Depuis 1973, le petit constructeur Alpine a été racheté par Renault. Logique tant l’histoire des deux marques était indissociable.
Les voitures de Jean Rédélé, fondateur d’Alpine, ont toujours utilisé une mécanique diamantée. Mais quinze ans plus tard, les belles années des Berlinettes A110 sont bien loin.
Les années 80 ont surtout été l’occasion de grandes incertitudes du côté alpin. Les Alpine sont devenues Renault-Alpines avec le logo Renault sur le capot et les Alpine GT et V6 résistent difficilement aux attaques de la concurrence.
Après un bon démarrage, les ventes d’Alpine déclinent d’année en année.
Il faut relancer Alpine sans rien
L’année 1989 marque le trente-cinquième anniversaire d’Alpine, le vingtième anniversaire de l’usine Alpine de Dieppe et le dixième anniversaire de la création de Berex, le centre d’études et de recherche Alpine-Renault.
Chez Renault, nous comptons profiter de ces anniversaires pour renforcer les liens entre Renault et Alpine et faire parler à nouveau des voitures de sport françaises dans la presse.
Jacky Setton, importateur de la marque Pioneer en France, et passionné d’automobile, met à disposition sa propriété à Wideville, près de Saint-Nom-la-Bretêche.
Opération séduction
Nous faisons venir des VIP, des journalistes, des revendeurs et des clients. Renault a une grande nouvelle à leur annoncer. L’Alpine affiche désormais le logo Alpine.
Autrement dit, Alpine devient une marque à part entière, en rupture avec Renault. Pour montrer l’importance d’Alpine chez Renault, Raymond Lévy, alors PDG de Renault, se rend pour la première fois à Dieppe.
Mais pour réussir son pari, Renault doit aussi revoir le marketing et la distribution.
Les concessionnaires doivent être convaincus
Face à Porsche qui soigne ses points de vente, Renault est bien conscient de la difficulté de vendre des voitures de sport dans un coin d’un show room Renault, entre la R21 et la Super cinq.
Le constructeur va donc se lancer dans une opération séduction auprès de ses concessionnaires. A l’époque, le client Alpine était souvent moins bien pris en charge que le client Renault venu acheter une Super cinq ou une Renault 19.
L’objectif est clair, raviver la flamme entre Alpine et ceux chargés de les vendre. Mais avec le vieillissement des Alpine, il va falloir leur proposer quelque chose de nouveau.
Une série limitée appelée Mille Miles
A défaut de sortir un nouveau modèle Alpine (la future Alpine A610, en développement, n’arrivera qu’en 1991) nous nous rabattrons sur une série limitée « Mille Miles » pour rendre hommage aux exploits passés de l’Alpine A106 lors de la course des Mille Miles. en Italie.
Nous allons donc reprendre le V6 existant, y coller un logo Alpine, supprimer les monogrammes Renault et ajouter de série l’ABS et la climatisation. La Mille Miles a été lancée en mai 1989 dans une série limitée à 100 exemplaires.
Où est le pouvoir ?
L’Alpine V6 Turbo Mille Miles « bénéficie » du moteur V6 PRV tout aluminium de 2458 cm³ équipé d’un vilebrequin à manetons décalés et d’un gros turbo Garret T3 soufflant à 0,65 bar complété par un intercooler air-air.
Exactement la même chose que dans le V6 Turbo standard, qui ne développe que 200 ch. Un peu juste pour une voiture de sport de ce rang.
Le début de la fin
Le reste ne sera qu’un lent déclin. Après une nouvelle série limitée Le Mans sous-motorisée et bâclée, la marque Alpine doit attendre 1991 pour dévoiler l’A610.
Une Alpine qui vise plus haut, pour rivaliser plus frontalement avec les Porsche. Le prix est exorbitant, la finition déplorable avec des plastiques bas de gamme et une finition décontractée.
Côté moteur, pas d’innovation, il faut encore se contenter du PRV déjà vieillissant. A la concession, on voit le drame venir, les commerciaux n’y croient pas et personne chez Renault ne s’empresse d’encombrer son show room avec une A610 qui risque de prendre la poussière.
En 1995, Renault stoppe les coûts après une année dernière désastreuse : seules 14 Alpine sont vendues en 1994.
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