Rishi Seeruttun a toujours des jeans si mauvais

Rishi Seeruttun a toujours des jeans si mauvais
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Éclaboussures de peinture, brûlures acides. Quand ce n’est pas réellement le feu qui agit sur la matière. Le jean sous toutes ses formes. Ce textile représente à la fois la recherche au long cours et le soutien de l’expressivité débridée de Rishi Seeruttun. L’artiste expose la série Wounds à The Basement, au Caudan Arts Centre, jusqu’au 1er mai.
Une plaie béante en relief sur la toile. Très sanglant et n’ayant épargné ni le jean ni la peau. Plus loin, dans un autre tableau, la vilaine blessure attire les mouches de manière si réaliste qu’il faut se forcer pour ne pas les chasser. Ces mouches ont été produites par impression directe sur film (impression DTF). Une qualité visuelle que l’artiste a voulu introduire dans le monde des brutes qu’il représente car elle « ne restez pas statique ». Ces blessures sont « un reflet de ce qui se passe à la fois dans ma vie et dans le monde. C’est ma façon d’exorciser mes démons. Je mets tout dans la peinture, puis c’est fini”, reconnaît l’artiste. L’art de l’autodestruction (c’est aussi le titre d’un des tableaux) poussé très loin.

Désagréments, problèmes de santé et autres soucis du quotidien, c’est avec énergie que Rishi Seeruttun les transforme en tableaux. “Quand une œuvre est terminée, je n’ai plus aucun intérêt pour cette œuvre.” Dans la mesure où il y met tant de lui-même, l’art du jean torturé est une pratique minutieuse, contrôlée et active. « Il y a des étudiants qui viennent me voir en apprentissage parce qu’ils veulent apprendre cette technique. Sauf qu’il m’a fallu des années pour le maîtriser. Je ne peux pas le partager en 30 minutes. Certaines personnes ont collé des jeans sur une planche et l’ont brûlée. Tout a brûlé. Alors qu’il y a tout un processus de cuisson. Je ne donne pas la recette car les jeunes artistes ont besoin de travailler et de développer leur propre technique.

Ne vous laissez pas attendrir par certaines créations proposées « esthétiquement joli. L’histoire derrière tout cela est difficile », prévient l’artiste. Un cœur rouge dans Rescue Me envoie son SOS à toute personne prête à lancer une bouée de sauvetage. Ce qui saute aux yeux, ce sont les couleurs, les aplats, les dégradés, les combinaisons, tous très distincts les uns des autres. Les couleurs sont utilisées pour délimiter les espaces au sein d’une œuvre par souci d’équilibre et de cohérence. Un ciel bleu par opposition à une pourriture croissante. Par endroits, le textile revient à l’état de fils emmêlés, à la manière des nœuds de nos vipères.

Nouvelle étape dans cette recherche artistique : les ambiances passent du rectangulaire au circulaire. J’ai rencontré Dan Serk. Un cercle qui fait référence à l’infini. A “le halo”au “réincarnation”, explique l’artiste. Une forme et une taille qui, avec son jean effet seconde peau, fait penser à un Ravan. Pas besoin de le frapper pour le faire sonner. Il suffit de le toucher des yeux pour ressentir les vibrations – les crises – de l’artiste. Celui qui préfère “ceux qui désobéissent” aux autres.

Dans cet univers circulaire, isolé, où il existe un risque d’étouffement tant la souffrance personnelle de l’artiste est intense, l’espoir n’est jamais absent. « Il y a souvent des portes dans mes tableaux. » Des rectangles blancs, des sanctuaires préservés de tout incendie. Des espaces qui se transforment au fil des séries de peintures en labyrinthes.

Autre évolution dans la recherche stylistique basée sur le jeans que Rishi Seeruttun pratique depuis son premier solo en 2006 : les sculptures en laiton qui sont intégrées au tableau. Comme cette pomme croquée puis abandonnée. Regardez ce qu’ils ont laissé après leur départ. Que nous reste-t-il ? Vaste questionnement sur ce qui reste après la déforestation, la fonte des glaces, les conflits armés, etc.

Rishi Seeruttun, fort de son expérience de designer textile, a choisi une matière – le denim – qui transcende toutes les divisions. De l’âge au milieu social, le jean est partout. Le matériau dans lequel il sculpte ses tableaux lui est tantôt offert, tantôt acheté. “Plus c’est sale et usé, mieux c’est.”

 
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