Dans son enquête diffusée ce jeudi 16 janvier, Envoyé spécial révèle qu’Emmaüs avait connaissance des témoignages de victimes accusant l’abbé Pierre d’agression sexuelle, huit mois avant les célébrations du 70e anniversaire de son célèbre appel.
Les révélations ont ébranlé la France entière. En juillet 2024, un rapport commandé par Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre révèle que sept femmes accusent l’abbé Pierre d’agression sexuelle commis entre les années 1970 et 2005. Ces témoignages décrivaient des comportements inappropriés, tels que des attouchements et des baisers forcés. Parmi les victimes, un mineur au moment des faits a également été identifié.
Quelques mois plus tard, un deuxième rapport mettait en avant de nouvelles accusations, portant à 17 le nombre total de victimes présumées. Des révélations qui ébranlèrent profondément l’image de l’abbé Pierre et provoquèrent une onde de choc au sein de l’organisation Emmaüs.
Emmaüs informé des témoignages des victimes avant les célébrations du 70ème anniversaire de l’appel de l’abbé Pierre ?
Ce jeudi 16 janvier, Élise Lucet a enquêté auprès de Envoyé spécial sur l’affaire de l’abbé Pierre et Emmaüs. D’après les témoignages et les travaux de l’émission, il a été révélé que Les responsables d’Emmaüs étaient au courant du témoignage de la première victime et avait déjà été alerté, bien avant les célébrations du 70ème anniversaire de l’appel de l’abbé Pierre en février 1954.
Malgré cette connaissance, les commémorations ont bien eu lieu. Interrogé sur cette question, Tarek Daher, délégué général d’Emmaüs France, a expliqué : «A l’époque, le travail sérieux de regroupement, de vérification et de crédibilisation de ces témoignages n’avait pas été fait. Cela devait être absolument incontestable (…) Nous avons fêté nos 60 ans, 50 ans, 40 ans… Comment avez-vous pu justifier devant 35 000 personnes : “Ah non, cette année pour le 70e anniversaire, nous ne ferons rien”, il a dit au journalisteEnvoyé spécial.
Au cours de leur enquête, les journalistes de l’émission ont également révélé que plusieurs personnes au sein de la fondation Abbé Pierre étaient au courant des agissements de ce dernier. C’est le cas de Philippe Dupont, ancien directeur du centre Abbé Pierre d’Esteville qui explique “ne pas avoir réalisé sur le moment ce qu’on lui disait” et des points « une faiblesse dans son éducation sur les violences sexuelles ». Nouvelles révélations fracassantes dans l’affaire de l’Abbé Pierre.
