Le président français Emmanuel Macron s’exprime sur l’affaire Boualem Sansal. Il accuse ouvertement l’Algérie d’être entrée dans une affaire qui la « déshonore ».
Mi-novembre 2024, l’écrivain Boualem Sansal est arrêté à l’aéroport d’Alger. Il fait l’objet d’une grave accusation : « mise en danger de la sécurité de l’État et de l’intégrité du territoire national ».
Depuis la détention provisoire de Boualem Sansal (75 ans), la France suit avec une grande attention la situation de l’écrivain franco-algérien, naturalisé français en 2024. Le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a proposé des services consulaires protection du détenu, en vain.
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C’est au tour du président français Emmanuel Macron de prendre la parole pour évoquer l’affaire. « L’Algérie, que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires, entre dans une histoire qui la déshonore, en empêchant un homme gravement malade de se soigner. Ce n’est pas à la hauteur de ce que c’est. a-t-il déclaré ce lundi 6 janvier 2025, devant les ambassadeurs de France réunis à l’Élysée.
Le président français ne s’arrête pas là. Il appelle l’Etat algérien à libérer Boualem Sansal. « Et nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, j’exhorte leur gouvernement à libérer Boualem Sansal »il a ajouté.
“Boualem Sansal is an impostor sent by France,” accuses Tebboune
Lors de son discours à la nation le 29 décembre 2024, le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a révélé les raisons pour lesquelles Boualem Sansal a été arrêté puis placé en détention provisoire. C’était à cause de ses déclarations sur l’appartenance historique de l’ouest algérien au Maroc.
Le président de la Réplique a également accusé la France d’avoir envoyé “un imposteur qui ne connaît pas son identité, ne connaît pas son père et vient dire que la moitié de l’Algérie appartient à un autre Etat”. Le discours de Tebboune constitue la première réaction officielle au plus haut niveau face à cette affaire qui a exacerbé les tensions entre Alger et Paris.
L’incarcération de Boualem Sansal suscite une vive polémique en France
Il faut dire que l’incarcération de Boualem Sansal a suscité une vive polémique en France. Outre le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, le philosophe français Bernard Henri Lévy a également réagi.
Dans son bloc-notes « Point », intitulé « Nous ne pouvons pas arrêter Sansal ! », BHL souligne que « l’arrestation de Sansal intervient dans un contexte politique tendu, où l’Algérie semble s’enfoncer dans une nouvelle phase de répression contre ses esprits libres ». A ce titre, ajoute-t-il : « À chaque fois le même mélange de solidarité, d’impuissance et d’appel au pouvoir ».
La question de l’arrestation de Boualem Sansal a été évoquée lors de la récente session du Parlement européen. Où les députés ont tenté, une fois de plus, de s’immiscer dans cette affaire.
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Marion Maréchal, ancienne figure du Front national et héritière de la pensée d’extrême droite en France, s’en est prise frontalement à l’Algérie. Qualifiant la position des autorités algériennes de « haine envers la France ». Tout en évoquant de manière provocante que la France est prête à « libérer les 3 500 criminels algériens détenus dans les prisons françaises en échange de l’innocent Boualem Sansal ».
François-Xavier Bellamy, autre figure de la droite européenne, s’est également exprimé au Parlement, qualifiant le système algérien de « dictatorial ». Avec un ton visant à établir une comparaison entre l’Algérie et d’autres régimes jugés « autoritaires ». Avec, implicitement, une tentative de remise en cause des fondements de la politique judiciaire algérienne.
Dans la foulée, l’Algérie a réagi aux accusations du Parlement européen. En effet, le président du Conseil populaire national, Brahim Boughali, a répondu avec fermeté. Il a dit qu’il s’agissait d’une “tentative de détournement”. Vise à détourner l’attention des violations réelles des droits de l’homme qui se produisent dans d’autres parties du monde, notamment à Gaza. Il n’a pas manqué de souligner que les tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Algérie n’ont fait que masquer les « abus » de causes qu’ils préfèrent ignorer.