« Emilia Perez » et « The Brutalist » triomphent aux Golden Globes 2024 – Libération

« Emilia Perez » et « The Brutalist » triomphent aux Golden Globes 2024 – Libération
« Emilia Perez » et « The Brutalist » triomphent aux Golden Globes 2024 – Libération

La comédie musicale mexicaine de Jacques Audiard remporte quatre prix, mais le cinéaste français ne remporte pas le prix du meilleur réalisateur qui revient à Brady Corbet pour sa fresque de plus de trois heures avec Andrian Brody dans le rôle d’un architecte ayant survécu à la Shoah.

Hier soir à Los Angeles, la 82e cérémonie des Golden Globes a ouvert le bal des remises de prix des séries et du cinéma, particulièrement scrutée car elle sert de salle d’attente pour les Oscars. Les circonscriptions électorales diffèrent beaucoup – environ 300 journalistes étrangers pour les Globes, 9 900 professionnels du cinéma pour les Oscars – mais des tendances se dessinent, orientant notamment les électeurs les moins curieux et les moins rebelles des Oscars lorsqu’il s’agit de dévorer les de mars prochain. Vu de et après le succès là-bas l’année dernièreAnatomie d’une chute (meilleur film et scénario étranger), l’événement fut avant tout un moment cocorico avec la présence des Français Émilie Pérez de Jacques Audiard (favori avec dix nominations) et Le fond de Coralie Fargeat (cinq nominations). Films de transformation (changement de sexe pour l’un, horreur corporelle pour l’autre), celui aussi d’un cinéma français mondialisé, Hollywood-en-Ile-de-France, où Audiard importe les stars Zoé Saldana et Selena Gomez dans un Mexique reconstitué à Bry -sur-Marne tandis que Fargeat invite Demi Moore et Margaret Qualley sous le soleil d’Epinay-sur-Seine. De bon augure pour les deux aux Oscars, surtout pour Émilie Pérezle grand gagnant ayant remporté les prix du meilleur film étranger, de la meilleure chanson originale (Le mal, co-écrit par Camille et Clément Ducol), meilleure comédie ou film musical et meilleure actrice dans un second rôle (Saldana) tandis que Moore est sacrée meilleure actrice pour une comédie ou comédie musicale (un mystère des catégories Golden Globes, mais qui nous a au moins précieux été un discours vibrant de l’actrice sur l’âgisme et ce retour inattendu). «Si chic, si français», a déclaré Saldana sur scène pour féliciter son cinéaste qui, pour prouver qu’il n’a pas été dilué par la mondialisation, a ensuite prononcé le seul discours non anglais de la soirée, célébrant le « sororité » et un « certaine idée de déraison ».

Une certaine idée de l’auteurisme

L’idée d’un cinéma récompensé pour les électeurs restait raisonnable : l’auteur maximaliste dans sa vision (le rêve américain vu par un émigré européen, filmant en Vistavision pour projections 70 mm), en la personne de Le brutaliste de Brady Corbet, l’autre grand gagnant de ces Golden Globes (meilleur film dramatique, meilleur réalisateur, meilleur acteur pour Adrien Brody, « deux fois survivant de la Shoah », est la meilleure blague, en référence à son rôle dans le pianiste par Roman Polanski, de la présentatrice et artiste de stand-up bienveillante mais un peu stressée Nikki Glaser). Ayant déjà reçu le Lion d’argent de la meilleure mise en scène à la Mostra, Corbet est monté sur scène pour défendre une certaine idée de l’auteurisme face aux standards des décideurs financiers et des diffuseurs : « Le montage final appartient au réalisateur. Je fais une déclaration controversée alors que cela ne devrait pas l’être. On m’a dit que ce film était indistribuable. […]que personne ne viendrait le voir. Victoire de Fernanda Torres pour la Brésilienne je suis toujours là de Walter Salles, devant Angelina Jolie (Marie, biopic de Maria Callas), Nicole Kidman (Petite fille) ou Kate Winslet (Lee Miller, biopic du mannequin-photographe), confirme le centrage américain et la représentativité des électeurs de 76 pays. Idem dans la catégorie du meilleur film d’animation, où notre chat letton préféré Couler par Gints Zilbalodis dame le pion chez Disney (Vice-versa 2 et Vaiana 2) et place ainsi le trop discret pays balte sur le devant de la scène cinématographique mondiale.

Dans la section séries, les spectateurs ont procédé par suivi, par confort ou par manque pur et simple de temps pour du binge-visionnage. Shogun continue ainsi sur sa lancée depuis sa moisson aux Emmy Awards, avec à peu près les mêmes récompenses (meilleure série dramatique, meilleur acteur dramatique pour Hiroyuki Sanada, meilleure actrice dramatique pour Anna Sawai), comblant sans doute le vide laissé par Game of Thrones avec ses batailles blindées, son exotisme rassurant et ses intrigues de cour. Jeremy Allen White est à nouveau meilleur acteur dans une série musicale ou comique pour L’ours tandis que Jodie Foster est meilleure actrice dans une mini-série, en flic polaire dans la saison 4 de Vrai détective. Mon petit rennelauréate de la meilleure mini-série, du meilleur acteur dans une mini-série (Richard Gadd) et de la meilleure actrice dans un second rôle dans une mini-série (Jessica Gunning), complète le succès crossover de Netflix, diffuseur de la série mais aussi deÉmilie Pérez aux États-Unis.

Trump comme Voldemort n’a jamais été nommé

Sinon, que disent ces Golden Globes de notre époque ? Son style sage se voulait synchrone avec notre propre perception du monde, saturé d’informations inutiles, de nombreuses anecdotes et informations écrites en tout petit format sur l’écran et déjà oubliées (“Margaret Qualley possède une collection de 2000 poupées vintage”), sur les présentateurs des prix et les lauréats, géolocalisés dans la salle (pour quoi ? Pour les serveurs, pour les services de sécurité ?) comme si Google Maps avait sponsorisé la cérémonie. Et comme Voldemort n’a jamais nommé, pas une seule mention de Trump – à peine une fouille dans le congélateur de Robert Kennedy Jr – dans les croquis et les téléprompteurs lus par les stars. C’est aux électeurs des Golden Globes de nous préparer eux-mêmes pour 2025 en faisant la lumière sur des histoires électorales compliquées (la déroute des cardinaux en Conclavemeilleur scénario), mafieux monstrueux (Colin Farrell, meilleur acteur en mini-série pour Le Pingouin) et des autocrates désignant de faux ennemis pour la vindicte populaire (Méchantmeilleure performance au box-office). Merci à eux.

 
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