l’Atelier présente l’un des plus grands chefs-d’œuvre du XXe siècle – .

l’Atelier présente l’un des plus grands chefs-d’œuvre du XXe siècle – .
Descriptive text here

sang, rouge vie, rouge vénitien, rouge mystère. C’est l’un des tableaux les plus surprenants de Matisse et du XXe siècle. Ce rouge qui recouvre tout, mais laisse apparaître les contours d’une commode ou d’un fauteuil, six meubles au total, ainsi que divers petits objets et onze tableaux aux murs reproduits à l’échelle de la pièce. Ni une œuvre véritablement figurative, ni une peinture complètement abstraite. « L’Atelier rouge », un plan de travail, un projet de vie.

En 1911, Henri Matisse, 41 ans, marié et père de trois enfants, sort enfin d’une relative pauvreté, grâce au collectionneur russe Sergueï Chtchoukine avec qui il entretient un partenariat solide. Il fait construire pour la première fois un véritable atelier sur mesure à Issy-les-Moulineaux, et le peint. En symbole de sa nouvelle fondation. C’était une commande de son riche patron.

Matisse lui propose le même prix que son précédent ouvrage, « L’Atelier rose », plus réaliste, à 10 000 francs. Zéro. Niet! Le Russe refuse la toile. Le peintre avait deviné ses craintes, lui écrivant cette phrase étrange : « Vous ai-je dit que le tableau représentait mon atelier ? » Ce n’était donc pas évident.

Un autre tableau sous le tableau

Ce n’est qu’au dernier moment que Matisse, jusqu’alors fidèle aux scènes très figuratives, affiche ce rouge qui change tout. Lui-même semble surpris par son geste. L’exposition présentée par la Fondation Louis Vuitton (Paris 16ème) est née d’une révélation : il y a quelques années, les restaurateurs du Museum of Modern Art de New York, à l’occasion d’un changement de décor, ont découvert que d’autres couleurs, du rose, du bleu, de l’ocre, avaient d’abord été peints sur toute la surface, jusqu’au bord. Un autre tableau sous le tableau.

Ces couleurs réalistes étaient celles de l’atelier. « Il n’était pas prévu qu’elle soit rouge », explique l’un des quatre responsables de cette restauration, dans un court métrage de l’exposition. Matisse a laissé reposer sa peinture initiale pendant plus d’un mois, puis l’a reprise et a appliqué la couleur « presque d’un seul coup ».

« L’Atelier rouge », acheté par le MoMA de New York en 1949, suscite une vénération parmi les peintres abstraits américains, comme Mark Rothko. L’exposition rassemble pour la première fois ce chef-d’œuvre et les onze tableaux alors accrochés en atelier et qui apparaissent sur la toile. L’effet est saisissant.

Du néo-impressionnisme au fauvisme

Différentes périodes de l’artiste sont représentées, du néo-impressionnisme au fauvisme. Des œuvres rares, réunies par l’American Museum et la Galerie nationale du Danemark à Copenhague, à l’origine de cette exposition qui visite les trois pays.

D’autres tableaux montrent des dominantes de rouges ou de bleus qui, à des degrés divers, font basculer le sujet figuratif, une pièce ou un modèle nu, dans un flux coloré.

Une dominante rouge ou bleue déplace le sujet figuratif, une pièce ou un modèle nu, dans un flux coloré. AFP/Dimitar Dilkoff

Cette exposition raconte une histoire aux tiroirs interminables : l’un des tableaux reproduits a été détruit par son auteur, sans explication. Il n’y en a pas toujours un. Matisse a eu un éclair. Le rouge reviendra, mais cette percée n’est pas suivie d’un glissement vers l’abstraction. Il avait tout à fait raison.

On plaisante : l’exposition voisine, qui fait écho à la Fondation, célèbre Ellsworth Kelly, décédé en 2015, artiste américain très influencé par Matisse, et qui, sous l’influence de son maître, bascule dans une abstraction géométrique colorée. C’est carré, mais moins complexe. Désolé, mais les questions de Matisse valent mieux que les réponses de Kelly. L’un travaille en profondeur, l’autre en surface.

« Matisse : L’Atelier Rouge », Fondation Louis Vuitton (Paris 16e), de 11h à 20h les lundis, mercredis, jeudis ; 21h vendredi ; de 10h à 20h les samedis et dimanches ; fermé le mardi. 10-16 euros, du 4 mai au 9 septembre.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV le photographe Yann Arthus-Bertrand veut « mettre des visages sur les statistiques de l’Insee »
NEXT quand le street art fait vibrer les murs de Rabat