L’assassin présumé du patron d’un géant de l’assurance maladie la semaine dernière à New York portait une note révélant sa colère contre l’industrie, a révélé mardi la police alors qu’elle tentait d’établir ses motivations au lendemain de son arrestation.
Luigi Mangione, 26 ans, diplômé en ingénierie et passionné d’informatique, a été arrêté lundi dans un McDonald’s de la ville rurale d’Altoona, à 300 milles à l’ouest de New York, où il est soupçonné d’avoir tiré mercredi dernier à l’aube et en pleine rue Brian. Thompson, PDG de UnitedHealthCare, le plus grand assureur privé de santé du pays.
Accusé de meurtre, il a comparu devant un tribunal du comté de Blair, en Pennsylvanie, mardi après-midi. Il a contesté son transfert à New York, où la justice attend de le juger, ce qui ralentira la procédure et créera « des obstacles procéduraux supplémentaires », a admis le procureur du comté Peter Weeks.
Les avocats de Luigi Mangione ont 14 jours pour présenter leur défense contre le transfert de leur client à New York.
– « Insulte au renseignement » –
Des images télévisées montraient le jeune homme à l’allure athlétique, aux cheveux noirs bouclés et à la combinaison de prison orange, sortant menotté d’un véhicule de police pour être conduit au tribunal. On le voit s’agiter brusquement, obligeant les policiers qui l’escortent à le maîtriser et à le plaquer contre un mur. Il lance avec véhémence les mots « injuste » et « c’est une insulte à l’intelligence du peuple américain ».
Six jours après le crime, la police tente d’expliquer pourquoi ce brillant ancien étudiant de la prestigieuse université de Pennsylvanie et natif d’une riche famille de Baltimore a froidement abattu Brian Thompson au pied d’un hôtel en plein cœur de Manhattan.
Selon le document judiciaire l’accusant de meurtre, il était notamment en possession d’un faux permis de conduire et “d’un pistolet semi-automatique avec ce qui semble être un chargeur imprimé en 3D et un silencieux, ainsi que d’aveux écrits du crime”. “, lorsqu’il a été arrêté. Le document ne contient pas le détail de ses “aveux”, mais la police a indiqué lundi qu’un texte de trois pages avait été retrouvé sur le suspect.
« J’ai pu lire cette affiche (…) C’est un (texte) manuscrit. Il suggère qu’il est frustré par le système de santé aux États-Unis », a expliqué le chef des détectives du NYPD, Joseph Kenny, sur Good Morning America sur ABC.
– « On ne tue pas » –
« Plus précisément », Luigi Mangione « explique que notre système de santé est le plus cher du monde, tandis que l’espérance de vie d’un Américain est la 42e au monde. Il a beaucoup écrit sur son mépris pour les entreprises américaines et le secteur de la santé en particulier », a-t-il ajouté.
La mort de Brian Thompson a suscité une grande émotion, mais s’est également accompagnée de commentaires haineux sur les réseaux sociaux contre les programmes américains d’assurance maladie, illustrant la profonde colère du pays face à un système lucratif accusé de s’enrichir sur le dos des patients.
Dans une note interne citée par le New York Times, la police craint que le suspect ne soit perçu par certains “comme un martyr” et “un exemple à suivre”.
“Le recours à la violence pour lutter contre la cupidité des entreprises est inacceptable”, a condamné mardi la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre.
“Nous ne tuons pas des gens de sang-froid pour des raisons politiques ou pour exprimer un point de vue”, a également condamné lundi le gouverneur démocrate de Pennsylvanie, Josh Shapiro.
Selon des personnes qui l’ont connu, citées par le New York Times, le jeune homme souffrait de graves problèmes de dos qui le gênaient dans sa vie quotidienne et intime. Parmi les photos publiées sur son profil X se trouve une image radiographique médicale qui semble montrer des épingles implantées dans le bas du dos d’une personne. Une autre montre Luigi Mangione tout sourire, torse nu et musclé, en randonnée dans un magnifique décor montagnard.
La police indique que la dernière adresse connue du suspect se trouve à Honolulu, à Hawaï.
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