« Dominique P ». Pendant quelques jours, lorsque l’histoire glaçante de un couple françaisdans le département du sud de Vauclusevenait d’être révélé, les noms des protagonistes étaient restés cachés. En bref, cependant, l’histoire est devenue publique. Pas seulement les détails atroces mais la bataille qui a éclaté: pour le véritépour le justicepour tous femmes victimes de violences. Et surtout contre le banalisation. Et j’accuse à cette dégradation culturelle dont nous ne pouvons toujours pas nous libérer.
L’histoire de Gisèle Pélicot
Dominique P. s’est révélé être Dominique Pelicot, le mari de Gisèle. Femme qui a eu à plusieurs reprises junkie avec des préparations à base d’anxiolytiques puissants, pour ce faire violée par des dizaines de personnes. Pendant dix ans – les faits se sont déroulés entre 2011 et 2020, principalement dans la commune de Mazan –, l’homme recrutait des personnes sur internet inconnu à cet effet. Soixante-douze personnes au total qui ont commis environ deux cents agressions sexuelles. Une cinquantaine d’entre eux se sont retrouvés sur le banc des accusés lors d’un procès ouvert le 2 septembre au tribunal d’Avignon et clos aujourd’hui 19 décembre.
Le verdict : vingt ans de prison pour M. Pelicot, la peine maximale. Et des plaidoyers de culpabilité pour tous les autres accusés (même si les peines seront prononcées ultérieurement). Une goutte de soulagement dans une famille « totalement détruite », comme l’ont déclaré les trois enfants du couple (l’une d’elles est une femme qui craint d’avoir subi le même sort que sa mère, bien qu’aucune preuve à ce sujet n’ait été trouvée).
Une affaire ultra-médiatisée devenue symbolique
Où processus il ne représente que le passage judiciaire, quoique très important, du drame vécu par Gisèle Pelicot. L’histoire, en France et au-delà, a en effet été fortement influencée médiatisé. Le nombre incroyable de personnes impliquées, et surtout les arguments que certains d’entre eux avancent pour démontrer leur présomption d’innocence, nous ont fait comprendre une fois de plus à quel point notre société est arriéré et honteusement superficiel sur le thème de la violence envers les femmes.
Ce qui est également surprenant, c’est que Gisèle Pelicot, jusqu’à il y a quelques années, était totalement ignorant de ce qui lui est arrivé. Incapable de se souvenir, et donc de réagir. Le 12 septembre 2020, dans l’après-midi, Dominique Pelicot, alors âgée de 67 ans, a été interceptée par la surveillance d’un supermarché de Carprentras, alors qu’elle filmait sous les jupes des clients. Les interventions policequi l’arrête.
Une enquête est ouverte et le Matériel informatique en possession de l’homme. Il s’avère qu’il parlait en ligne avec des gens via un site de rencontres. Les hommes « recrutés » ont également reçu des vidéos de viols antérieurs pour les convaincre. Nous sommes le 2 novembre de la même année : le mari de Gisèle, avec qui il est marié depuis près de 50 ans, est alors placé en détention préventive par la police et commence immédiatement après à confesser la réalité monstrueuse qu’il a conçue et créée. Ce n’est qu’alors que la femme et ses enfants découvrent tout.
“C’est le procès d’une société machiste et patriarcale qui banalise les agressions sexuelles”
Quand le procès s’est ouvert, quatre ans plus tard, Gisèle était déjà là le visage d’une cause: celui qui vise, pour reprendre ses propres mots lors d’une audience, “à un changement dans le regard que la société porte sur le viol”. Car au-delà de son drame, « ce procès est un événement ponctuel société machiste et patriarcale qui banalise les agressions sexuelles.
C’est pour cette raison que la femme a refusé que le procès se tienne à huis clos (ce qu’elle aurait eu le droit de faire). Et ce, alors que le tribunal l’avait prévenue que les vidéos répugnantes seraient « nécessairement visionnées » dans la salle d’audience. Pour Gisèle, la démarche était déjà devenue autre chose : « La honte doit changer de terrain »» a expliqué l’un de ses avocats. Les enfants ayant accepté, le procès s’est ouvert en présence du public et de la presse. Un geste héroïque.
Les défenses glaçantes de l’accusé : “On avait l’autorisation du mari”
Le 5 septembre, lors de sa première déposition, la victime se souvient du moment où le commissaire de police l’avait préparée, en 2020, avant de lui dire la vérité : « Je vais vous montrer des choses qui ne vous plairont pas », a-t-il déclaré. « Mon monde s’est effondré là-bas. Tout est tombé. j’en ai vu scènes insupportablesavec des hommes aux prises avec une femme sans vie et anesthésiée. Insupportable”. Mais le plus important, selon Gisèle, c’est de raconter pour que d’autres femmes soient préparées : « Le jour où l’une d’entre elles se réveillera sans se souvenir de ce qu’elle a fait la veille au soir, elle pourra repenser à mon témoignage. Ce n’est pas pour moi que je raconte l’histoiremais pour tous ceux qui peuvent subir le même traitement.
Ses propos ont été repris par les journaux du monde entier. Traduit, répété, répandu partout. Ainsi que ceux des accusés qui ont tenté de se défendre en démasquant la sous-culture dont ils sont imprégnés : «Nous avions l’autorisation du mari»ils expliquèrent aux juges qui leur demandaient s’il leur était jamais venu à l’esprit, lors de ces actes odieux, que le consentement de la femme était nécessaire. « L’autorisation du mari » : comme si cela suffisait, comme si la femme était sa propriété. La banalité du mal.
Un procès contre la lâcheté et la banalité du mal, grâce à la force d’une femme
« Depuis le début de ce procès – a répondu Gisèle lors de l’audience – j’ai entendu beaucoup de choses inécoutables. J’ai vu des individus défiler devant le tribunal qui niaient avoir été violés. J’ai beaucoup de mal avec toute cette banalité. J’ai envie de dire à ces hommes : quelle heure Mme Pelicot vous a-t-elle donnée autorisation de le faire? A quel moment avez-vous pris conscience de ce corps inerte ? Rares sont ceux qui ont reconnu leur culpabilité. Pour moi, c’est ça une épreuve de lâcheté».
Pour punir cette abomination, le ministère public a requis au total environ 600 ans de prison. Mais le résumé le plus précis de tout est ce que le journal L’Humanité a publié ce matin : sur le visage de Gisèle, en première page, se trouve la simple phrase “Merci Madame”. “Merci, madame.” Au nom de tous.
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