Quel est ce missile qui a illuminé le ciel de Dnipro jeudi avant l’aube ? La question est restée sur les lèvres des observateurs de la guerre en Ukraine le 21 novembre, après que Kiev a accusé Moscou d’avoir tiré un missile balistique intercontinental dépourvu de tête nucléaire sur la troisième ville du pays. “Aujourd’hui, notre voisin fou a encore une fois montré ce qu’il est vraiment” » a pris d’assaut le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. En revanche, Moscou n’a dans un premier temps ni confirmé ni infirmé ce qui serait la première utilisation dans l’histoire de cette arme destinée à transporter le feu nucléaire à l’autre bout de la planète.
Le mystère a été résolu dans la soirée, lorsque Vladimir Poutine est apparu à la télévision russe. “ Nos ingénieurs l’ont appelé Orechnik », a déclaré le président russe, affirmant que le projectile serait un nouveau missile balistique de moyenne portée. Le visage fermé, le chef de l’Etat a dénoncé les récentes attaques de missiles américaines et britanniques menées par Kiev contre le territoire russe. “ Le conflit provoqué par l’Occident en Ukraine a pris les éléments d’un (conflit) de nature mondiale », a-t-il affirmé, ajoutant que la Russie considérait qu’elle avait le droit de « utiliser nos armes contre les installations militaires des pays qui autorisent l’utilisation de leurs armes contre nos installations ».
Ce discours, ainsi que la frappe de missiles balistiques sur Dnipro, démontrent certainement une montée des tensions, suite à l’autorisation donnée à Kiev le 17 novembre par les États-Unis de frapper le territoire russe avec des missiles américains. L’Ukraine réclame depuis de nombreux mois la levée de cette restriction géographique afin de pouvoir bombarder les bases russes, les stocks de munitions et les postes de commandement, mais aussi les aérodromes d’où décollent les avions effectuant des raids contre les villes ukrainiennes.
Revue de la doctrine nucléaire russe
De son côté, la Russie avait émis plusieurs mises en garde contre l’autorisation de ces missiles capables de frapper jusqu’à 300 kilomètres de distance, ce qu’elle considère comme une nouvelle étape dans l’implication des pays occidentaux dans la guerre. En jouant sur deux registres : la menace d’une réponse nucléaire, et celui d’une extension géographique du conflit aux pays de l’Otan. Le 25 septembre, le président russe Vladimir Poutine avait « proposer » des changements dans la doctrine nucléaire russe qui permettraient théoriquement des représailles aux frappes “massif” missiles, y compris contre les puissances nucléaires qui offriraient leur assistance à ces frappes conventionnelles.
L’autorisation américaine d’attaquer des cibles sur le territoire russe, à laquelle Washington s’est longtemps opposée, semble avoir été précipitée par le déploiement sans précédent de milliers de soldats nord-coréens dans la région russe de Koursk. L’Ukraine n’a pas hésité et a rapidement tiré des missiles américains ATACMS sur la région de Briansk. Des missiles britanniques Storm Shadow fournis par le Royaume-Uni, et dont Londres n’avait pas autorisé l’utilisation contre le territoire russe, ont également été utilisés ces derniers jours.
Commentant le tir d’un missile balistique sur Dnipro, un responsable américain interrogé par l’AFP a déclaré que la Russie cherchait à “Intimider l’Ukraine et les pays qui la soutiennent en utilisant cette arme ou en attirant l’attention, mais cela ne changera pas la situation dans ce conflit.” Cette tension s’inscrit également dans un contexte marqué par la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine. Le magnat des affaires, qui prendra ses fonctions fin janvier, a promis de conclure rapidement la guerre par des négociations.
Dans l’hypothèse où des négociations devaient s’ouvrir, la Russie et l’Ukraine souhaitent les aborder dans la position la plus favorable, ce qui explique la montée des tensions et la violence des combats actuels. Selon les renseignements britanniques, plus de 1 500 soldats russes ont été tués ou blessés quotidiennement depuis début novembre.
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Antipersonnel mines for Ukraine
Nouvelle aide militaire américaine à l’Ukraine d’un montant de 275 millions de dollars a été annoncé mercredi 20 novembre par Washington.
Outre les munitions pour systèmes d’artillerie et divers équipements, il comprend également les mines antipersonnel, dont l’envoi est justifié par la nécessité de « ralentir » l’accélération des troupes russes sur le terrain.
L’administration Biden s’efforce d’envoyer des troupes en Ukraineavant l’entrée en fonction de Donald Trump, une aide militaire s’élevant à six milliards de dollars, le reste du paquet de 61 milliards voté par le Congrès au printemps 2024.