Le documentaire Les trésors des ambassades parisiennes nous emmène dans des demeures prestigieuses de la capitale, où l’histoire de l’art se mêle à celle de la diplomatie.
À tous les seigneurs, tout honneur. Le documentaire de Florence Troquereau (pour Martange Production) consacré à la magie des chancelleries parisiennes s’ouvre au ministère des Affaires étrangères, au 7e quartier de Paris. Plus précisément dans les salons lambrissés du Quai d’Orsay, conçus au milieu du XIXe sièclee siècle, comme lieu d’expression de l’empire.
Les hôtes étrangers devaient mesurer sa puissance. « Avec le développement du chemin de fer, les souverains, qui voyageaient rarement, commencèrent à le faire »explique un intervenant dans ce film qui navigue pendant une heure et demie entre les hôtels et les époques. La collection de France 5 intitulée « Les Trésors de… » a pour objectif de faire découvrir les lieux normalement interdits au public. Le numéro précédent poussait par exemple les portes rarement entrouvertes du château de Fontainebleau.
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Salle de bain érotique
S’inscrivant dans la tradition des grandes ambassades de Versailles sous Louis XIV, le Quai d’Orsay accueillait avec brio les visiteurs de passage. En 1938, en prévision de l’arrivée du roi d’Angleterre George VI, les appartements furent retapissés au goût du souverain. Il s’agissait de mettre ce précieux allié dans la meilleure position possible, alors que l’Europe commençait à se déchirer. Les Anglais furent d’ailleurs, un siècle plus tôt, les premiers à installer une ambassade à Paris, rue du Faubourg-Saint-Honoré. L’adresse n’a pas changé. Et le trône dans ses murs, chargé de représenter la monarchie britannique, attend toujours qu’un royal y siège.
Du superbe parquet de l’Hôtel de Monaco, qui abrite l’ambassade de Pologne, à l’étonnante architecture Art Déco de la chancellerie mexicaine, en passant par le boudoir turc de l’Hôtel de Beauharnais où peut-être l’ambassadeur d’Allemagne téléphonait à Olaf Scholz, le le documentaire mêle histoire diplomatique et considérations artistiques. En multipliant les superlatifs et les travellings sous les boiseries de bronze. L’un des lieux les plus étonnants dévoilés ici se situe dans les sous-sols de l’Hôtel de Besenval, l’ambassade de Suisse. Au XVIIIe sièclee siècle, le baron Besenval, militaire et libertin, y fit construire une salle de bains antique, où des bas-reliefs érotiques invitaient à la rêverie…
Ambassadeur de la gastronomie
Peu de villes peuvent se targuer d’accueillir leurs représentants étrangers dans des demeures aussi prestigieuses. L’ambassadeur de Roumanie, qui l’a bien compris, fait restaurer aux frais de son État l’Hôtel de Béhague, sur lequel Paul Valéry a marqué de son empreinte. Bibliothécaire de la comtesse Martine de Béhague, le poète a pu admirer La naissance de Vénus peint par François Boucher, en 1731. Et applaudissant les tragédiennes dans la salle Byzantine, le plus grand théâtre privé de la capitale, où les Requiem de Gabriel Fauré.
Au Quai d’Orsay, Thierry Charrier continue son marathon culinaire quotidien. Après avoir pris contact avec ses homologues étrangers pour s’enquérir des goûts des invités d’État, ce chef, installé dans la maison depuis trente ans, nappe et déglace, blanchit et arrose, fouette et prépare, bref, devient un ambassadeur de la France. gastronomie. Comme Talleyrand le professait en son temps, il sait qu’un diplomate est moins convaincant sans un bon cuisinier…