Les vrais contrevérités de Tebboune !

Radicalisme vengeur, excès verbal, autosatisfaction, poudre aux yeux… on aurait aimé remettre à zéro ce discours triomphal prononcé par Tebboune au Palais des Nations.

Il était censé fixer un nouveau cap, tracer les lignes d’un nouveau contrat social, ouvrir un horizon d’espoir à des millions d’Algériens. Par l’abîme qu’il désigne, il aura plutôt douché les attentes et chassé la peur.

A entendre le locataire d’El Mouradia râler, débiter des propos dignes des discussions de tripots, on est en droit de se demander s’il reste des conseillers à la présidence. Ou pire : Tebboune est-il seulement conscient de la portée de ce qu’il déclare devant des millions d’Algériens ?

En vérité, le discours du 29 décembre restera l’incarnation d’une gouvernance irresponsable et dangereuse.

Populisme national

Comme son « ami » tunisien, Abdelmadjid Tebboune est plongé dans un national-populisme d’un autre temps. Son discours qui clôt une année chaotique est truffé de formules débordantes de confiance mal placée.

Comme en lévitation devant un parterre de laudateurs venus s’abreuver au moindre de ses propos, il a dressé une série de promesses de changement qui sont plus des slogans sans avenir que quelques idées maîtresses d’un projet national sérieux.

Avec Abdelmadjid Tebboune nous sommes constamment dans le « vrai simulacre ». Lorsque Tebboune parle de fierté nationale, les Algériens n’y voient qu’un déclassement. Il cherche constamment à construire une souveraineté narrative sur le passé et le présent pour se donner du sang-froid. L’homme a du mal à y croire.

La construction de l’État, selon lui, ne peut se faire en dehors du leader qu’il est. Tout est personnifié. Nous sommes en « moi je ». A tel point qu’on est passé de Fakhamatouhou sous Bouteflika à la formule « le président de la république a ordonné ». Sommes-nous dans une caserne ? Croire oui. Mais qui est le patron ? Civil ou militaire ?

L’année se termine dans le deuil

Alors que Tebboune était en flammes au Palais des Nations, 28 Algériens, dont des enfants et une femme enceinte, ont pris la mer. Les premiers ont été repêchés, d’autres ont disparu en Méditerranée. Le chef de l’État ne déclarera ni deuil national ni présentera ses condoléances aux familles endeuillées. Ce n’est pas son habitude.

Pourquoi les Algériens mettent-ils leur vie en danger pour quitter le pays ? C’est la question que devraient se poser les autorités si elles avaient une once de responsabilité. La réponse ne se trouve en aucun cas dans ces ennemis extérieurs inventés par Tebboune et ses porte-parole. Elle est connue des citoyens.

Désespérés de cette Algérie paralysée, sans espoir, avec ses cloches et sifflets autoritaires, les Algériens jettent leurs dernières énergies en mer pour rejoindre l’Europe, ce continent des « mécréants », comme l’appellent les islamistes.

La , cet « ennemi » réinventé

Aucune parole de compassion n’est prononcée pour ces familles, ni pour la longue grève des étudiants en médecine. Depuis quatre mois, ils sont au près et sèchent les cours en vain. Le chef de l’Etat a préféré convoquer une nouvelle fois les fantômes du colonialisme, réprimander la France et lui rappeler son passé.

Ce passé qu’il a néanmoins voulu apaiser un instant. On pensait en avoir fini avec cette histoire. Mais celui qui a un jour traité le président français Emmanuel Macron d’ami est un récidiviste.

Au fond, pourquoi l’Algérie de Tebboune en veut-elle à la France ? La France a-t-elle attaqué directement l’Algérie ? Non, a priori. Tebboune reproche à la France d’avoir pris position en faveur du plan marocain pour le Sahara occidental.

La France n’est-elle pas souveraine dans ses choix diplomatiques ? Et l’Algérie ne revendique-t-elle pas la non-ingérence dans les affaires des pays tiers ? Pourtant, tout porte à croire que Tebboune veut dicter la politique étrangère de la France.

Mais allons plus loin. La France est donc coupable de soutenir le plan marocain ; n’est-ce pas la position des États-Unis, de l’Allemagne et de l’Espagne ? Qu’attend Tebboune pour rappeler nos ambassadeurs dans ces pays et leur faire la guerre ? Mais il y a sans doute une autre raison que la question sahraouie à cette animosité.

Après ce dernier discours du chef de l’Etat pour l’année 2024, il est presque illusoire de croire à un éventuel assouplissement ou changement notable. Nous sommes toujours exposés aux vraies contrevérités.

Ainsi, le dialogue annoncé sera un immense échec, les exploits économiques promis, une chimère. L’apaisement prend une tournure répressive.

Isolé à l’international, diablement impopulaire chez nous, le système Tebboune se dirige vers le précipice l’épée dégainée !

A l’orée de cette nouvelle année, exprimons cependant l’espoir que l’Algérie soit épargnée et un retour à la raison qui réconciliera ses enfants, tous ses enfants.

Hamid arabe

 
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