le casse-tête des maires face aux économies imposées par le gouvernement

le casse-tête des maires face aux économies imposées par le gouvernement
le casse-tête des maires face aux économies imposées par le gouvernement

Les élus locaux, inquiets des conséquences des efforts budgétaires sur la vie de leurs communes, prévoient de manifester mardi lors de l’ouverture du Congrès des maires de à Paris.

La police municipale est-elle aussi importante que les garderies ou les écoles ? C’est à cette question impossible à laquelle tente de répondre le maire de Talence (Gironde). En raison des économies imposées par le gouvernement aux collectivités locales, Emmanuel Sallaberry devra trouver 2 millions d’euros d’économies pour construire son budget 2025. Soit l’équivalent du montant annuel consacré à la police municipale ou aux cantines de sa ville. Mais pour cet élu centriste, impossible de se priver de ses policiers municipaux et encore moins de couper dans les dépenses scolaires.

“Je ne sais pas où trouver de telles sommes en si peu de temps.”

Emmanuel Sallaberry, maire de Talence

sur franceinfo

Comme beaucoup de ses confrères, le maire de cette ville de 45 000 habitants située en périphérie bordelaise se mobilisera mardi 19 novembre, à l’ouverture du Congrès des maires de France à Paris. “Folie”, « Une cure d’austérité jamais vue auparavant »… Emmanuel Sallaberry n’a pas de mots assez forts pour exprimer sa colère face aux économies – estimées à 5 milliards d’euros par l’Etat – exigées par le gouvernement sur le fonctionnement des 450 plus grandes collectivités locales. Une décision qu’il juge “injuste”.

En attendant l’adoption du prochain budget, qui devrait “probablement” se fera par un 49,3 selon le Premier ministre Michel Barnier, Emmanuel Sallaberry “des pistes préparées et toutes ont fait mal”. L’élu centriste évoque un « gel des embauches » et parle de projets d’investissement qui devront être “reporté”. Pour trouver de l’argent, le maire de Talence a plusieurs options : réduire ses dépenses, ralentir les investissements (rénovation d’une école, travaux de voirie…), augmenter ses recettes (augmentation du prix de la piscine, augmenter les taxes locales… ) ou même emprunter de l’argent. Et chacun a ses lignes rouges. Pour Emmanuel Sallaberry, il n’est pas question de toucher à la taxe foncière et il étudie plutôt les moyens de freiner les dépenses de sa ville.

« Pour l’instant, nous disons aux associations de ne pas engager de dépenses, mais nous savons que le sport et la culture seront les premiers à boire, alors qu’il y a quelques semaines encore, nous parlions de l’héritage des Jeux olympiques. “

Emmanuel Sallaberry, maire de Talence

sur franceinfo

A l’autre bout de la France, à Verdun, dans la Meuse, Samuel Hazard refuse de toucher au tissu associatif. « Je peux comprendre des collègues qui n’ont pas le choix, mais je ne réduirai pas les aides et subventions aux associations culturelles, sportives et sociales. C’est ce qui fonde notre République et contribue au bien-vivre – ensemble. »explique le maire socialiste et président de l’agglomération, qui reportera sûrement certains grands projets si le gouvernement n’assouplit pas son approche. Parmi eux : la rénovation d’une école, le resurfaçage d’un terrain de football ou encore le réaménagement d’une partie de son centre-ville. « Je vais geler tous les recrutements et il y aura des départs à la retraite non renouvelés »regrette aussi Samuel Hazard, dont la ville emploie 373 fonctionnaires.

Même cas à La Rochelle, où le maire socialiste Jean-François Fountaine ne remplacera pas quelques départs à la retraite. Il a estimé les économies à réaliser à 4,5 millions d’euros pour sa ville de 80 000 habitants et un peu moins (3,8 millions) pour l’agglomération qu’il préside. Là aussi, les élus sortent la calculatrice. « Nous n’allons pas arrêter les projets en cours, mais là où nous avons lancé des appels d’offres, nous allons reporter voire annuler des projets »assure le maire, qui ne touchera pas aux questions éducatives et sociales. “Tout le reste sera remis en question : la politique sportive et culturelle, l’environnement.” Pour alerter des conséquences du projet de loi de finances 2025 sur sa commune, le maire a installé une grande banderole sur sa mairie. « La fin du soutien à toutes nos associations ou la fin du financement de nos cantines scolaires ? Trouvez-vous cela inacceptable ? Nous aussi ! est-ce écrit sur la grande bâche.

D’autres élus ont opté pour des idées plus insolites. Le maire de Bron, près de Lyon, a décidé d’annuler la cérémonie des vœux 2025. « Il est important que les élus donnent l’exemple alors qu’un effort supplémentaire est demandé à tous les Français »explains Jérémie Bréaud (Les Républicains) in Progrès. Le président du conseil départemental de la Haute-Marne, Nicolas Lacroix, a envisagé de mettre en vente certains immeubles mis à disposition de l’Etat, rapporte Le mondetandis que Samuel Hazard a lancé un appel général à la démission des élus locaux. Une manière de créer un choc électrique, selon lui. « Quand on écrit au président de la République, on n’obtient aucune réponse. Il ne s’agit pas de démissionner seul, mais de créer un rapport de force.»explique Samuel Hazard.

« Si nous travaillons moins, qui criera ? Ce sont les citoyens, et ils attaqueront les maires.»

Samuel Hazard, maire de Verdun

sur franceinfo

Le maire de Verdun en veut plus « décentralisation et autonomie » et moins que « verticalité macroniste ». « Quand on doit dire non à une association qui attend depuis deux ans un financement de 30 000 euros, les gens ne sont pas contents. Et c’est pareil pour l’habitant qui attend que sa rue soit rénovée »explique Jean-François Debat, maire socialiste de Bourg-en-Bresse (Ain). Il s’apprête à augmenter la dette de sa ville pour absorber “le choc”. Pour le reste, il “passera au crible toutes les dépenses” et des craintes de revoir l’ambition de certains événements.

« Nous allons nous contenter de restes et nous serons obligés d’emprunter davantage. Nous investirons moins, tout en étant plus endettés qu’avant.

Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse

sur franceinfo

Alors que les collectivités locales représentent 58 % des investissements publics en France selon l’Inspection générale des finances, certains maires s’inquiètent des conséquences d’un ralentissement de leurs investissements. « Il y aura une baisse des marchés publics »inquiète Samuel Hazard, tandis que Jean-François Fountaine craint de nouveaux « licenciements ».

La secrétaire générale de l’Association des maires de France (AMF), Murielle Fabre, regrette que le gouvernement « impose une mauvaise gestion aux communautés » comptes publics. « Nous travaillons à l’euro près et nous serons à la limite l’année prochaine » s’inquiète le maire de Lampertheim (Bas-Rhin) près de Strasbourg. « Mais la difficulté va au-delà de 2025 : nous arrivons à la fin d’un mandat extrêmement fatiguant et fatiguant où les communautés sont de plus en plus entravées alors que les citoyens ont besoin de quelque chose de concret et veulent que nous agissions. Exaspéré par les coupes budgétaires, le président de l’AMF, David Lisnard (LR), a promis que le Congrès des maires risquait d’être celui “colère”. Et que les élus pourraient être « les prochains ‘gilets jaunes’ ».

 
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