Pour de nombreuses entreprises, la période des vacances est une période clé de l’année pour remplir les caisses. Cependant, avec la hausse des prix des matières premières et l’inflation qui touche la clientèle manitobaine, les préparations deviennent un véritable casse-tête pour les artisans. Ils doivent trouver des solutions pour réduire leurs coûts et proposer des produits abordables.
Levés bien avant l’aube, les trois pâtissiers de la boulangerie Gatô s’affairent derrière les fours.
En quelques heures, ils doivent préparer des centaines de pâtisseries qui orneront les tables de fête des Winnipegois.
Comme dans de nombreuses boutiques, cette période des fêtes a été soigneusement planifiée des mois à l’avance en magasin.
Laura Gurbhoo, la propriétaire de la boulangerie Gatô et sa sœur Alexandra Gurbhoo, attachent une grande importance aux quantités prévues pour la période des fêtes pour éviter le gaspillage.
Photo : - / Trevor Lyons
Mais cette année, les préparatifs sont plus compliqués. Les pâtissiers doivent jongler entre le coût élevé des ingrédients et les budgets serrés de leurs clients, durement touchés par l’inflation.
On essaye de s’adapter, mais on a besoin de chocolat pour Noël, on n’y peut rien,
explique Laura Gurbhoo, propriétaire de la boulangerie Gatô.
Je pense que les clients auront moins de budget pour le dessert.
Quant à la chocolaterie Decadence, la situation est encore plus difficile : le prix du cacao atteint des sommets. Selon Bernard Callebaut, chocolatier chez Master Chocolat, le cacao se négocie actuellement à un prix plus de trois fois supérieur à celui de février de l’année dernière.
Mon plus grand défi est le coût. Tout a augmenté, surtout le chocolat
explique Helen Staines, chocolatière et propriétaire de Decadence Chocolates.
Il est pourtant crucial pour Helen Staines, propriétaire de la chocolaterie, que les ventes de décembre soient bonnes. Noël est notre plus grande saison. C’est très important, car cela nous donne un élan pour le reste de l’année,
explique-t-elle.
Un équilibre délicat pour ces entrepreneurs
Pour éviter d’augmenter leurs prix, les artisans doivent adopter des stratégies pour réduire leurs coûts. Helen Staines se concentre particulièrement sur l’efficacité de son équipe.
Elle développe également de nouvelles recettes utilisant des ingrédients moins chers, comme des pâtes de fruits. Cela influence mes choix lorsqu’il s’agit de décider quoi mettre dans les paniers-cadeaux,
ajoute-t-elle.
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Helen Staines, propriétaire de Decadence Chocolates, estime qu’elle passe encore de bonnes fêtes de fin d’année car elle a des clients très fidèles.
Photo : - / Juliette Straet
Toutefois, le chocolatier dispose de peu de marge de manœuvre. Nous restons une chocolaterie, la majorité de notre production doit donc être à base de chocolat,
explique-t-elle.
De son côté, la propriétaire de la boulangerie Gatô, Laura Gurbhoo, a choisi la sobriété cette année. Nous proposons une carte plus limitée, avec des produits dont nous pouvons mieux contrôler le coût,
déclare-t-elle. Elle a notamment créé des biscuits de Noël vegan, un classique à la fois abordable et original.
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Contrairement aux années précédentes, l’équipe de la boulangerie Gatô a décidé de réaliser des biscuits de Noël pour les fêtes.
Photo : Soumis par Laura Gurbhoo
Nous voulons être là pour nos clients, mais cela demande vraiment beaucoup d’efforts pour une semaine seulement,
explique Laura Gurbhoo. La pâtissière souligne qu’elle comprend la situation difficile de ses clients, car elle la vit aussi au quotidien.
Toutefois, baisser ses prix n’est pas une option envisageable, car cela aurait un impact direct sur ses salariés. Je ne veux pas que mes salariés soient confrontés à une situation où ils subissent une inflation sans que leurs salaires ne soient ajustés,
insiste-t-elle.
De son côté, le maître chocolatier Bernard Callebaut, de Calgary, qui approvisionne plusieurs magasins en Alberta et au Manitoba, dont Chocolats sur Academy Road à Winnipeg, a dû prendre des mesures pour lutter contre l’inflation. Cette année, il a été contraint d’augmenter les prix de certains produits de 15 à 30 pour cent.
Je fais du chocolat depuis 41 ans et j’ai une réputation à défendre.
Pour maintenir ses recettes et continuer à produire des chocolats de qualité, Bernard Callebaut n’avait pas d’autre choix. Nous avons ajusté les prix, mais bien sûr nous restons très prudents, car il y a un moment où les consommateurs rencontrent un blocage psychologique,
il explique.
Il souligne néanmoins que ses clients ont été très compréhensifs face à cette hausse de prix qui, jusqu’à présent, n’a pas affecté son chiffre d’affaires. Les consommateurs considèrent que cela reste un luxe abordable,
ajoute-t-il, tout en reconnaissant que ce raisonnement peut paraître contre-intuitif.