pourquoi tu dois être franc avec tes abonnés

Mis à jour il y a 10 minutes

À l’ère des réseaux sociaux, la quête de l’image parfaite est devenue une obsession partagée par des millions de personnes à travers le monde.

Les plateformes numériques, d’abord vues comme un moyen de se connecter aux autres, sont aujourd’hui des vitrines où l’apparence prime parfois sur la réalité.

Derrière les selfies, les vidéos et les photos retouchées se cache une pression constante pour se conformer à des normes de beauté souvent irréalistes.

L’influence de ce contenu sur notre perception de nous-mêmes est devenue un sujet de débat, tant il est difficile de démêler le vrai du faux.

C’est dans ce contexte que Faynaraa, jeune influenceuse sénégalaise, prend la parole pour dénoncer les dérives des réseaux sociaux, tout en incitant à une remise en question de notre rapport à l’image.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, plus de 5 milliards de personnes dans le monde sont actives sur les réseaux sociaux, soit 62,3% de la population mondiale. Des plateformes comme Facebook, Instagram, YouTube et TikTok sont devenues des espaces où les gens partagent des morceaux sélectionnés de leur vie, souvent améliorés par des filtres et des retouches photo.

Cette tendance s’intensifie avec la popularité des influenceurs et des créateurs de contenu, qui imposent des standards de beauté et de réussite parfois inaccessibles.

Faynaraa, 23 ans, est l’une des figures montantes de ce phénomène. Née à Ndangane, dans la région du Sine Saloum au Sénégal, elle a grandi en France avant de revenir au pays après son baccalauréat.

C’est à ce moment-là qu’elle a commencé à créer du contenu. Très vite, elle devient une star des réseaux sociaux sénégalais, notamment sur TikTok, où elle a réussi à cumuler plus d’un million d’abonnés en seulement six mois.

Mais derrière son sourire éclatant et ses vidéos de danse, Faynaraa pose un regard critique sur le monde numérique qu’elle fréquente.

En 2023, elle prend une décision importante : elle décide de mettre le voile, un geste fort dans un monde où l’image est souvent dictée par des critères extérieurs et superficiels.

« Quand je suis arrivé sur les réseaux sociaux, j’avais 18 ans et j’ai vu ma personnalité évoluer. Ce n’était pas naturel, ce n’était pas moi, mais plutôt ce que la société essayait de me dicter », explique-t-elle.

C’est cette prise de conscience qui l’a poussée à repenser son image, à se libérer des pressions sociales et à adopter une version plus authentique d’elle-même.

Dans un monde où les images sont constamment filtrées, retouchées et modifiées, Faynaraa estime qu’il est crucial de restaurer la transparence dans le discours autour de l’apparence.

« Il devrait y avoir plus de transparence. Chacun fait ce qu’il veut, mais il serait aussi important de dire à votre communauté que vous avez été opéré et que ce n’est pas le corps que vous avez naturellement », souligne-t-elle.

En effet, de nombreuses célébrités et influenceurs vantent les mérites des produits miracles ou expriment des régimes pour obtenir des formes sculptées.

Mais pour Faynaraa, l’authenticité passe par cette reconnaissance : “Il faut dire à ses abonnés que ce n’est pas grâce à tel ou tel produit magique qu’on a obtenu ce corps, mais grâce à la chirurgie.”

Ce discours est important, car il permet d’ouvrir le débat sur les risques de ces pratiques et la pression qu’elles exercent sur les jeunes générations.

Faynaraa souhaite encourager une prise de conscience collective, notamment en matière de santé.

Les filtres sont devenus l’un des symboles de cette quête de perfection numérique. Grâce à des applications comme Instagram, Snapchat ou TikTok, tout utilisateur peut modifier instantanément ses traits, sa peau, ou encore la forme de son visage ou de son corps.

Ce phénomène, bien qu’amusant à première vue, a des conséquences plus profondes.

Mountaga Cissé, analyste des réseaux sociaux, explique : « Le filtre modifie la perception et brise la réalité. Cela vous pousse à vous projeter dans un personnage qui n’est pas vraiment vous-même.

Cet écart entre l’image projetée et la réalité génère des pressions, notamment chez les jeunes qui sont constamment confrontés à des idéaux de beauté inaccessibles.

Cette culture des filtres, renforcée par les algorithmes des plateformes, alimente une comparaison sociale incessante.

« Tu fais défiler TikTok et tu vois quelqu’un qui vend des produits pour sublimer les formes, tu te regardes dans le miroir et tu te dis que tu n’as pas de belles formes. On perd confiance en soi et on cherche autre chose», confie Mame Fatou Samb, une jeune femme de 25 ans. Elle pointe cette tendance à se comparer aux autres, qui conduit parfois à de profondes frustrations et à une recherche de solutions extrêmes.

Mais Khady Diop, 26 ans, affirme avoir une confiance en elle inébranlable. «Je m’accepte tel que je suis. J’ai une forte mentalité et je ne suis pas facilement influençable.

Les critiques souvent sévères que reçoivent les influenceurs et les créateurs de contenu ne font qu’aggraver ce phénomène. « Les jeunes sont souvent exposés à des contenus filtrés ou idéalisés qui ne reflètent pas la réalité », explique Ibraheem, un acteur sénégalais de 26 ans. Les commentaires négatifs, les taquineries et les jugements peuvent être dévastateurs pour votre estime de soi.

« Si vous pensez que cela pourrait affecter votre confiance, ne postez rien sur les réseaux sociaux », conseille François Ndiaye, un autre internaute, qui met en garde contre les risques émotionnels liés à une surexposition sur ces plateformes.

Les réseaux sociaux ont également contribué à l’émergence de la célébrité numérique.

Les jeunes, en particulier, aspirent à cette reconnaissance virtuelle, cherchant à multiplier les likes, les abonnés et les partages. Cette quête d’approbation peut devenir un cercle vicieux.

«Cette confirmation que nous recherchons à travers les likes, les commentaires et les partages pousse les gens à continuer à produire du contenu», explique Mountaga Cisse.

Cette quête de renommée virtuelle a des conséquences sur la santé mentale, prévient le sociologue Djiby Diakhate.

« À un moment donné, l’individu se rend compte qu’il en a assez de jouer un rôle qui n’est pas le sien », dit-il. « L’artificialité prend le dessus et crée un fossé entre l’être et le paraître. »

Cela peut entraîner une fracture intérieure, un sentiment de vide et de confusion, car la personne ne sait plus qui elle est réellement. Cette situation peut être désastreuse, car elle crée un cycle de méfiance et de perte de confiance, tant envers soi-même que envers les autres.

Face à cette pression, Faynaraa, forte de son expérience, conseille avant tout d’accepter ses imperfections : « Je vous donne des conseils, mais je me les donne aussi. Vous n’êtes pas parfait et ce sont vos imperfections qui créent votre beauté. Ne vous fiez pas à certaines normes.

Pour elle, la clé réside dans l’authenticité : « Soyez vous-même et embrassez cette authenticité en vous, car c’est là votre vraie beauté. »

C’est ce message de réconciliation avec soi-même que Faynara souhaite transmettre à ses abonnés. Dans un monde où l’apparence est souvent survalorisée, elle invite chacun à s’accepter tel qu’il est, à s’affranchir des diktats des réseaux sociaux et à accueillir ses imperfections comme signe de vraie beauté.

Les chiffres des réseaux sociaux en 2024 démontrent l’impact colossal de ces plateformes sur la société.

Selon We Are Social/Meltwater, plus de 5 milliards de personnes sont présentes sur les réseaux sociaux, soit environ 62 % de la population mondiale. Plus de 35,8 % du temps total passé sur Internet est consacré aux réseaux sociaux.

Ces chiffres illustrent la prédominance de l’influence numérique et l’importance croissante des plateformes dans notre vie quotidienne.

Mais cette omniprésence soulève également des questions sur les effets secondaires, notamment sur la santé mentale, l’image de soi et les relations sociales.

Alors que le monde continue de se connecter via les médias sociaux, il devient essentiel de réfléchir à la manière dont ces plateformes façonnent notre perception de nous-mêmes et des autres.

La quête de la perfection, les filtres et l’obsession de l’image idéale ne sont pas sans conséquences.

Mais il est possible, selon tous les intervenants, de trouver une forme de liberté en se réconciliant avec soi-même, en privilégiant l’authenticité et en rejetant les normes imposées par un monde virtuel déformé.