Incendie dans la plaine de Prony : l’endémisme menacé

Incendie dans la plaine de Prony : l’endémisme menacé
Incendie dans la plaine de Prony : l’endémisme menacé

L’incendie qui ravage la plaine de Prony au Mont-Dore touche également les espèces endémiques du Sud. Dominique Garnier, membre de l’association Endémie et Marc Oremus, chef du bureau WWF en Nouvelle-Calédonie, alertent sur les conséquences que pourrait avoir cet incendie sur la faune et la flore.

Depuis mercredi 1er janvier, un incendie ravage la plaine de Prony au Mont-Dore. A ce jour, 1000 hectares seraient concernés selon la Sécurité Civile. Dominique Garnier, membre de l’Association Endémie, revient sur le risque que peut représenter cet incendie pour les espèces endémiques. En effet, la zone sud concentre de nombreuses espèces endémiques de faune et de flore.

« Dans ces zones, nous avons un endémisme important de l’ordre de 80 %, une autre particularité de la Nouvelle-Calédonie est d’avoir du micro-endémisme. C’est le cas de certaines espèces du Sud. On a par exemple Hibbertia bouletii, un petit arbuste à fleurs jaunes que l’on retrouve dans le secteur du ruisseau Pernod, près du confluent avec la rivière des Lacs. ailleurs qu’à cet endroit. Il existe d’autres espèces spécifiques du Grand Sud, comme Grevillea Mondorensis.détails Dominique Garnier.

Le territoire du Pic du Pin, réserve naturelle du grand Sud, compte de nombreuses espèces endémiques. Son accès est interdit en raison de l’incendie qui fait rage dans la zone. « Il a été classé dans les années 70, je crois. C’est une réserve naturelle dans la province du sud. Tout comme le Grand Pic Kaori. Ce sont des sommets avec des forêts qui ne sont pas encore très bien conservées.»

Certaines espèces pourraient disparaître avec l’incendie de la plaine de Prony. « Il n’y a pas très longtemps à Nouméa et au Pic aux Chèvres, nous avons failli perdre deux espèces dans un petit incendie. Quand on parle de 1000 hectares brûlés, on parle déjà d’un mégaincendie. Cela représente environ 1500 terrains de football. C’est colossal. 1000 hectares brûlés peuvent éradiquer plusieurs espèces endémiques de Nouvelle-Calédonie, sans problème »alerte Marc Oremus du WWF France.

Les conséquences sur la biodiversité sont également importantes. « Lorsqu’un incendie passe et détruit une forêt, celle-ci n’est plus en mesure de jouer son rôle dans la ressource en eau. En Nouvelle-Calédonie, 94 % des bassins versants sont dégradés, notamment par les incendies. Si cela se répète chaque année, on obtient malheureusement une eau du robinet de moins bonne qualité.» De plus, « les cours d’eau peuvent également être impactés par les forêts. C’est ainsi que les sédiments finiront dans le lagon. Nous avons vraiment un impact de haut en bas qui se ressent sur les eaux du lagon et sur les ressources halieutiques », déplore le chef du bureau du WWF France en Nouvelle-Calédonie. “On a aussi un phénomène d’érosion qui peut s’accentuer puisque les sols ne sont plus protégés par la végétation”, ajoute Dominique Garnier.

La régénération passive d’une forêt primaire ne se produit pas rapidement. Cela peut prendre plusieurs siècles selon Marc Oremus. “La zone de 1 000 hectares n’est pas une zone qui peut être facilement régénérée.” dit-il.

Après trois années de La Niña, où le nombre d’incendies a été moindre en raison d’un climat humide, la Nouvelle-Calédonie se retrouve à nouveau en situation de sécheresse. « Environ 20 000 hectares brûleront en Nouvelle-Calédonie en 2024. »

Face à ce constat, Marc Oremus préconise une augmentation des moyens d’intervention. “Ces dernières années, nous avons perdu deux hélicoptères bombardiers d’eau, le Bell australien permettant une intervention aérienne plus importante.”

 
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