Libé : Pour nos lecteurs qui souhaiteraient mieux vous connaître, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Aurore Vinot: Je m’appelle Aurore Vinot, photojournaliste et auteur-photographe. En complément de mon travail documentaire, j’expose régulièrement des séries artistiques et personnelles, principalement axées sur le portrait. Je travaille beaucoup sur le continent africain : j’ai vécu en Afrique du Sud, réalisé des documentaires au Mozambique, et l’année dernière j’ai exposé une série sur les femmes pêcheurs à Rabat, dans la galerie INEX. Plus récemment, j’étais à la Biennale de Dakar, où j’ai présenté une série créée à Bamako, au Mali.
A l’origine, je suis issu de la presse écrite. Ensuite, je suis parti en Afrique du Sud pour me consacrer à la photographie, une passion que j’ai toujours portée en moi. J’ai également écrit des chroniques et pris des portraits.
Ce n’est pas votre première visite au Maroc, quel regard portez-vous sur l’art au Maroc et son évolution ces dernières années ?
Je suis fasciné par la vitalité et la diversité de la scène artistique marocaine. Il y a une effervescence incroyable, que ce soit à Rabat, à Casablanca ou ici à Settat, où j’ai découvert des peintres et des sculpteurs très talentueux. C’est un mélange captivant de traditions, avec un patrimoine artistique très riche, et d’innovation, grâce à de jeunes artistes explorant de nouveaux matériaux et techniques.
Lors de ma visite, j’ai pu observer les installations et la scénographie du festival. J’ai été impressionné par le travail des artistes plasticiens, notamment ceux qui expérimentent des matériaux originaux et des créations suspendues. C’est une belle opportunité de découvrir de nouveaux talents.
Vous avez travaillé au Sénégal, au Mozambique, en Afrique du Sud et au Maroc. Voyez-vous des liens artistiques entre ces pays ? Y a-t-il un dénominateur commun ?
Chaque pays a ses particularités artistiques. L’année dernière, j’ai découvert la jeune scène photographique marocaine lors des Rencontres Photo de Tanger. En Afrique du Sud, il existe également une approche très dynamique de la photographie contemporaine. Ce qui relie ces pays, c’est la richesse et la pluralité des perspectives artistiques.
Au FIAPS, j’ai remarqué un bel équilibre entre des maîtres expérimentés, qui ont beaucoup à transmettre, et une nouvelle génération pleine de créativité. Cet échange intergénérationnel est particulièrement enrichissant.
Comment avez-vous réussi à combiner journalisme et art ?
La photographie m’a toujours fasciné, mais je n’envisageais pas d’en faire un métier. Après mes débuts dans la presse, on m’a proposé ma première exposition, puis d’autres festivals ont suivi. C’est arrivé un peu par hasard. Aujourd’hui, j’essaie de combiner ces deux approches, journalistique et artistique, pour explorer différentes formes d’expression.
Comment percevez-vous la différence entre la compréhension de l’art en Europe et en Afrique ?
Il existe de nombreuses réalités en Afrique. En Afrique du Sud, il existe par exemple un marché structuré avec des galeries très influentes économiquement. En Algérie, j’ai découvert une tradition impressionnante de photojournalisme. Au Maroc, d’importantes galeries transportent des artistes à l’international.
En Europe, et particulièrement en France, des événements comme Paris Photo offrent des plateformes exceptionnelles pour découvrir le marché de l’art. Mais il est difficile de résumer ces différences en quelques mots, tant les contextes sont variés.
Envisagez-vous une prochaine exposition au Maroc ?
Pas pour l’instant. Je reviens tout juste de la Biennale de Dakar et je repartirai bientôt pour des reportages. Mais ce n’est pas exclu : j’ai plusieurs nouvelles séries, et peut-être qu’une exposition à Dakar verra le jour l’année prochaine, liée à mon récent travail sur les pêcheuses.
Avez-vous des projets de documentaires à venir ?
Oui, j’irai probablement en République Centrafricaine pour couvrir les zones de conflits dans une approche photojournalistique. Mon objectif est de continuer à documenter des réalités humaines fortes.
Propos recueillis par Alain Bouithy