Depuis plus de trois mois, les partis centristes tentaient de constituer une coalition excluant le FPÖ (Parti autrichien de la liberté), arrivé en tête aux élections législatives avec 28,8% des suffrages en septembre. Mais malgré tous les efforts, les négociations ont échoué. Fidèle au principe du front républicain visant à tenir à distance la droite populiste, l’ÖVP du conservateur Nehammer avait tenté de nouer une alliance avec le SPÖ, le parti social-démocrate. En vain.
Le chancelier autrichien Karl Nehammer coincé dans l’impasse du front républicain
« Nous avons négocié sérieusement et de manière transparente, mais il est clair qu’aucun accord n’est possible avec le SPÖ sur des points fondamentaux » a déclaré Karl Nehammer sur X. « Le Parti populaire reste fidèle à ses engagements : nous refusons les mesures pénalisant les performances et les entreprises, ainsi que toute augmentation d’impôts. C’est pourquoi nous mettons fin aux négociations avec le SPÖ et ne les reprendrons pas. Je (…) quitterai mes fonctions de chancelier et de président du Parti populaire dans les prochains jours et permettra une transition ordonnée.»
Augmentation des impôts et taxes sur les grandes fortunesle point de rupture entre les conservateurs et les sociaux-démocrates
La situation s’était déjà compliquée la veille, lorsque le petit parti libéral Neos avait brusquement quitté les négociations. ” Nous, les Néos, ne poursuivrons pas les négociations sur une éventuelle coalition à trois », a déclaré Beate Meinl-Reisinger, leur leader, critiquant le manque de courage des autres partis pour entreprendre des réformes ambitieuses, comme relever l’âge de la retraite.
Le retrait des libéraux des négociations a affaibli la position de l’ÖVP et du SPÖ, qui, même ensemble, disposaient d’une majorité d’un seul siège au Parlement. Cette situation rendait tout accord précaire, d’autant que les divergences entre les deux parties sur des sujets clés, comme la fiscalité, semblaient insurmontables : l’ÖVP était fermement opposé à toute augmentation d’impôts, tandis que le SPÖ faisait campagne pour taxer les grandes fortunes et les successions.
Dans ce contexte, le FPÖ, avec ses 29% des voix, était devenu l’acteur central du paysage politique. Une coalition avec l’ÖVP représentait la seule possibilité de garantir une majorité stable, mais Karl Nehammer était catégoriquement opposé à l’idée de gouverner avec Herbert Kickl, le leader du FPÖ, qui insistait pour diriger tout gouvernement, y compris son parti. Coincé entre des alliances impossibles, Nehammer a préféré démissionner, laissant l’Autriche confrontée à une crise politique et à la perspective d’élections anticipées.