Le 31 décembre, le gouvernement a lancé un nouveau dispositif de soutien pour accélérer la décarbonation de l’industrie dans le cadre du plan d’investissement « France 2030 ».(1). Cette annonce démontre, malgré l’absence d’adoption d’un budget pour 2025 à ce jour, l’attention portée à cette thématique.
Décarbonation : qu’est-ce que c’est ?
Pour rappel, la décarbonation désigne l’ensemble des mesures et techniques visant à réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO).2). Par extension, ce terme est également utilisé pour désigner la réduction de tous les gaz à effet de serre (GES).
Les transports sont de loin le premier secteur émetteur de GES en France (33 % des émissions nationales en 2022), devant l’agriculture (19 %), l’industrie (18 %) et le bâtiment (16 %).
La France ambitionne d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, c’est-à-dire parvenir à un équilibre entre ses émissions de GES et ce que le territoire national est capable d’absorber via les écosystèmes gérés par l’homme (forêts, prairies, sols agricoles, zones humides…).
Parmi les mesures de décarbonation dans le secteur résidentiel, l’instauration d’un nouveau plafond d’émissions de GES à 300 g CO2eq/kWh Le PCI (entré en vigueur en juillet 2022) pour les nouveaux équipements installés pour le chauffage ou la production d’eau chaude dans les bâtiments d’habitation ou professionnels évite par exemple l’installation de nouvelles chaudières au fioul (100 % fioul) et au charbon, avec exceptions(2).
Stratégie nationale bas carbone : un 3e feuille de route en débat
La Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) constitue le principal outil de planification de la décarbonation en France. En plus de réaffirmer l’objectif de long terme (neutralité carbone en 2050), cette feuille de route précise une trajectoire de réduction des émissions de GES dans les différents secteurs, avec des plafonds d’émissions à ne pas dépasser sur une période de cinq ans. (« budgets carbone »).
Fin 2024, une concertation a eu lieu autour du projet du 3e stratégie nationale bas carbone (SNBC 3)(3). Ce projet comprend, entre autres, « relever l’objectif de réduction de nos émissions brutes de gaz à effet de serre (GES) de -40 % à -50 % entre 1990 et 2030 ».
Avec un constat : « il va désormais falloir réduire nos émissions de GES d’environ 5% chaque année entre 2022 et 2030, contre 2% en moyenne de 2017 à 2022 », ce qui implique « efforts de tous et transformations dans l’ensemble de notre économie (transports, agriculture, industrie, bâtiment, énergie, déchets, terres et forêts) ».
Le gouvernement réaffirme la nécessité de mobiliser les différents acteurs économiques et s’engage à les accompagner, à identifier les leviers de la décarbonation (niveau de réduction des émissions, coût…), les freins à lever (investissements, contraintes réglementaires…) et in fine les actions concrètes à mettre en œuvre.
Identifiez votre impact avec une empreinte carbone
Dans cette optique, trois leviers pour la décarbonation sont « à exploiter en synergie », souligne le groupe Hellio, spécialisé dans la gestion de l’énergie et les travaux de rénovation énergétique : efficacité énergétique, mix énergétique et efficacité « matériaux et recyclage ».
Au préalable, un bilan carbone (ou bilan GES) est nécessaire pour mesurer la quantité de gaz à effet de serre imputable à son organisation. Ce reporting est obligatoire (et régulier) pour un certain nombre d’acteurs, dont toutes les entreprises de plus de 500 salariés en France métropolitaine et de plus de 250 personnes à l’étranger.
En matière d’empreinte carbone, une attention particulière doit être portée au périmètre (ou scope) des émissions prises en compte : en France, l’obligation réglementaire inscrite dans le code de l’environnement concerne le scope 1 (émissions directes) et 2 (émissions indirectes liées à la consommation énergétique de l’organisation).
Le scope 3 inclut enfin « toutes les autres émissions de gaz à effet de serre, par exemple liées au transport, à l’approvisionnement, aux déplacements des salariés, aux déchets produits », se souvient Hellio.
L’exemple du verdissement des flottes d’entreprise
Hellio propose aux organisations une gamme de solutions de scope 1 et 2 pour décarboner leur mix énergétique et consommer moins durablement : audit énergétique, accompagnement dans les travaux de rénovation énergétique, développement des énergies renouvelables, etc.
Pour les entreprises, le « verdissement » des flottes de véhicules est un exemple d’action importante de décarbonation. La loi LOM (Loi d’Orientation des Mobilités) impose ainsi aux entreprises disposant d’une flotte de plus de 100 véhicules de disposer d’un quota minimum de véhicules à faibles émissions lors du renouvellement de leur flotte.
Mais les sanctions en cas de non-respect des obligations sont inexistantes ou insuffisantes et les entreprises privilégient souvent les véhicules hybrides rechargeables aux véhicules 100 % électriques qui « ne permettent pas de s’affranchir des contraintes des énergies fossiles, ni, dans leurs conditions réelles d’utilisation, de contribuer significativement à la décarbonation de la mobilité », juge le think tank The Shift Project(4).
Début 2024, le député Daniel Adam avait déposé un projet de loi visant à accélérer l’électrification de ces flottes mais le texte avait été abandonné dans le contexte de dissolution de l’Assemblée nationale. Un nouveau projet de loi devrait être déposé, après la présentation des conclusions d’une « mission flash » sur le sujet mi-décembre(5).