L’eau qui coule de nos robinets reste extrêmement surveillée. Cependant, les résidus de pesticides et une multitude de polluants pérennes – les PFAS (1) – passent encore inaperçus et alimentent un flot de questions sur leurs effets sur la santé. Nouvel exemple à ce jour, l’acide trifluoroacétique (TFA) a été retrouvé dans les eaux de 24 communes françaises sur 30 étudiées, dépassant, dans 20 communes, la future norme de référence en Europe, selon une enquête réalisée par l’UFC-Que Choisir. et l’ONG Générations futures.
Peut-on espérer se protéger contre ces polluants grâce à des filtres vendus dans le commerce ? Concernant le TFA, la réponse est claire : « Il n’y a pas de solution miracle à proposer aux consommateurs, les filtres ne sont pas efficaces », souligne Pauline Cervan, toxicologue à Générations futures. Le TFA est, en effet, « moins bien retenu » que les autres PFAS par les techniques de décontamination de l’eau, aussi bien celles à base de charbons actifs que celles à base de filtration membranaire, précise Julie Mendret, chercheuse. à l’Université de Montpellier. La raison ? Le TFA est un « PFAS à chaîne courte », qui contient moins d’atomes de carbone et est donc « très petit, très mobile ».
Carafes filtrantes à efficacité très variable
Concernant les autres PFAS et pesticides, les fabricants de pichets équipés de filtres à charbon actif promettent d’en réduire « certains ». Leur efficacité sur les PFAS a été évaluée dans une étude américaine (2) publiée en 2020. Elle concluait que « 73 % des contaminants » étaient éliminés mais que les résultats varient considérablement. Certains scientifiques confirment que l’efficacité des filtres à charbon actif dépend en général de la taille de ces polluants éternels : plus leur chaîne d’atomes est longue, plus ils ont de chances d’être piégés.
Une autre solution consiste à raccorder un « système d’osmose inverse » à son arrivée d’eau, sous l’évier. Le principe de ce système est de faire passer l’eau à travers plusieurs filtres, puis, sous pression, de la faire passer à travers une membrane osmotique afin d’éliminer les impuretés. L’étude scientifique américaine, citée plus haut, estime que ce type de filtration permet de réduire les niveaux de PFAS, « de 94 % ou plus dans l’eau ». Les appareils à osmose inverse sont néanmoins critiqués par le fait qu’il faut plusieurs litres d’eau pour en produire un seul. Son coût initial de plusieurs centaines d’euros et celui des consommables est également un frein.
-1. Prononcez-le « Pifasse ». Il s’agit de substances présentes dans les pesticides, les gaz réfrigérants, les revêtements antiadhésifs des poêles, les mousses anti-incendie ou les cosmétiques, et notamment dans les déchets des usines qui les produisent.
2. De l’Université Duke et de l’Université d’État de Caroline du Nord.
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