La justice russe doit rendre son verdict vendredi à l’issue du procès de trois avocats de l’opposant Alexeï Navalny, décédé en détention en février 2024, qui sont à leur tour inculpés. “extrémisme” et risque plusieurs années de prison.
Alexeï Liptser, Igor Sergunine et Vadim Kobzev ont été arrêtés en octobre 2023, alors que l’opposant numéro un de Vladimir Poutine était encore en vie, puis inscrits sur la liste des « extrémistes ».
Ils sont accusés d’avoir transmis à Alexeï Navalny, emprisonné en Russie de janvier 2021 jusqu’à sa mort en prison le 16 février 2024 dans des circonstances troubles, des informations lui permettant de “planifier, préparer (…) et commettre des crimes extrémistes” de sa cellule, selon les enquêteurs.
Ces accusations de“extrémisme” sont passibles en Russie de six ans de détention, le parquet ayant requis des peines de plus de cinq ans.
Le procès se déroule depuis la mi-septembre devant un tribunal de Petushki, dans la région de Vladimir, à l’est de Moscou, où se trouve également une prison où était autrefois incarcéré Alexeï Navalny.
Après le début de la première audience le 12 septembre, tous les débats se sont déroulés à huis clos, à la demande du procureur, malgré les protestations des avocats de la défense.
L’audience prévue vendredi devrait commencer à 10h00 heure locale (07h00 GMT).
Des voix dissidentes étouffées
Une photo de l’opposant russe décédé Alexeï Navalny affichée dans une église de Berlin, Allemagne, le 4 juin 2024 / RALF HIRSCHBERGER / AFP
Au cours de la procédure, Igor Sergounine a plaidé coupable, selon le média russe indépendant Mediazona. Alexei Liptser et Vadim Kobzev ne l’auraient pas fait.
L’ONG Amnesty International a de son côté exhorté Moscou à mettre fin à « poursuites arbitraires » intentée contre les avocats.
Depuis le début de l’assaut contre l’Ukraine en février 2022, la répression s’abat sur toutes les voix dissidentes en Russie.
Les avocats des militants de l’opposition étaient autrefois rarement emprisonnés, bien qu’ils soient de plus en plus surveillés et menacés. Au cours des trois dernières années, plusieurs d’entre eux ont dû quitter le pays pour éviter d’être incarcérés.
Deux autres anciens avocats d’Alexeï Navalny se trouvent à l’étranger et font l’objet d’un mandat d’arrêt.
L’une d’elles, Olga Mikhailova, a décrit “sauvages” les peines demandées par les procureurs, assurant sur Instagram que les trois avocats jugés avaient « a défendu Navalny honnêtement et professionnellement pendant de nombreuses années ».
Militant charismatique anti-corruption, Alexeï Navalny a été arrêté à Moscou en janvier 2021 à son retour d’Allemagne, où il a été hospitalisé après avoir été victime d’un empoisonnement en Sibérie qu’il impute au Kremlin, qui l’a toujours nié.
Il a ensuite été condamné à plusieurs lourdes peines, dont 19 ans de prison en août 2023 pour “extrémisme”.
Navalny communiquait principalement depuis sa prison via des messages envoyés à ses avocats, dans lesquels il dénonçait notamment l’offensive en Ukraine et appelait les Russes à ” résister “.
Son organisation, le Fonds Anti-Corruption (FBK), est également classée “extrémiste” en Russie depuis 2021.
Les circonstances de sa mort dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique en février 2024 restent floues.
Beaucoup de ses anciens collaborateurs, réfugiés à l’étranger, travaillent désormais avec sa veuve, Ioulia Navalnaïa, qui a repris le flambeau du mouvement de son mari en exil, sans toutefois parvenir à fédérer autour d’elle une opposition divisée et dispersée. l’étranger.