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La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a lancé un avertissement clair aux nouveaux dirigeants syriens après le renversement de Bachar al-Assad le mois dernier, les exhortant à ne pas établir de gouvernement islamiste. Lors d’une conférence de presse tenue après une visite historique à Damas, elle a déclaré : « L’Europe soutiendra la transition en Syrie, mais elle ne financera pas de nouvelles structures islamistes. »
Un soutien européen sous conditions
Baerbock a souligné l’importance d’éviter la montée de régimes extrémistes en Syrie, citant à la fois les préoccupations de sécurité européennes et les aspirations des Syriens en exil. « Ce n’est pas seulement dans notre propre intérêt en matière de sécurité, mais aussi dans ce que j’ai entendu à plusieurs reprises de la part de nombreux Syriens en Allemagne et ici dans la région », a-t-elle déclaré.
Cette déclaration intervient alors que Baerbock, accompagnée de son homologue français Jean-Noël Barrot, effectuait une visite inédite dans la capitale syrienne. Cette visite représente le plus haut niveau de contact diplomatique entre les puissances occidentales et la Syrie depuis que les factions islamistes rebelles ont pris le pouvoir le mois dernier.
Les droits des femmes au cœur des préoccupations
Lors de ses discussions avec les nouveaux responsables syriens, Baerbock a souligné que « les droits des femmes sont une mesure clé » du progrès en matière de droits de l’homme. Ce point reflète l’inquiétude croissante en Occident face aux risques de régression des libertés individuelles, notamment sous des régimes à forte influence islamiste.
Elle a également souligné l’importance de maintenir l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Syrie. Baerbock a appelé les voisins du pays à respecter ces principes, tout en soulignant un enjeu crucial : « La sécurité des Kurdes est essentielle pour une Syrie apaisée. »
La question kurde au centre des tensions
L’intégration des forces kurdes dans la structure sécuritaire syrienne a été présentée comme une condition fondamentale pour la stabilité du pays. Cette déclaration intervient dans un contexte où les Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et soutenues par l’Occident dans la lutte contre Daesh, font face à de nouvelles attaques de factions soutenues par la Turquie dans le nord de la Syrie.
Depuis la fin de l’année dernière, les affrontements se sont intensifiés, atteignant récemment un pic autour de la ville stratégique de Manbij. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, ces combats ont causé la mort d’au moins 24 combattants, malgré les efforts américains pour négocier un cessez-le-feu.
Une transition sous tutelle internationale
La visite de Baerbock et Barrot à Damas marque une étape importante dans les efforts internationaux visant à façonner la transition post-Assad. L’Allemagne et la France, en tant que dirigeants de l’Union européenne, cherchent à éviter la répétition des erreurs commises lors d’autres transitions politiques dans la région, notamment en Libye et en Irak, où les vides de pouvoir ont favorisé la montée des extrémistes.
Dans ce contexte, Baerbock a réaffirmé l’engagement de l’Europe à soutenir une Syrie démocratique et inclusive. Elle a toutefois prévenu que le financement européen serait conditionné à des réformes concrètes, notamment en matière de droits de l’homme et de gouvernance.
L’équilibre délicat des relations régionales
Le rôle des voisins de la Syrie, notamment la Turquie, l’Iran et l’Arabie saoudite, reste un sujet délicat. Baerbock a exhorté ces acteurs à jouer un rôle constructif, appelant à la fin immédiate des combats dans le nord et à une coopération accrue pour stabiliser le pays. Elle a également souligné que toute tentative visant à redessiner les frontières syriennes ou à encourager les divisions ethniques ou sectaires serait contre-productive.
La diplomatie européenne à l’épreuve
En s’impliquant directement dans la transition syrienne, l’Europe cherche à équilibrer les considérations humanitaires et sécuritaires. Alors que la communauté internationale suit de près l’évolution de la situation en Syrie, la pression s’accentue sur les nouveaux dirigeants pour éviter un retour à une instabilité chronique.
Avec cette visite, l’Allemagne et la France envoient un signal fort : l’avenir de la Syrie doit être façonné par ses citoyens, dans le respect des droits fondamentaux et avec une attention particulière aux minorités vulnérables, comme les Kurdes.
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