François Bayrou, souvent consulté par Emmanuel Macron pour choisir le Premier ministre mais jamais nommé, est de nouveau en lice à Matignon. Ses chances semblent sérieuses et sa rencontre avec le chef de l’Etat ce jeudi 5 décembre pose question.
« Il est dans la course. De toute façon, il est toujours en course », a glissé un cadre du parti présidentiel au parisien à propos de François Bayrou. Le chef du Mouvement démocratique (MoDem) est une nouvelle fois cité parmi les possibles futurs locataires de Matignon après la censure du gouvernement Barnier. Ce proche conseiller d’Emmanuel Macron est systématiquement considéré comme une option sérieuse avant la nomination d’un Premier ministre depuis l’arrivée du chef de l’Etat à l’Elysée, mais il participe aussi pleinement aux discussions en coulisses.
Comme ce jeudi 5 décembre avec un déjeuner en tête-à-tête avec le président de la République révélé par Le Parisien. Certes, Emmanuel Macron s’est entretenu avec d’autres personnalités, dont Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, mais François Bayrou est le seul en lice pour devenir Premier ministre. L’essentiel est de savoir si lors de la réunion le Président lui a proposé le poste ou s’il lui a simplement demandé son avis sur un autre candidat. François Bayrou a toujours été dépassé dans la course à Matignon. Mais à l’heure d’une crise politique durable, d’un Président manquant d’une majorité suffisante et d’une Assemblée tripartite, François Bayrou pourrait être l’une des meilleures options pour la nomination d’un Premier ministre.
A 73 ans et fort d’une longue carrière politique derrière lui, François Bayrou maîtrise les arcanes du pouvoir et jouit d’une certaine aura dans la sphère politique. Le centriste, s’il soutient et s’allie au parti présidentiel bien qu’il ait pris ses distances ces dernières années, est considéré par une grande partie de l’Assemblée nationale. Il semble en effet capable d’ouvrir le dialogue avec la plupart des familles politiques, et a donc une chance de réussir là où l’ancien Premier ministre Michel Barnier a échoué : construire une coalition majoritaire ou au moins unir par un pacte. de non-censure.
Bayrou à la tête d’un « gouvernement désintéressé et pluraliste » ?
Alors que le RN a pris le dessus sur le précédent gouvernement en votant la censure, François Bayrou ne devrait pas se voir opposer le veto de l’extrême droite, affirme Franceinfo et BFMTV. Le patron du MoDem, s’il n’est pas d’accord avec Marine Le Pen, a toujours eu une forme de respect pour le leader du RN. Il a également parrainé le député lors de la dernière présidentielle au nom de la pluralité et a déploré récemment qu’une condamnation d’inéligibilité ait été prononcée à l’encontre de l’élu dans le cadre du procès des assistants parlementaires du RN. Des signes qui suggèrent qu’un dialogue est possible, et non qu’il réussira.
François Bayrou, en bon centriste, pourrait-il aussi reprendre les discussions entre le bloc central et le PS et le reste de la gauche, à l’exception de LFI ? Il risque cependant de rencontrer des difficultés avec certaines personnalités de droite. Au sein des Républicains, plusieurs lui en veulent encore pour avoir abandonné Nicolas Sarkozy en 2007 et pourraient s’opposer à son arrivée à Matignon. Des ressentiments que le démocrate pourrait tenter de surmonter ? Depuis des mois, il plaide pour la formation d’un « gouvernement désintéressé, pluraliste et cohérent » composé de « personnalités de caractère » sans préciser les partis politiques qui pouvaient ou non y prendre part, comme le rappelle Le Figaro. Quant à prendre la tête, François Bayrou ne dirait pas non comme le chef du groupe centriste à l’Assemblée, Marc Fesneau, a reconnu le France Inter : “Évidemment François Bayrou est dans cet état d’esprit, mais ce n’est pas seulement une question d’homme.”
Réticences chez les macronistes
Si François Bayrou apparaît en mesure d’obtenir le soutien d’un nombre suffisant de députés pour éviter la censure, sa possible nomination en tant que Premier ministre ne fait pas l’unanimité parmi les macronistes. Plusieurs cadres du parti présidentiel craignent que le centriste revendique trop d’indépendance et de liberté par rapport à la politique d’Emmanuel Macron en cas de désaccords. Le septuagénaire a déjà ouvertement exprimé son opposition au chef de l’Etat, malgré leur alliance, ce qui est rare en Macronie. Un comportement qui lui a valu une certaine réputation et certains vont jusqu’à le considérer comme « un véritable emmerdeur » à l’instar d’un proche du chef de l’Etat à l’époque. parisien. « Et Macron le sait », ajoute la même personne. Une réputation qui pourrait lui valoir de rester une nouvelle fois devant les portes de Matignon.