C’est en français que le journal quotidien s’adresse Gisèle Pelicot, à la Une de son édition du jour du verdict du procès dit pour viol de Mazan. “Merci”, écrit le journal de gauche berlinois, qui affiche également un poing violet levé, symbole féministe. Pour les médias, l’action en justice lancée par la septuagénaire contre son ex-mari et 50 autres hommes est l’une des plus importantes de ces dernières années. “Gisèle Pelicot est entrée dans l’histoire parce qu’elle a eu le courage de dénoncer publiquement les crimes effroyables [dont elle a été victime].»
Le principal accusé, Dominique Pelicot, a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle, assortis d’une période de sûreté aux deux tiers. Il hérite de la peine maximale qui lui a été imposée, notamment pour avoir violé et mis sous sédatif son ex-femme à plusieurs reprises sur une période de dix ans, et pour l’avoir livrée à des dizaines d’hommes dont il a filmé les viols. Les 50 autres prévenus ont également été reconnus coupables de viol, d’agressions ou d’agressions sexuelles, à des peines inférieures aux peines requises – allant de trois ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis, à treize ans d’emprisonnement.
Mais pour le titre allemand, « quelle que soit l’issue du procès ». A ses yeux, Gisèle Pelicot avait quoi qu’il arrive “déjà gagné” en changeant le regard de la société française sur les violences sexuelles.
Un procès historique
Dans un long article, le quotidien revient sur ce procès qui a fait couler tant d’encre, y compris à l’étranger. Il raconte l’attitude des accusés au tribunal, les vidéos insupportables des viols diffusées au tribunal, les applaudissements de soutien à Gisèle Pelicot à l’extérieur de la salle d’audience, son attitude calme et digne. Mais il insiste aussi sur le caractère historique de l’affaire Mazan.
“L’affaire Pélicot pourrait conduire à un changement dans la définition du viol en droit français, il se souvient. L’absence de consentement des victimes pourrait devenir un critère [pour caractériser juridiquement un viol].» Une notion actuellement absente du Code pénal.
Pour le journal quotidien, ce procès a “a ouvert les yeux de nombreuses personnes” dans un pays où 94 % des affaires de viol portées devant les tribunaux sont classées sans suite – bien souvent faute de preuves. “Selon une étude, 80% des Français considèrent qu’il faut réfléchir à la manière dont la société gère les cas de violences sexuelles”, explique le journal de gauche. Le signe, peut-être, que “Les débats au tribunal d’Avignon ont fait réfléchir les Français”. Pour cela, il faut aborder “un immense merci” c’est Gisèle Pélicot.