C’est certainement le discours qui restera dans les mémoires après la 82e cérémonie des Golden Globes, décernés dans la nuit de dimanche à lundi à Los Angeles (Etats-Unis). A 62 ans, Demi Moore remporte le tout premier prix de sa longue carrière. “Je suis un peu sous le choc, je fais ce métier depuis plus de 45 ans et c’est la première fois que je gagne quelque chose en tant qu’actrice”, a-t-elle confié sur scène lors de cette remise de prix. donnée par la presse étrangère basée à Hollywood.
Une récompense qu’elle doit à une Française, Coralie Fargeat, réalisatrice et scénariste du thriller gore et féministe « The Substance » dans lequel elle partage l’affiche avec Margaret Qualley, qui incarne son double rajeuni dans ce film coup de poing, dénonçant le regard de la société sur le corps féminin.
La star des années 1990 (« Fantôme », « Proposition indécente », etc.) a rappelé une anecdote qui l’a longtemps hantée. « Il y a trente ans, un producteur m’a dit que j’étais une actrice de pop-corn. J’avais l’impression que je ne serais jamais reconnu par la profession et je le croyais à l’époque. »
L’actrice a dit qu’elle pensait : “Peut-être que c’était fini pour (elle).” « Alors que j’étais au plus bas, j’ai reçu ce scénario audacieux, courageux, qui sortait des sentiers battus. Je suis très reconnaissante à Coralie de m’avoir fait confiance. »
Dans “The Substance”, qui a rassemblé plus de 500 000 spectateurs en France, une belle performance pour un film de genre, l’Américaine joue avec son image en incarnant une ancienne star de cinéma devenue présentatrice d’une émission télévisée d’aérobic. Devenue « vieille peau » aux yeux de la profession à 50 ans, son personnage se voit offrir un étrange produit lui permettant de se transformer en une femme « plus jeune, plus belle, plus parfaite ».
“J’ai adoré le sujet, je l’ai trouvé important, très actuel”, confiait Demi Moore en novembre dernier, lors d’une masterclass à la Cinémathèque de Paris. Ce qui m’a particulièrement ému, c’est la dureté, la violence qu’on peut avoir envers soi-même. Le traitement était risqué, effrayant, mais unique. »
A l’écran, l’actrice ne cache rien de son corps ni de son âge. « La question n’était pas d’être nu, mais de servir l’histoire. En tant qu’actrice, je ne pense qu’à la sincérité du moment. Même si je suis conscient que le spectateur va se dire Cette femme n’a plus 20-30 ans et a ses imperfections. »
