TRENTE. Les négociations en Ukraine et en Israël qui ne semblent pas se concrétiser, la Syrie post-Bashar al-Assad, le rôle de l’Union européenne dans les conflits et l’investiture désormais imminente de Donald Trump à la Maison Blanche. C’est une période de changement et de grande incertitude. Un Noël caractériséencore une fois, des guerres. Mais l’espoir doit être encore plus fort, surtout quand tout va mal.
« En cette année jubilaire, nous avons plus que jamais besoin d’espoir. » Ce sont les mots des Dolomiti de F.Mlle Francesco Patton, Gardien de Terre Sainte à Jérusalem. «Je me connecte à Sao Paulo de deux manières. L’espoir ne déçoit jamais, ce passage a également été cité par Pape François dans la bulle : cette valeur a toujours un fondement solide et n’est pas qu’une vague envie.
Et puis un passage encore plus difficile. “Encore plus vrai, surtout ici en Terre Sainte”, ajoute Patton. “Il faut espérer même contre tout espoir. Il ne suffit pas d’espérer quand les choses vont bien, mais il faut garder l’espoir quand tout semble aller mal. C’est ce que nous faisons, ainsi que les chrétiens de Gaza : l’espoir est que la guerre se termine bientôt et que le temps de la paix vienne pour tout le monde.»
La situation reste complexe sur les fronts aux portes duEurope. Les combats se poursuivent en Ukraine et au Moyen-Orient. Une situation géopolitique de plus en plus complexe: l’équilibre a été rompu et il y a eu aussi le renversement rapide du régime d’al-Assad.
On parle beaucoup de négociations mais malheureusement il ne semble y avoir aucun progrès concret vers un cessez-le-feu en Ukraine et en Palestine..
C’est vrai, mais en réalité, nous devons nous rappeler que les négociations et les négociations se déroulent en coulisses. J’espère que les négociations aboutiront, surtout ici en Terre Sainte : cela signifie la libération des otages mais aussi des prisonniers. L’espoir est d’avancer vers une solution politique à ce conflit.
14 mois après les atrocités du Hamas et le début de la guerre, quelle est la situation?
Plus d’un an après, la situation est naturellement vécue différemment selon les territoires. A Gaza, il y a encore des otages dans les tunnels qui attendent d’être libérés et qui craignent que cela ne se reproduise plus. La population espère que les bombardements cesseront et qu’elle survivra, puis commencera à reconstruire l’environnement dans lequel elle est née et a grandi.
En Cisjordanie, cependant, ils souhaitent que la guerre se termine à Bethléem afin de pouvoir à nouveau accueillir les pèlerins et retourner au travail. Dans les villes, il est nécessaire de renforcer la sécurité et de mettre un terme aux colons nationalistes et fondamentalistes qui attaquent également les civils dans les villages. Finalement, il n’est pas facile de répondre.
Et comment se vit le renversement du régime syrien?
Soigneusement et prudemment : nous devons évidemment attendre l’évolution de ce qui s’est passé ces dernières semaines, également pour comprendre si le leader Mohammed al-Bashir est capable de garder les extrémistes sous contrôle et si l’on respectera réellement la volonté de proposer un gouvernement inclusif des minorités ethniques et religieuses. Et puis il y a le problème des femmes et de la charia.
Une autre étape importante concerne les élections à l’assemblée constituante et la rédaction de la constitution. Bref, il y a de l’attente et de la prudence car il faudra encore des mois pour parvenir à la stabilité et encore plus pour comprendre ce que sera la nouvelle Syrie.
Les gouvernements français et allemand semblent faibles et en difficulté. Aux États-Unis, il y a eu la victoire de Trump. Quels risques voyez-vous dans un scénario géopolitique aussi incertain et complexe ??
Non seulement les gouvernements de la France et de l’Allemagne sont faibles, mais il existe une difficulté générale concernant l’Union européenne qui n’a pas trouvé de configuration politique : les États bougent souvent individuellement et ce n’est pas une bonne chose dans ce contexte mondial.
Au Moyen-Orient, la victoire de Trump est perçue positivement en Israël, dans les pays arabes et en Palestine, car ils voient le président américain comme celui qui peut s’imposer dans cette situation fluide et confuse. Plus que les risques, nous voyons ici les possibilités d’une plus grande stabilisation de l’ensemble de la zone et l’opportunité de mener à bien les accords d’Abraham et de résoudre la question politique palestinienne, une feuille de route pour parvenir à la construction d’un État.
La guerre, Malheureusement, ils ont toujours été là mais c’est un Noël avec des conflits aux portes de l’Europe. Une réflexion sur ce moment difficile de l’année jubilaire dédiée à l’espérance?
C’est vrai, malheureusement il y a toujours eu des conflits. Mais je me souviens qu’en 1914, pendant la Première Guerre mondiale, la nuit de Noël, Français, Anglais et Allemands cessèrent de se battre pour célébrer ensemble. La conséquence fut que les régiments qui fraternisaient furent remplacés au front. C’est le pouvoir de Noël et cela signifie que pour les soldats eux-mêmes, s’ils ne se considèrent pas comme des combattants mais comme des êtres humains, il est difficile d’utiliser la violence et de se suicider.
Il faudrait un autre miracle de Noël : il faudrait se considérer comme des êtres humains, voire des civils, pour lever le doigt de la gâchette. Nous avons besoin d’espoir, aujourd’hui plus que jamais.