A Pont-Réan, sur la commune de Guichen, à 20 km au sud de Rennes, on vit avec les crues hivernales de la Vilaine. Mais cette fois, la brusque montée des eaux du dimanche 26 janvier 2025 a surpris tout le monde. « J’habite ici depuis 1989 et je n’ai jamais vu l’eau monter aussi vite », raconte Joël, gérant du bar Le Shadok, dans le village. Il a passé sa nuit dans la boulangerie inondée située à moins d’une centaine de mètres. « À 3 heures du matin, je débarrassais la boulangerie avec trois collègues locaux. Nous avons retiré des palettes de farine et posé le matériel sur des blocs de béton. »
En fin de matinée de dimanche, l’eau est à la porte de son bistro. “Je sais que je vais avoir de l’eau à l’intérieur, au moins 30 centimètres étant donné ce qui est tombé et ce qui va retomber.” Entre-temps, Joël a déplacé ses meubles au fond de son bistro. A 100 mètres de la Vilaine, un habitant d’une maison individuelle fait les cent pas devant sa propriété, inquiet. « J’ai de l’eau dans mon jardin et j’attends des blocs de béton. Il y a un risque que de l’eau pénètre dans mon garage et je dois protéger mes appareils électroménagers.
«Ça a un peu surpris tout le monde»
Surprise, la commune de Guichen l’était aussi. «Nous sommes passés au niveau 1 vendredi après-midi», explique Mathieu Chanel, adjoint au maire de Guichen. Mais les estimations de Vigicrues ont changé ce matin et ont été revues sensiblement à la hausse, ce qui a un peu surpris tout le monde. On ne pensait pas que ça allait monter si vite. » A midi, le niveau de la Vilaine est monté à 3,91 mètres, bien au-dessus des 3,38 mètres de la crue de 2019. Du niveau 1, la commune est passée directement au niveau 3, et le plan de protection municipal a été activé. « La réserve municipale a été appelée, nous avons une centaine de personnes sur le terrain pour venir en aide à la population. »
Sur la commune de Pont-Réan, tout le monde s’active. Les transpalettes amènent les blocs de béton pour barricader au maximum les maisons. Trop tard pour certains, déjà inondés. « Pour nous, c’est foutu », explique un habitant. Nous avons bien 10 cm d’eau à l’intérieur. Un peu plus haut, Steven Kermarrec, propriétaire d’un appartement, installe des parpaings et une barrière devant sa porte. « J’ai ajouté du silicone autour pour le rendre le plus étanche possible. Heureusement qu’il y a l’entraide dans le village, ça fait vraiment chaud au cœur.”
-Le pic attendu lundi à 11h
Equipée de ses bottes, Julia Éoche, gérante des deux restaurants du Moulin du Boël, à quelques encablures sur le chemin de halage, marche d’un pas déterminé. «Je vais aider un ami qui vit ici. » Ses deux restaurants, la crêperie et Marin Boël, sont fermés. “La route pour accéder aux restaurants est fermée et au Marin Boël, on a de l’eau jusqu’à mi-cuisse.”
Toutefois, le pic des crues n’a pas encore été atteint. “Vigicrues annonce une pointe supérieure à 4 mètres lundi à 11 heures, ce sera au-dessus de la crue de 1999”, annonce Mathieu Chanel. Le 6 janvier 1999, l’eau était montée à 4,36 mètres. Nous devrons peut-être évacuer des personnes dans la journée en guise de préparation. » A midi, seule la famille vivant dans le bus garé sur le parking des camping-cars a été évacuée par les pompiers… avec les canoës du kayak club de Pont-Réan.