Du 13 janvier au 26 février, la Kumbh Mela devrait voir défiler 400 millions de fidèles à Prayagraj (Uttar Pradesh). Un événement haut en couleur et hors du commun comme son organisation pour témoigner de la vitalité de la foi hindoue.
Le spectacle est étonnant. Des hommes nus, le corps couvert de cendres, se rendent tôt le matin aux bains rituels du Sangam, le lieu sacré, au confluent du Gange, de la Yamuna et du Saraswati. Ces quelques dizaines de milliers de Naga Sadhus (saints hommes) comptent parmi les stars de la Kumbh Mela. Portant parfois encore des tridents, des lances, des épées… ils sont membres d’ordres religieux qui étaient autrefois des armées de mercenaires. Des ascètes qui ont gardé l’esprit de ce passé, comme l’exprime l’un d’eux, Sri Digambar Ishwargiri : « Nous, les Nagas, sommes les soldats de la religion (hindoue). Nous sauvegardons notre foi ».
La présence et les processions avec tambours et cors de ces adorateurs de Shiva galvanisent des millions d’autres pèlerins comme Venkatesh Ramaling : « C’est une atmosphère vibrante où il y a beaucoup de grands saints. Et en les regardant, c’est une sorte d’ambiance d’enthousiasme. Il y a beaucoup d’enthousiasme autour d’eux.
Certains spécialistes affirment même que les Naga Sadhus seraient une des sources d’inspiration du mouvement Rastafari (Rasta) en Jamaïque, via l’immigration indienne sur l’île.
Bains, prières, méditation, yoga et autres rituels religieux organisés par des ascètes rythment la fête. Certains pèlerins restent pendant les 6 semaines prévues.
À l’origine, selon les croyants, le dieu Vishnu aurait arraché aux démons une cruche en or contenant le nectar de l’immortalité. Des gouttes seraient tombées sur les quatre villes où se tient la Kumbh Mela depuis des siècles. On pense que le bain rituel purifie les péchés et libère du cycle des renaissances. Vaishnavi Ramaling le ressent : « Après avoir pris un bain, je me sens vraiment bien et plein de positivité. » Venkatesh Ramaling a dit : « Prendre un bain dans le Gange est vraiment, vraiment apaisant, je pense. Il fait léger… »
L’événement a lieu tous les 12 ans. Cela devrait constituer un record historique. Plus de 400 millions de personnes devraient y avoir participé entre le 13 janvier et le 26 février. C’est par exemple plus de 200 fois la participation au pèlerinage musulman à La Mecque et à Médine l’année dernière.
-Même si les pèlerins font généralement l’aumône et vivent dans l’austérité pendant la Kumbh Mela, ils ne sont pas abandonnés. Les bénévoles aident ceux qui ont du mal à se débrouiller seuls. Des centres d’objets perdus et même de personnes perdues sont également là pour leur venir en aide.
Maiku Lal, pèlerin de 65 ans, s’en félicite suite à une disparition : « Mon neveu a réagi et m’a dit que sa tante était introuvable. Ne la trouvant pas, nous avons tous commencé à la chercher. C’est à ce moment-là que nous avons entendu une annonce par haut-parleur et, après avoir interrogé les alentours, nous sommes arrivés à ce centre et l’avons trouvée.
En tout, 50 000 agents de sécurité sont mobilisés. 68 000 lampadaires, 3 000 cuisines, 150 000 toilettes et un village de tentes ont été installés. Ghanshyam Misra, un pèlerin de 56 ans, est satisfait : « Il n’y a aucune difficulté concernant la nourriture, le logement ou l’eau potable. »
Près de 750 millions d’euros auront été dépensés pour organiser cette fête historique. Mais il semble qu’il n’y ait pas eu beaucoup d’hésitation sur les coûts, car selon Narendra Modi, la Kumbh Mela incarne « l’héritage spirituel éternel de l’Inde ». Le Premier ministre nationaliste indien veut donc, à cette occasion, promouvoir et renforcer la culture hindoue.
Retrouvez ce reportage en images, avec le commentaire de Bruno Sat :