Helen McNicoll, peintre de la lumière tombée dans l’ombre

Helen McNicoll, peintre de la lumière tombée dans l’ombre
Helen McNicoll, peintre de la lumière tombée dans l’ombre

« Formée dans des écoles d’art en Europe, McNicoll est l’une des grandes peintres au Canada et l’une des rares artistes canadiennes reconnues de son vivant », a souligné Mme Bouchard lors d’une récente conférence donnée dans le cadre de la série Les belles heures de l’Université de Montréal et diffusé par vidéoconférence par le centre culturel Le Jubé de Saint-Léandre, près de Matane. Les critiques en étaient remarquablement élogieuses.

McNicoll avait été élu à la Royal Society of British Artists en 1913, puis à l’Académie royale des du Canada l’année suivante. Ses œuvres ont souvent été exposées à Montréal.

Après sa mort prématurée des suites de complications liées au diabète à l’âge de 35 ans, le nom d’Helen McNicoll est tombé aux oubliettes dans les livres d’art. Il faudra attendre plus d’un demi-siècle avant que certaines femmes, stimulées par la montée du mouvement féministe, s’intéressent à elle.

« Plusieurs historiens de l’art vont commencer à écrire sur les artistes féminines impressionnistes », précise Anne-Marie Bouchard. Les femmes peignaient principalement des scènes d’intérieur parce que c’était ce qu’elles connaissaient, tandis que leurs homologues masculins représentaient la vie à l’extérieur, y compris les rues et les bars.

Son enfance

Née à Toronto le 14 décembre 1879, Helen McNicoll était l’aînée de David McNicoll et Emily Pashley, deux immigrants britanniques qui se sont brièvement installés à Toronto. Son père, un employé du Canadien Pacifique, a été envoyé à Montréal pour y travailler. La famille McNicoll déménage à Westmount.

Helen est devenue sourde à l’âge de 2 ans à cause de la scarlatine. Comme sa famille est riche, elle a la chance de pouvoir suivre des cours de dessin à la maison, car à cause de sa surdité, elle ne peut pas aller à l’école.

Comme elle lit sur les lèvres, elle a droit à toutes sortes de cours particuliers à domicile dans des domaines variés. Selon Anne-Marie Bouchard, son album souvenir, qui existe toujours, illustre sa curiosité pour les arts visuels.

Études

En 1899, McNicoll commence à étudier à l’Art Association of Montreal. «C’était un environnement assez dynamique», décrit celle qui a été conservatrice de l’art moderne pendant les 10 dernières années au Musée national des beaux-arts de Québec. Il était particulièrement populaire auprès de la population anglophone, qui disposait de plus de moyens financiers que la population francophone.

À l’Association des arts de Montréal, elle devient l’élève de William Brymner. «Je crois que Brymner a reconnu son talent et c’est pourquoi il l’a encouragé à étudier en Europe», explique Mme Bouchard. Helen McNicoll n’avait pas à s’inquiéter de ce qu’elle allait vivre.

« Ses parents l’ont encouragée et, à cause de sa surdité, elle était limitée dans certaines choses. »

C’est en 1902 qu’elle part étudier à la Slade School of Fine Art, rattachée à l’University College London, qui forme des femmes artistes à peindre notamment des modèles nus.

“Je pense qu’elle a choisi la Grande-Bretagne plutôt que la car, comme elle lisait sur les lèvres et que l’anglais était une langue qu’elle maîtrisait, c’était plus facile pour elle”, estime la spécialiste. de la culture visuelle et artistique des années 1850 à 1950.

C’est en Cornouailles, où elle part étudier à la Cornish School of Landscape, Figure and Sea Painting de St Ives, que McNicoll intègre davantage de luminosité dans ses œuvres.

«Elle parvient à donner une luminosité particulière à ses scènes», explique Mme Bouchard.

Son professeur, Algernon Talmage, a eu une grande influence sur elle, selon le professeur de muséologie de l’Université Laval.

« Elle a l’envie d’utiliser la peinture pour donner ses impressions. Elle illustre le monde tel qu’elle le voit.

— Anne-Marie Bouchard, conservatrice d’art

Rencontre avec Dorothea Sharp

C’est à St Ives qu’Helen McNicoll rencontre Dorothea Sharp, qui était déjà une artiste confirmée. Les deux femmes voyagent beaucoup ensemble. Ils vivront ensuite ensemble jusqu’à la mort de McNicoll.

« Ils installent souvent leurs chevalets côte à côte et produisent des styles comparables avec des points de vue différents sur le même sujet et des palettes de couleurs différentes. C’est fascinant de voir comment on se sent dans la scène, les postures sont tellement naturelles !

Les sujets ruraux étaient populaires à cette époque. McNicoll ne fait pas exception. Elle peint notamment Champs de chaume. « Il y avait une certaine noblesse du travail rural », observe Anne-Marie Bouchard. Ce n’était pas de la sentimentalité. On ressent le travail des sujets, dont beaucoup étaient des femmes.

De plus, comme McNicoll a la chance de pouvoir voyager sur des navires transatlantiques, cela lui permet d’avoir accès à plusieurs physionomies. C’est ainsi qu’elle réalise de nombreux croquis de personnages.

Œuvres les plus uniques de sa carrière

Elle passe l’hiver 1909-1910 à Montréal, où « elle réalise les œuvres les plus singulières de sa carrière », selon Mme Bouchard. Elle illustre notamment une tempête de neige sur la rue Sherbrooke, avec tout le brouillard et le flou que cela représente.

« Cela signifiait travailler différemment. Elle travaille les feuilles des arbres avec de la neige de la même manière qu’elle le fait avec les feuilles vertes. Ses œuvres hivernales au Québec sont des ovnis par rapport à ce qu’elle avait l’habitude de peindre !

Œuvres les plus connues

Les dates des œuvres de McNicoll sont extrêmement complexes, de l’avis de l’historien de l’art. « Ses œuvres ne sont pas datées. On se retrouve avec environ [une date approximative].»

Sur toile A l’ombre de l’arbrepeinte vers 1915, est l’une de ses œuvres les plus connues. Il est également exposé au Musée National des Beaux-Arts.

Sa peinture La basse-courréalisée vers 1908, est l’une de ses premières œuvres acquises au Canada. Il appartient au Musée du Nouveau-Brunswick, situé à Saint John.

Un autre de ses tableaux les plus connus est Septembre ensoleilléqui date d’environ 1913. « C’est un chef-d’œuvre en termes de luminosité », dit l’orateur. Il a été très apprécié par la critique. »

 
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