Les prix des forfaits téléphoniques sont parmi les rares qui n’ont pas été affectés par l’inflation. Entre 2023 et 2024, ils ont diminué de -5%, selon l’étude annuelle de la Fédération française des télécommunications (FFT), publiée mercredi. Concrètement, un forfait fixe (internet/téléphone) atteint en moyenne 33 euros en 2023, tandis que le mobile s’élève à 14 euros. Une situation qui fait grimper les prix français « le plus compétitif d’Europe »selon l’organisation qui regroupe les opérateurs de communications électroniques en France.
L’étude montre également que cette baisse de prix s’accompagne d’une augmentation de la consommation de données. Ainsi, en 2023, les Français consommaient en moyenne 17 gigaoctets (Go) par mois, contre 14,3 Go l’année précédente. Le prix du gigaoctet consommé a donc mécaniquement diminué de 68 % en France entre 2019 et 2023.
Et la tendance va dans le même sens aujourd’hui également. En témoignent les offres lancées lors du Black Friday fin novembre, où les forfaits mobiles avaient un prix de plus en plus bas et une quantité de data toujours plus importante. Le prix moyen d’un forfait mobile, incluant 10 Go, était de 10,68 euros, en baisse de -38% sur un an, selon le baromètre mensuel publié début décembre par le comparateur de prix en ligne Ariase. Et les prix des abonnements fixes et internet ont également baissé de près de -13% sur un an, à 28,51 euros par mois.
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Guerre des prix
Les quatre opérateurs français – Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free, accompagnés pour les trois premiers de leurs marques low-cost Sosh, B&You et Red by SFR – s’alignent régulièrement sur des prix qu’ils baissent à leur tour. Et surtout ces derniers mois.
« Il est clair que nous sommes dans une phase (de guerre des prix) assez intense, surtout à partir de l’été »observe Sylvain Chevallier, spécialiste en télécommunications et associé du cabinet de conseil Bearing Point.
Une situation liée à l’augmentation de la concurrence sur le marché depuis l’arrivée de Free en 2012, qui a littéralement fait baisser les prix. Mais cette récente baisse rapide des prix est principalement due à un marché qui connaît un fort ralentissement. C’est le cas depuis le quatrième trimestre 2022, selon l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep). Selon le dernier rapport trimestriel publié début octobre, le nombre d’abonnements mobiles est passé de 75,5 millions à 76,5 millions en un an. Quant aux abonnements fixes, leur nombre a augmenté de 1%. Une augmentation ” ridicule “ par rapport aux années précédentes, selon Sylvain Chevallier.
Voler les clients des autres
Dans ce contexte de « un marché qui ne croît plus, la seule manière pour les opérateurs de croître est de chercher des abonnés chez la concurrence »poursuit l’analyste. Et donc de baisser les prix.
Une dynamique encore facilitée par le secteur puisque les télécommunications sont un « des économies sur les coûts fixes »comme l’explique à l’AFP Romain Bonenfant, directeur général de la FFT. « Une fois un réseau installé, avoir plus ou moins de clients n’entraîne pas beaucoup de coûts supplémentaires ».
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Quant aux clients, ils sont dans le même - de plus en plus libres de passer d’un opérateur à l’autre. “Le pourcentage de forfaits sans engagement (…) continue d’augmenter”pour atteindre 79% au deuxième trimestre 2024, selon l’Arcep. C’est trois points de plus en un an.
Il n’en demeure pas moins que, selon Sylvain Chevallier, le niveau des prix pourrait « Difficile de refuser » encore plus. “Par contre, ça peut durer longtemps”.
Diversifier pour mieux gouverner
Quoi qu’il en soit, ce nivellement par le bas n’a pas les mêmes implications pour les traders. Orange, Bouygues Telecom et Free ont enregistré une hausse de leurs abonnés mobile au troisième trimestre. En revanche, les SFR voient leur nombre diminuer à nouveau.
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Cette guerre des prix impacterait également leurs investissements dans les réseaux de télécommunications. Ils ont ainsi dépensé moins en 2023 – 13,8 milliards d’euros d’investissements – par rapport à 2021 (14,9 milliards), selon l’étude annuelle de la FFT. A tel point que Laurent Halimi, président de la fédération, a souligné un « Une situation économique insoutenable », « dans un contexte d’accélération de la transition numérique et de forte pression fiscale et réglementaire ».
Face à ces parts de marché incertaines, les opérateurs sont en quête de répit et ont entrepris la diversification de leurs activités. Ils se concentrent donc particulièrement sur les nouvelles technologies. Orange a par exemple annoncé début décembre le lancement d’une nouvelle offre d’intelligence artificielle à destination des entreprises.
(Avec l’AFP)