1 – Le prix du gaz en hausse sur le marché européen
Le prix de gros du gaz repart à la hausse sur le marché européen. Une mauvaise nouvelle pour le consommateur, qui ne voit pas (encore ?) la traduction sur ses factures. Cela lui rappelle la brusque envolée du prix de la molécule sur ce même marché européen au lendemain de l’agression russe contre l’Ukraine, en février 2022, du bouclier tarifaire et de la difficile sortie de ce dispositif de protection.
A ce jour, la panique de l’année 2022 n’est pas de mise. L’indice TTF néerlandais, qui sert de référence – la Hollande est historiquement un pays producteur de gaz – avait culminé à plus de 230 euros le MWh à l’été 2022 pour les livraisons à terme. Le 31 décembre, il a clôturé l’année à 48,89 euros après avoir dépassé dans la journée la barre des 50 euros, son plus haut de l’année. La combinaison d’une période de froid sur le continent et de la fermeture d’un gazoduc qui transporte le gaz russe via l’Ukraine explique la canicule.
2 – Zelensky refuse de renouveler le contrat
C’est l’arrêt du transit du gaz russe par le gazoduc Bratstvo – « Fraternité », en français – qui alimente les craintes. Le gazoduc part de Russie, traverse l’Ukraine et approvisionne l’Europe centrale. Malgré le conflit russo-ukrainien, il est resté en service jusqu’à présent, grâce à un contrat entre le russe Gazprom et la compagnie pétrolière et gazière ukrainienne Naftogaz. Signé en 2019, il a expiré le 31 décembre 2024. Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, n’a pas souhaité le renouveler.
Le résultat prive l’Ukraine, mais surtout la Russie, de ressources financières. Ces dernières semaines, Gazprom exporte environ 40 millions de mètres cubes de gaz par jour vers l’Europe via Bratstvo. En 2023, le total s’élève à 14,64 milliards de m³. Il reste un tracé, le gazoduc Turkstream, sur la route sud, sous la mer Noire. La route du nord, Nordstream 1 et 2, n’a plus été utilisée depuis le début de la guerre. Il a été saboté en septembre 2022.
3 – L’Europe en désarroi
Selon la Commission européenne, 40 % des importations de gaz des 27 États membres provenaient de Russie en 2021, avant le déclenchement de la guerre. Cette part était tombée à 8 % fin 2023. Mais ce chiffre ne concerne que l’approvisionnement par gazoduc. L’Europe s’est massivement tournée vers le GNL, gaz naturel liquéfié, transporté par navires méthaniers. Si les États-Unis en ont une part prépondérante, la Russie fournit également du GNL, plus cher, aux pays européens. Les deux sources russes réunies (gazoduc + GNL) représentent près de 20 % des besoins européens.
Cette addiction risque d’autant plus de perdurer que les Européens sont désunis sur le sujet. La Slovaquie, très dépendante de Bratstvo, s’oppose farouchement à l’idée de fermer le robinet. Son chef du gouvernement, le pro-russe Robert Fico, s’est rendu à Moscou le 22 décembre. La Hongrie de Viktor Orbán reçoit du gaz russe via Turkstream. Plusieurs autres pays européens en restent étroitement dépendants, comme l’Autriche.