(Jérusalem) Trois otages israéliens détenus à Gaza ont été libérés dimanche au premier jour du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, a indiqué à l’AFP un responsable du mouvement islamiste.
Publié à 7h18
Mis à jour à 10h13
Marc JOURDIER
Agence -
Selon le Forum des familles d’otages, il s’agit de la britanno-israélienne Emily Damari (28 ans) et de la roumano-israélienne Doron Steinbrecher (31 ans), capturées au kibboutz Kfar Aza, et de Romi Gonen, (24 ans) kidnappée au Nova. festival de musique, lors de l’attaque menée par le mouvement islamiste Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël.
A la veille du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les armes se sont tues à 4 h 15 (heure de l’Est), avec près de trois heures de retard, le Hamas ayant tardé à fournir la liste des trois femmes qui seront libérées lors du premier échange. avec les prisonniers palestiniens.
Des milliers de Palestiniens déplacés par la guerre dans la bande de Gaza sont rentrés chez eux dimanche au milieu des destructions, au premier jour d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas prévoyant la libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens.
L’entrée en vigueur de l’accord nourrit les espoirs d’une paix durable dans le territoire palestinien, même si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déjà prévenu que ses forces pourraient reprendre les armes.
Des colonnes de milliers de Palestiniens déplacés ont pris les routes à travers un paysage apocalyptique de décombres pour rentrer chez eux, souvent pour ne trouver que des ruines.
« Nos vies sont détruites. Il nous faudra plus de 20 ans pour retrouver une vie normale », déplore Siria al-Arouqi, une Gazaouie de 52 ans qui vient de rentrer à Rafah (Sud).
« Invivable »
A Jabalia, à l’extrême nord de Gaza, épicentre d’une intense offensive israélienne depuis octobre, “il n’y a plus rien, c’est devenu invivable”, déplore Walid Abou Jiab, qui vient de rentrer.
Des combattants cagoulés et armés du Hamas ont défilé à Deir el-Balah, au centre du petit territoire palestinien où la grande majorité des 2,4 millions d’habitants a été déplacée.
Des combattants cagoulés et armés du Hamas ont défilé à Deir al-Balah, au centre du petit territoire palestinien où la grande majorité des 2,4 millions d’habitants a été déplacée.
Ailleurs, à bord de camionnettes ou à pied, certains font le « V » de la victoire ou brandissent le drapeau palestinien.
Dans l’intervalle entre le début prévu de la trêve et son entrée en vigueur, Israël a mené dimanche des frappes à Gaza qui ont tué huit Palestiniens, selon la Défense civile locale.
Le Hamas a justifié son retard dans la remise de la liste des otages par « des complications sur le terrain et la poursuite des bombardements ».
Une fois la liste publiée, Israël a annoncé que le cessez-le-feu entrerait en vigueur à 4h15 du matin (heure de l’Est).
Annoncé mercredi par les médiateurs – Qatar, Etats-Unis, Egypte –, l’accord vise à terme, selon Doha, à conduire à la « fin définitive » de la guerre, déclenchée par l’attentat du 7 octobre.
Mais Benjamin Netanyahu a prévenu qu’il s’agissait d’un « cessez-le-feu provisoire » et s’est réservé « le droit de reprendre la guerre si nécessaire ».
Son chef de la diplomatie Gideon Saar a également mis en garde contre une persistance de « l’instabilité régionale » si le Hamas, classé comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne, restait au pouvoir à Gaza.
Hostile à la trêve, le parti du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir (extrême droite) a annoncé qu’il quittait la coalition de M. Netanyahu, qui reste néanmoins majoritaire au Parlement.
” Bonheur ”
Aux termes de l’accord, les hostilités doivent cesser et 33 otages israéliens doivent être libérés, dans une première phase de six semaines. Trois points de réception d’otages ont été installés à la frontière entre Israël et Gaza, selon un responsable militaire.
En échange, les autorités israéliennes ont annoncé qu’elles libéreraient dans ce délai quelque 1.900 Palestiniens, dont 90 devraient être libérés dimanche, selon le Hamas, qui a déclaré attendre la liste “sous peu”.
Deux Franco-Israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, font partie des 33 otages qui pourraient être libérés, selon Paris.
A Tel-Aviv, Maya Roman, cousine d’un otage déjà libéré et d’un autre, Carmel Gat, mort en captivité, éprouve « une joie incroyable et en même temps un regret » pour les captifs tués à Gaza pendant les mois nécessaires à la conclusion d’un accord.
Parmi les prisonniers palestiniens qui devraient être libérés figure Zakaria al-Zoubeidi, responsable des attaques anti-israéliennes et ancien chef local de la branche armée du Fatah, arrêté et emprisonné en 2019.
600 camions humanitaires
Selon le président américain Joe Biden, la première phase de l’accord comprend également un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et une augmentation de l’aide humanitaire dans le territoire menacé de famine selon l’ONU.
Selon l’Egypte, l’accord prévoit « l’entrée de 600 camions humanitaires par jour ». Un responsable égyptien a déclaré que « 197 camions d’aide et cinq de carburant sont entrés par le passage de Kerem Shalom entre Israël et Gaza et deux autres passages à la frontière égypto-israélienne après la trêve ».
Lors de la première phase, seront négociées les modalités de la seconde, qui doivent permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.
L’attaque du 7 octobre a fait 1.210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 restent otages à Gaza, dont 34 morts selon l’armée israélienne.
Au moins 46.913 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées dans l’offensive de représailles israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l’ONU.