“Le parquet essaie de vous entraîner dans un tunnel obscur”, déclare l’avocat de Nicolas Sarkozy au premier jour d’audience.

Nicolas Sarkozy, au premier jour du procès libyen, lundi 6 janvier au tribunal de Paris. THIBAULT CAMUS/AP/SIPA

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Narratif

Le procès du financement présumé par la Libye de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007 vient de s’ouvrir pour quatre mois dans une ambiance tendue. L’ancien président y est jugé notamment pour « corruption et association de malfaiteurs ». C’est son cinquième procès en cinq ans.

Tout a commencé fort lors du procès sur le prétendu financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. L’audience avait commencé il y a quelques heures à peine lorsque l’un des défenseurs de l’ancien président de la République, Jean-Michel Darrois, qui contestait la compétence d’un tribunal de droit commun pour juger son client poursuivi pour « corruption et association de malfaiteurs », bien que selon lui il relèverait de la juridiction spéciale de la Cour de Justice de la République, a accusé les juges de s’en prendre à son client et de lui réserver un sort particulier. “Laissez-moi vous prévenir, il s’adressa au président du 32e salle de correction, Nathalie Gavarino. L’accusation tente de vous entraîner dans un tunnel sombre, sur les décombres de notre Constitution et de la présomption d’innocence ; en vous déclarant compétent [au nom du tribunal]vous portez gravement atteinte à l’esprit de nos institutions et à la séparation des pouvoirs. »

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La réaction du procureur Quentin Dandoy, chargé, avec ses collègues Philippe Jaeglé et Sébastien de la Touanne, de porter l’accusation au nom du Parquet national financier, a été vive, d’autant que cette question de la compétence du tribunal est déjà tranchée. par un jugement de la chambre de l’instruction en date du 20 septembre 2020. « Cette fable selon laquelle Nicolas Sarkozy serait victime d’une association de procureurs et de magistrats, qui se seraient réunis à la buvette du Palais de Justice pour sceller un accord contre lui, porte gravement atteinte à l’indépendance de la justice ; elle n’est pas digne de votre carrière ou de votre talent », dit-il à maître Darrois, avant d’être réprimandé par le président : « La parole est libre dans l’enceinte du palais, mais l’ironie n’y a pas forcément sa place. » Le ton est donné en ce premier jour de la plus grave affaire politique jamais jugée sous la Ve République.

Un pacte de corruption avec Kadhafi ?

Ce procès, qui durera du 6 janvier au 10 avril, dépasse largement, par son ampleur et la gravité des faits reprochés, les cinq autres affaires dans lesquelles apparaît encore le nom de Nicolas Sarkozy, qui vient d’être définitivement condamné le 18 décembre. à trois ans de prison, dont un ferme, pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire Bismuth. Dans cette affaire de financement libyen, le ministère public accuse les treize prévenus d’avoir participé à un pacte de corruption scellé entre l’entourage proche de Nicolas Sarkozy et le régime du colonel Kadhafi à l’automne 2005, qui reposait sur la promesse d’un accord économique et diplomatique. soutien de la à la Libye, en échange d’une participation financière – d’au moins six millions d’euros, dont des traces ont été retrouvées – à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007.

La dimension inédite de ce procès superlatif se reflète dans quelques chiffres : 270 journalistes, dont un tiers travaillent pour des médias étrangers, ont été accrédités pour le suivre, l’enquête a duré onze ans, le dossier compte 4759 références, rassemblées en 73 volumes, 54 des perquisitions ont été effectuées et des demandes d’assistance internationale envoyées à 21 pays, de l’Afrique du Sud au Liban, en passant par Singapour et la Suisse. Huit prévenus avaient répondu à la convocation du tribunal : l’avocat malaisien Sivajothi Rajendram est présumé mort, l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine et l’ancien dignitaire libyen Bechir Saleh sont en fuite, deux hommes d’affaires saoudiens Ahmed et Khalid Bugshan. , devraient apparaître plus tard.

Un ancien président et trois anciens ministres

Au premier rang des prévenus, côte à côte ce lundi 6 décembre, quatre hommes ayant occupé les postes les plus prestigieux de la République. De droite à gauche, Nicolas Sarkozy et trois de ses anciens ministres, Eric Woerth, Brice Hortefeux et Claude Guéant, qui n’ont pas été invités à prendre la parole lors de cette audience consacrée à l’examen des questions de procédure. Mais Nicolas Sarkozy n’a pu s’empêcher de réagir lorsque le procureur financier Dandoy a insisté, en réponse à Maître Darrois, sur le fait que « les détournements de fonds publics et les actes de corruption [reprochés à l’ancien chef de l’Etat] ne peut avoir été commis dans l’intérêt de la Nation », DONC ne relève pas de la compétence de la Cour de Justice de la République – « Ça fait peur, ça fait peur »» grogne Nicolas Sarkozy, aussitôt rappelé à l’ordre par le président.

Bref, ce procès sera aussi celui des abus de financement politique sous le V.e République, des dérives qui auraient culminé dans l’ombre de Nicolas Sarkozy, alors que les différentes lois sur la transparence de la vie publique votées depuis les années 1990 étaient censées mettre fin aux valises de contraventions. Il existe peu de précédents pour ce procès. Il aura fallu trente ans pour voir jugée l’affaire Karachi, qui visait notamment le financement occulte de la campagne présidentielle de 1995 d’Edouard Balladur, soupçons dont la Cour de justice de la République a innocenté l’ancien Premier ministre en 2021, tandis que l’intermédiaire Ziad Takieddine et le conseiller Thierry Gaubert, ex-collaborateur de Nicolas Sarkozy, avait été condamné par un tribunal correctionnel en première instance l’année précédente – ils seront deux personnages centraux du procès libyen. Par ailleurs, Jacques Chirac est le seul président de la République à avoir été condamné pour détournement de fonds et abus de confiance, dans le cadre de l’affaire des emplois fictifs à la mairie de Paris.

Par Caroline Michel-Aguirre

 
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