Shamsud-Din Jabbar, un homme discret, passionné d’islam et endetté

Shamsud-Din Jabbar, un homme discret, passionné d’islam et endetté
Shamsud-Din Jabbar, un homme discret, passionné d’islam et endetté

Déployée dans la soirée du mercredi 1er janvier entre le lieu du crime, sur l’artère touristique de Bourbon Street et le quartier de la ville texane de Houston où vivait et travaillait Shamsud-Din Jabbar, la police a cherché à établir si l’homme avait a agi avec d’éventuels complices, notamment en chargeant divers engins explosifs artisanaux à bord de son véhicule. Hypothèse a priori écartée ce jeudi par le FBI (lire ci-contre). Joe Biden avait initialement laissé entendre que les enquêteurs fédéraux examinaient également un lien possible avec l’explosion, quelques heures plus tard mercredi, d’un « cybertruck » Tesla devant la Trump Tower à Las Vegas. Le véhicule, comme celui utilisé à la Nouvelle-Orléans (un Ford F-150), avait été loué via la même plateforme de location peer-to-peer. Mais là aussi, l’hypothèse d’un lien a été écartée jeudi par les autorités.

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Une médaille antiterroriste

Même si les enquêtes ne font que commencer, le parcours de Shamsud-Din Jabbar sort peu à peu de l’ombre. Il est né et a grandi à Beaumont, dans une famille chrétienne, mais « il a été musulman la majeure partie de sa vie », raconte aujourd’hui l’un de ses deux frères, Abdur Jabbar, 24 ans. Les témoignages recueillis par le New York Times Ce cadet et ses anciens camarades de classe décrivent le jeune « Sham », son surnom de l’époque, comme un élève « discret, réservé et très très intelligent », avec de bonnes notes et «toujours bien habillé avec des chemises boutonnées et des polos», selon Chris Pousson, lui-même vétéran de l’US Air Force. Il retrouve Shamsud-Din Jabbar quinze ans plus tard via Facebook, découvrant entre-temps combien il était animé par sa conversion à l’islam : «On n’a jamais parlé d’extrémisme musulman et il n’a jamais menacé de violence, mais on pouvait voir qu’il était devenu vraiment passionné.», estime-t-il.

Entre-temps, Jabbar avait trouvé « un nouveau cadre de discipline qui lui manquait » dans les rangs militaires. Un peu par défaut selon son frère, faute de savoir quoi faire de sa vie. De 2007 à 2015, il a effectué huit années de service actif comme informaticien puis responsable des ressources humaines au sein de l’armée américaine, dont un passage en Afghanistan (2009-2010). Ce déploiement lui a même valu la médaille « Guerre mondiale contre le terrorisme », une distinction créée au lendemain des attentats du 11 septembre pour récompenser la participation à des opérations antiterroristes à travers le monde.

Puis, parvenu au grade de sergent d’état-major, il devient réserviste (jusqu’en 2020) puis entame une reconversion apparemment réussie : diplôme de l’Université d’État de Géorgie en 2017, puis ascension dans une succession de sociétés de conseil, jusqu’au cabinet Deloitte, où il était employé depuis 2021 et percevait un salaire annuel d’environ 120 000 dollars (environ 116 000 euros). Selon sa fiche de présentation interne, découverte par le Wall Street Journal, ses passe-temps revendiqués étaient « la chasse et la prière ». Il a également cité un passage du Coran vantant la récompense divine promise aux fidèles musulmans.

Dans une vidéo YouTube de 2020, il a également fait la promotion de sa nouvelle activité d’agent immobilier, basée à Houston. Il est revenu à ses racines de toute une vie à Beaumont, au Texas, et à la manière dont sa carrière militaire lui aurait appris «la signification d’un excellent service et ce que signifie être réactif et prendre tout au sérieux, pour garantir que tout se passe bien», selon ses propres mots, avec l’accent local, dans la même vidéo mise hors ligne depuis l’attentat, où il présentait une apparence soignée, encadré par une affiche proclamant en grosses lettres le mot « Discipline » et un livre intitulé Leadership. Quasiment vierge, son casier judiciaire ne comporte qu’un vol mineur en 2002 et un permis de conduire invalide en 2005.

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Immobilier, crypto-monnaies et armes à feu

Mais derrière cette façade de réussite, diverses archives exhumées documentent une vie personnelle plus tourmentée. En 2015, il parlait au journal étudiant de son université des défis parfois délicats de sa transition vers la vie civile. Surtout, ses deux mariages se sont soldés par des divorces et, en janvier 2022, dans un mail adressé à l’avocat de sa seconde épouse obtenu par CNN, Jabbar évoque une situation financière précaire : 27 000 dollars de remboursements hypothécaires en souffrance, environ 15 000 dollars de cartes de crédit impayées, et sa société immobilière, Blue Meadow Properties, qui a enregistré des pertes de 28 000 $ par rapport à l’année précédente. Dans un affidavit déposé dans le dossier de divorce, Jabbar a affirmé que ses dépenses dépassaient largement son revenu net d’environ 7 500 $ par mois, le plaçant dans une spirale de déficit. Une ordonnance d’interdiction provisoire prononcée à son encontre au début de la procédure, en 2020, laisse également penser qu’il aurait pu se montrer menaçant.

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Ses proches avaient également été alarmés par des comportements erratiques ces derniers mois : selon l’actuel mari de sa première épouse, cité par le New York Times“Jabbar”s’est comporté de manière folle, s’est rasé les cheveux« . Il a ainsi fini par ne plus avoir le droit de voir les deux filles adolescentes nées de sa première union. Egalement père d’un fils de six ans, il s’était installé il y a environ un an dans un quartier musulman du nord de Houston, une banlieue composée de maisons modestes et de mobil-homes, dont les accès ont été presque entièrement bouclés mercredi soir par la police. . Des voisins interrogés par le Houston Chronicle décrivent un homme reclus.

« Il est resté à la maison et a évité tout contact», a également confié l’un d’eux au New York Times, sous couvert d’anonymat, craignant des représailles anti-musulmans après l’attentat. Cette discrétion contraste avec une présence numérique par ailleurs affirmée : lors de la suppression de son compte, il s’est montré prolixe sur ses intérêts pour l’immobilier, les cryptomonnaies et les armes à feu. Sur un site de petites annonces spécialisé dans les armes, des publications datant de novembre et décembre derniers lui sont attribuées. , proposant à la vente un pistolet, des munitions et un fusil de chasse.

 
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