Amoureuse des arbres, elle doit néanmoins les faire abattre

Amoureuse des arbres, elle doit néanmoins les faire abattre
Amoureuse des arbres, elle doit néanmoins les faire abattre

Gaël Müller Heyraud, chef du service environnement, énergie, parcs et forêts à Neuchâtel, est émue chaque fois qu’elle doit prendre la décision d’abattre un arbre. Elle a même soutenu, avec son équipe d’arboristes-grimpeurs, une opération de sauvetage à grande échelle d’un cyprès chauve dans le cadre du projet Jeunes-Rives.

Gael Mueller Heyraud, chef du Service de l’Environnement, des Parcs, des Forêts et des Domaines de la ville de Neuchâtel pose devant le cyprès chauve des Jeunes-Rives le vendredi 11 octobre 2024 à Neuchâtel. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)

CLÉ DE VOÛTE

“Mais tu aimes les arbres.” Cette phrase des conseillers généraux lors d’une visite a choqué Gaël Müller Heyraud. L’architecte paysagiste municipal, en poste depuis fin 2021, les aime tellement que son équipe d’arboristes lui a donné l’opportunité de grimper au sommet d’un séquoia. “C’était tellement magique que j’étais sur un petit nuage pendant deux semaines.”

“Si nous abattons un arbre, c’est uniquement pour des raisons de santé et de sécurité et nous n’avons plus d’autre alternative”, a déclaré Gaël Müller Heyraud dans un entretien à Keystone-ATS. “Nous avons une lourde responsabilité dans une zone urbaine où la sécurité est essentielle”, a-t-elle ajouté. « Je dors mal à chaque fois qu’il y a du vent fort, de peur qu’un arbre ne tombe. »

Le projet des Jeunes-Rives a été particulièrement difficile. « Les salariés ont même été insultés lorsque des arbres ont dû être abattus dans le cadre du projet et pour des raisons de santé. Cela nous a aussi été un choc d’abattre les saules pleureurs qui faisaient partie du paysage au bord de notre lac, mais ils étaient malades, envahis par un champignon lignivore, le phellin, qui affaiblissait leur développement.

L’abattage de 61 platanes remis en cause

Pour certains séquoias des Jeunes-Rives, une protection spécifique des racines (matelas de sol) a été réalisée et le bâtiment du futur restaurant a même été déplacé d’un mètre. Au final, 28 arbres ont dû être abattus à cause du projet et 14 pour des raisons sanitaires. La Ville replantera tous les arbres abattus, ainsi que 80 qui proviennent des compensations liées à l’Expo.02, soit une centaine d’arbres.

Quant à l’abattage des 61 platanes du parking des Jeunes-Rives, « il est désormais remis en question. Nous privilégions une transition à long terme avec un remplacement progressif de ces arbres », explique Gaël Müller Heyraud.

Dans le cadre de ce projet, l’architecte paysagiste et son équipe ont choisi de déplacer un cyprès chauve, seul individu de son espèce sur le domaine public municipal, âgé d’une trentaine d’années. Sa valeur d’indemnisation était estimée à 25’000 francs. Une greffe ayant coûté 25’000 francs, il a été décidé de la déplacer d’une dizaine de mètres en prenant toutes les mesures nécessaires pour assurer son transfert.

« Cette opération nous a demandé plusieurs mois de préparation. Le grand jour, la grue finalement choisie pour soulever le cyprès chauve a permis son transfert et il possède désormais de nouvelles radicelles. L’arbre aura désormais suffisamment d’espace pour pousser », ajoute Gaël Müller Heyraud.

On taille moins et on creuse

Hors la forêt, très importante sur le territoire communal, 60 % du patrimoine arboré est en mains privées. La commune de Neuchâtel a dressé un inventaire des arbres significatifs (environ 300) et des arbres remarquables (environ 120) pour mieux les protéger.

Les 6 000 arbres que la commune gère dans l’agglomération sont renseignés dans une base de données géoréférencée. Tout ce qui les concerne est mis à jour chaque année, lors de chaque intervention.

« La façon dont nous entretenons les arbres sur le domaine public a beaucoup changé. Auparavant, la taille en tête de chat, très répandue, nécessitait une intervention annuelle, ce qui provoquait des plaies et rendait les arbres plus vulnérables aux attaques fongiques. Désormais, on ne taille que ce qui est nécessaire», explique le spécialiste. La Ville a été pionnière en Suisse romande avec la création d’une équipe spécialisée dédiée à l’entretien des arbres.

Gaël Müller Heyraud a également ajouté que le choix des espèces et la manière de planter les arbres évoluent avec le changement climatique. « Nous choisissons des espèces résistantes à la sécheresse. Nous creusons également des fosses plus grandes pour retenir l’eau de pluie.

js, ats

 
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