Début 2025, Elon Musk, le milliardaire libertaire et propriétaire du réseau social X, provoque un véritable séisme politique au Royaume-Uni. Dimanche, il a publiquement appelé à un changement à la tête du parti nationaliste britannique Reform UK, dirigé par Nigel Farage, ancien héraut du Brexit.
« Le Parti réformiste a besoin d’un nouveau chef. Farage ne fait pas l’affaire”, a posté Elon Musk sur X, marquant ainsi une rupture spectaculaire avec celui qu’il soutenait jusqu’ici. Nigel Farage, élu député depuis juillet et figure emblématique du mouvement anti-immigration britannique, a répondu sur la même tribune : « Eh bien, c’est une surprise ! Elon est une personne remarquable, mais je crains d’être en désaccord sur ce point. »
Un revirement inattendu
Cette annonce intervient après que Nigel Farage a confirmé en décembre dernier qu’il était en « négociations ouvertes » avec Elon Musk pour un soutien financier à son parti. Les deux hommes se sont rencontrés à Mar-a-Lago, la résidence de Donald Trump en Floride, en compagnie de Nick Candy, nouveau trésorier de Reform UK. Farage a ensuite déclaré : « Musk ne laisse aucun doute sur son soutien. » Cependant, les relations entre eux se sont rapidement tendues, notamment autour de désaccords sur le soutien au militant d’extrême droite Tommy Robinson.
Tommy Robinson, fondateur de la Ligue de défense anglaise et figure controversée de l’extrême droite britannique, a été condamné fin octobre à 18 mois de prison pour violation d’une décision de justice. Tandis qu’Elon Musk réclamait sa libération, Nigel Farage prenait ses distances : « Je continue de penser que Tommy Robinson n’est pas bon pour la Réforme et je ne renoncerai jamais à mes principes. »
Lors des élections générales de juillet 2024, Reform UK a remporté 14 % des voix et cinq sièges à la Chambre des communes, marquant une percée significative dans le paysage politique britannique. Ce succès a largement contribué à la pire défaite jamais enregistrée par les conservateurs, ouvrant la voie à un gouvernement travailliste dirigé par Keir Starmer. Cependant, pour prétendre au pouvoir lors des prochaines élections générales, le parti devra remporter au moins 326 sièges, un objectif ambitieux.
Un soutien financier sous conditions
Les lois électorales britanniques exigent que tous les dons aux partis politiques dépassant 500 £ doivent provenir de donateurs enregistrés au Royaume-Uni. Bien qu’originaire d’Afrique du Sud et basé aux États-Unis, Musk pouvait contourner ces restrictions grâce à la branche britannique de X. Le père d’Elon Musk, Errol, a également rappelé que son fils était éligible à la citoyenneté britannique, citant les origines de sa grand-mère.
Ce n’est pas la première fois qu’Elon Musk intervient dans le débat politique britannique. L’été dernier, il a qualifié les émeutes au Royaume-Uni de signe avant-coureur d’une « guerre civile inévitable », suscitant les critiques du gouvernement travailliste. Récemment, il a également appelé à la démission de Keir Starmer, tout en exprimant son soutien aux ambitions de Reform UK.
Le retrait par Musk du soutien public à Nigel Farage soulève des questions sur l’avenir du parti. Musk a déjà évoqué l’idée d’un successeur à Farage à la tête de Reform UK, sans nommer de candidats potentiels. Dans un contexte où les conservateurs cherchent à se reconstruire et où les travaillistes consolident leur pouvoir, l’évolution de cette alliance inattendue entre Musk et Reform UK sera à suivre de près.
