A la Villa Médicis, en Italie, l’art brut s’expose en majesté

A la Villa Médicis, en Italie, l’art brut s’expose en majesté
A la Villa Médicis, en Italie, l’art brut s’expose en majesté
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« Chez Jennie Richie – et forcez-le à les faire passer à travers les lignes ennemies… » (entre 1950 et 1960), de Henry Darger, collages, gouache, mine de plomb et encre sur papier – verso. COLLECTION BRUNO DÉCHARME

« Vous remarquerez que les petites filles nues dessinées par Henry Darger ont des frissons. Tout simplement parce qu’il ne les avait jamais vus autrement que habillés, et qu’il les trouvait faits comme des petits garçons. Cela devrait suffire à mettre un terme aux polémiques autour de ses prétendues obsessions sexuelles… » Désarmant, Bruno Decharme : en trois phrases, il recadre son auditoire. L’art brut, dont il est l’un des plus importants collectionneurs au monde, n’est pas comme les autres.

Lire le portrait (en 2021) : Article réservé à nos abonnés La collection de Bruno Decarme, un trésor d’art brut

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Pourtant, il l’introduit au milieu d’un temple, comme on place le loup dans le bercail : à l’Académie française de Rome, la Villa Médicis, avec une exposition intitulée «Épopées célestes», 180 œuvres (il en a accumulé plusieurs milliers, dont 961 ont été reversés en 2021 au Centre Pompidou). Et, tout en étant réticent – ​​à juste titre – à définir l’art brut, il tente néanmoins un classement dans son exposition et le catalogue qui l’accompagne : « Journaux du monde » ; « Anarchitectures » ; « Rencontres avec des fantômes » ; « Hétérotopies scientifiques » ; « « Je » est un autre » ; « Cartes mentales » sont les six sections d’une exposition dont l’accrochage ne devait pas être simple, placé dans l’escalier latéral de la villa, conçu pour être monté à cheval…

L’art brut est-il devenu académique ? Lorsqu’il la définit vers 1945, Jean Dubuffet (1901-1985), l’un des premiers à la promouvoir, dit qu’elle désigne la création de personnes marginalisées. « libre de toute culture ». La collection Decarme est plus complexe. Parmi eux, on compte par exemple un ingénieur des Ponts et Chaussées (Jean Perdrizet, 1907-1975), un universitaire (le biologiste Eugène Gabritschevsky, 1893-1979), un officier de marine membre de l’Académie des Sciences (Gustave Pierre Marie Le Goarant de Tromelin , 1850-1920), ou encore un dessinateur et graveur académique (Fernand Desmoulin, 1853-1914), qui vécut pendant deux ans une crise mystique avant de retourner sagement à sa production de salon.

Dessiner sous influence

Ce qui unit la plupart d’entre eux, c’est ce dernier point. Paysans analphabètes ou fils de famille, ils avaient souvent des expériences spiritualistes, se considéraient comme des visionnaires ou puisaient sous l’emprise, les uns de rêves, d’autres d’apparitions, les plus heureuses inspirées par les anges (Augustin Lesage, 1876-1954, ajoutant la présence utile de Léonard Da Vinci et un artiste anonyme de l’Egypte ancienne). De nombreuses personnes ont été internées pour cela. Certains étaient des psychopathes confirmés, la schizophrénie étant le cas le plus courant. D’autres de ceux qui étaient autrefois appelés “simple”ou« idiot du village », et qui étaient parfaitement intégrés à la vie communautaire. Sauf que chacun avait son jardin secret : le dessin, pour la plupart, et plus rarement, mais de façon spectaculaire, la photographie.

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