis 2016, lorsque le clade 2.3.4.4b de l’IAHP est apparu. Ces virus affectent principalement les oiseaux, posant un défi majeur à l’industrie avicole en raison des pertes directes dues aux taux élevés de maladie et de mortalité et des impacts économiques indirects dus aux perturbations du marché et aux efforts de gestion et de prévention. Notamment, dans les troupeaux non vaccinés, les épidémies d’IAHP entraînent une probabilité de transmission du virus de 93 % après l’infection initiale. De plus, la transmission de l’IAHP aux mammifères a augmenté, suscitant des inquiétudes quant à son potentiel zoonotique malgré le nombre limité de cas humains.

La France a été fortement touchée par l’IAHP, notamment lors de l’épizootie de 2021-2022, qui a vu près de 1 400 foyers dans les élevages de volailles. La récurrence et l’ampleur de ces épidémies ont révélé l’insuffisance des mesures traditionnelles de biosécurité.
Ainsi, l’Union européenne (UE) a autorisé la vaccination des volailles en 2023. En octobre 2023, la France a lancé une campagne nationale de vaccination des canards, axée sur les canards en raison de leur contribution importante à la transmission de l’IAHP et de leur risque élevé de propagation virale.

Cependant, la vaccination introduit le risque d’une circulation silencieuse du virus, nécessitant des protocoles de surveillance stricts. La France a lancé un programme de surveillance complet conformément à la réglementation de l’UE, impliquant des méthodes de surveillance active, passive et passive renforcée pour détecter précocement l’IAHP. La surveillance passive améliorée implique des tests hebdomadaires sur les canards morts, tandis que la surveillance active implique des tests mensuels sur les canards vivants. Cette approche vise à contrôler le virus et à rassurer les partenaires commerciaux internationaux sur la sécurité des troupeaux vaccinés.

À propos de l’étude

Les chercheurs ont utilisé un modèle mécaniste pour évaluer l’applicabilité de différentes stratégies de surveillance pour détecter l’IAHP. Ils ont simulé la transmission de l’IAHP au sein d’un groupe type de 6 400 canards élevés pour la production de foie gras. Les canards ont été vaccinés à l’âge de 10 et 28 jours, l’étude se concentrant sur la phase de reproduction de la production.

Les chercheurs ont utilisé un modèle stochastique sensible, exposé, infectieux, récupéré ou mort (SEIRD), classant les canards en compartiments. Ils ont modélisé l’introduction et la transmission du virus, en testant différents niveaux de couverture vaccinale efficace (70 %, 80 %, 90 %). Le modèle a pris en compte divers paramètres, notamment le taux de transmission, la mortalité, le risque de létalité et le développement de l’immunité.

L’efficacité des stratégies de surveillance a été évaluée en simulant des épidémies et en testant différents protocoles de surveillance. Celles-ci comprenaient la surveillance passive (basée sur des seuils de mortalité), la surveillance passive renforcée (tests réguliers des canards morts) et la surveillance active (tests des canards vivants). Chaque stratégie a été évaluée pour sa sensibilité (capacité à détecter les épidémies) et sa rapidité (rapidité de détection).

En fin de compte, les chercheurs ont mené des milliers de simulations pour déterminer la meilleure approche de surveillance, en comparant les stratégies basées sur le nombre d’épidémies non détectées, la taille de l’épidémie et la vitesse de détection. Par exemple, dans les troupeaux vaccinés avec une couverture efficace de 90 %, le taux de reproduction a chuté de manière significative, passant de 16 dans les troupeaux non vaccinés à 1,7 pendant la phase d’immunité. Une surveillance passive renforcée semble être la stratégie la plus efficace.

Résultats

L’étude a révélé que la vaccination des troupeaux de canards réduisait considérablement la probabilité d’épidémies de grippe aviaire. Sans vaccination, la probabilité d’une épidémie était de 93 %. Avec une couverture vaccinale effective de 90 %, cette probabilité est tombée à 38 % pendant la phase de transition (jours 28 à 35) et à 8 % pendant la phase d’immunité (après le jour 35). Si le premier canard infecté était immunisé, la probabilité d’une épidémie était encore réduite à 3 %.

Presque tous les canards (99 %) sont devenus contagieux dans les troupeaux non vaccinés en 14 jours. Cependant, dans les troupeaux vaccinés avec une couverture de 90 %, seuls 0,3 % des canards sont devenus contagieux pendant la phase d’immunité. La surveillance passive renforcée, en particulier l’échantillonnage de cinq à sept canards morts par semaine, s’est avérée la plus efficace, détectant 81 à 88 pour cent des épidémies. La surveillance passive basée sur la mortalité quotidienne a montré une sensibilité plus faible (28 % à 64 %), et la surveillance active impliquant l’échantillonnage d’oiseaux vivants était la moins sensible, avec des délais allant jusqu’à 28 jours.

Dans l’ensemble, seulement 7 % des foyers n’ont pas été détectés dans les troupeaux vaccinés, avec une médiane de huit canards infectieux et un nombre minimal de décès liés à l’infection. Les foyers non détectés étaient généralement caractérisés par une très faible prévalence au sein des troupeaux et une courte durée des foyers.

Conclusions

La vaccination contre l’IAHP chez les volailles réduit considérablement les épidémies et la propagation du virus. En France (2023-2024), seuls deux foyers sont apparus dans des élevages de canards vaccinés, traduisant une réduction de 92 à 98 % de la taille attendue de l’épizootie.

Cependant, les troupeaux vaccinés présentent moins de signes de maladie, ce qui rend la surveillance passive moins efficace. La surveillance passive renforcée, impliquant des tests virologiques sur les canards morts, s’est avérée la plus sensible et la plus opportune. L’étude a révélé une diminution de 10 fois des épidémies et une réduction de 100 fois du nombre de canards infectieux pendant la phase d’immunité dans les troupeaux vaccinés. Bien qu’aucune stratégie de surveillance à elle seule n’ait été pleinement efficace, la combinaison de stratégies passives et actives améliorées pourrait améliorer la détection. Les recherches futures devraient explorer des méthodes alternatives et prendre en compte des facteurs tels que le coût et la charge de travail.

 
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