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Depuis de nombreuses années, l’ombre de l’amélioration illégale de la performance plane sur le monde du cyclisme et sur la performance de ses acteurs. Et demain ?
“Je crains pour l’équilibre éthique du cyclisme, dans tous les domaines.” Marc Madiot voudrait insister. “Dans tous les domaines.” Y compris la question plus qu’épineuse du dopage. Le manager de l’équipe Groupama FDJ, ex-coureur et leader historique du cyclisme français (65 ans), n’envisage pas l’avenir d’un oeil tout à fait serein.
Comme il l’a exprimé ce mardi 31 décembre dans un entretien quotidien L’équipele double vainqueur de Paris-Roubaix (1985, 1991) estime que l’évolution de sa discipline chérie pourrait être le terrain fertile pour des désagréments, voire des excès. « En France, nous avons un modèle où, avec le sponsor, s’il met dix millions, il espère un retour d’image positif, ce qui est logique. Mais ces sponsors ou ces Etats, ils veulent gagner de l’argent comme dans le football”, dit-il.
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Une manne financière et un professionnalisme croissants pourraient influencer le dopage et compliquer la lutte contre ces pratiques illégales, qui ternissent l’image du cyclisme depuis des années. «Je me rends compte que chez les gens de ma génération, il y a encore une forme de sonnette d’alarme», explique Madiot. « J’ai peur que dans cette transformation, qui est inévitable, on n’ait plus cela en tête, qu’on soit plutôt dans des gains marginaux, dans une professionnalisation à outrance. Je ne voudrais pas que ce qui était autrefois du dopage soit aujourd’hui appelé hyper-professionnalisation sans qu’on s’en rende compte.»
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Et Madiot de poursuivre : « Oui parce que dans ce système, on n’acceptera plus de perdre. Alors que jusqu’à présent, en cyclisme, on acceptait d’être battu. Cela peut paraître rétrograde de dire cela, mais c’est un énorme danger.»
Il y a peu, le manager avait déjà largement protesté contre l’utilisation par certains coureurs stars (Pogacar et Vingegaard notamment) de monoxyde de carbone, dont l’inhalation permettrait d’évaluer les bénéfices de l’entraînement en altitude. Certains craignent cependant que cette pratique puisse produire des effets dopants. L’Union cycliste internationale souhaite désormais interdire son utilisation répétée dans le peloton.
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