Si la population lédonienne n’a pas été directement impliquée dans l’événement, ce qui s’est passé ce jour-là est sans doute l’événement le plus important qui se soit déroulé à Lons-le-Saunier au cours de son histoire avec des conséquences non seulement pour la France mais aussi pour l’Europe.
Mandaté pour arrêter Napoléon après son débarquement de l’île d’Elbe d’où il s’était échappé, le maréchal Ney « retourne son manteau » et se rallie à son ancien empereur qui l’avait nommé prince de Moskowa et qui se trouvait au carrefour de l’Histoire.
Débarqué à Golfe Juan, Napoléon reçoit un accueil enthousiaste de la part des régiments du Sud. Il en est de même tout au long de son ascension le long de la vallée du Rhône.
Le seul pour cette mission
Le gouvernement de Louis XVIII, auquel avait rejoint Ney, fit appel à ce dernier, estimant qu’il était le seul à pouvoir arrêter l’ancien empereur qui entendait le redevenir.
Le prince de Moscou promet qu’il « ramènera Bonaparte dans une cage de fer ». Il part aussitôt pour Besançon où il doit prendre le commandement du 60e et 77e régiments de ligne. Ils sont déjà en route pour Lons-le-Saunier.
Le maréchal atteint la capitale le 12 mars « très tôt le matin ». Napoléon est à Lyon où il tient une grande revue place Bellecour. Les régiments de Grenoble et de Bourg-en-Bresse se rallient.
Un doute persiste
Enfermé dans sa chambre d’hôtel à La Pomme d’Or (alors située rue Saint-Désiré), Ney, nerveux, était déchiré par le doute. Il est vrai qu’il doit beaucoup à Bonaparte. Dans la nuit du 14, à deux heures du matin, après la fuite du préfet de l’Ain, il reçoit deux émissaires qui lui apportent un message.
Après l’avoir lu, il appelle ses généraux – dont Lecourbe – et leur demande expressément de l’accompagner à la revue des régiments commandée pour midi.
Devant les troupes rassemblées et après être passé à cheval devant le front des troupes, il lut à haute voix la proclamation qu’il avait rédigée dans la nuit.
« Vive l’Empereur »
Cela commence par « la cause des Bourbons est perdue à jamais ! » » et se termine par « Vive l’Empereur ». Une immense exclamation de joie lui répond. Ce qui ne fait pas tout à fait l’unanimité puisque le maréchal De Grivel brise son épée et galope en criant : « Vive le Roi ! »
Le colonel Dubalen prend sa retraite, le préfet du Jura, absent, démissionne et le Café Bourbon, réputé monarchiste, est saccagé. Quelques semaines plus tard, ce sera Waterloo. Ney sera arrêté le 5 août et fusillé le 7 décembre, commandant lui-même le peloton d’exécution.
suisse