Qui se cache derrière les cœurs ailés qui fleurissent sur les murs bretons ?

A Erquy (22), sur la plage, sur les remparts de Saint-Malo (35), sur un immeuble désaffecté à Locmariaquer (56), en centre-ville de Rennes, sur des panneaux briochin, au port de Dinan… Il y a des centaines d’entre eux. Aux quatre coins de la Bretagne, dans des formats plus ou moins grands, des modèles plus ou moins colorés, le meilleur ami de l’artiste TataBzh apparaît ici et là, le bout de son petit cœur.

Le graffeur amateur, néanmoins passionné, aime distiller l’amour partout où il pose ses marqueurs, le partager avec les passants. Une activité autodidacte que ce quinquagénaire rennais pratique, pour le plaisir, depuis seulement trois ans environ.

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Une des créations de TataBzh à Locmariaquer, où il est né. (TataBzh)

«Ils faisaient la grimace»

Né à Locmariaquer (56), il y a 50 ans, Erwan (son vrai prénom !) a vécu une partie de sa jeunesse à Fougères (35) avant de s’installer à Rennes où il vit toujours. Et absolument rien ne prédestinait cet étudiant en école de commerce parisienne à se lancer dans le street art. Sauf que, dans les années 90, dans sa classe, beaucoup s’intéressaient aux débuts du genre. « Plusieurs élèves de ma classe, équipés de gros feutres, allaient, la nuit, dans le métro et dans les rues de la capitale, et, comme ils disaient à l’époque, ils enfilaient leurs blas’. Je venais de Fougères, c’était nouveau pour moi, mais ça m’a beaucoup plu », raconte l’artiste.

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TataBzh left its signature on the port of Dinan (22). (Le Télégramme/Valérie Le Moigne)

L’amour déplace les montagnes !

Il y est resté plusieurs années. L’étudiant est devenu représentant pharmaceutique et père de deux enfants. Pourtant, depuis quatre ans maintenant, l’envie de dessiner est revenue. « J’ai vu des œuvres de street art et je me suis dit pourquoi pas moi ? Je voulais créer quelque chose pour rendre les murs de la ville plus jolis, en délivrant un beau message. »

Ah, l’amour déplace des montagnes, n’est-ce pas ? Erwan imagine quelques dessins avant de donner vie à ce cœur ailé qui deviendra la signature et la marque de TataBzh. Si Bzh se comprend facilement, pourquoi Tata ? Car c’est le surnom donné, depuis des années, par son groupe d’amis. Alors qu’ils étaient ensemble, un jour, une petite fille dans la rue s’est trompée et lui a tiré une balle dans la jambe, pensant que c’était sa tante. La petite fille a retrouvé le vrai et le surnom est resté pour Erwan.

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De l’Amour, vu par TataBzh. (TataBzh)

À la vie, à la mort

Maintenant, là où va TataBzh, l’amour a des ailes. Et les témoignages qui reviennent du graffeur en sont la preuve. « Il y a quelques temps, j’ai été contactée par une maman qui a perdu son fils dans un accident de moto à Belle-Ile-en-Mer (56). Elle a vu mes « tatas » et m’a demandé d’en réaliser une à installer sur les lieux du drame. J’ai été très touché par cette femme. Une autre dame m’a expliqué qu’elle avait utilisé mon dessin, vu sur le port de Dinan, pour ses faire-part de mariage. » La vie, la mort… L’amour de TataBzh transcende les instants de l’existence.

Les ailes de l’amour

Moins drôle est cette expérience qu’il a vécue, tout récemment, dans une ville côtière, non loin de Dinan. Alors qu’il créait un petit graffiti au dos d’un panneau routier, il a été verbalisé par la police municipale. Malgré la suppression immédiate de la création illustrée, le maire a porté plainte et TataBzh a été condamné à 30 heures de travaux d’intérêt général, qu’il a effectués aux Restos du Cœur. Car avant tout, c’est ça le cœur, rien que le cœur que TataBzh veut faire palpiter chez ceux qui découvrent ses ailes d’amour.

 
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