entre nouvelles envies et contraintes, ce qui a changé

entre nouvelles envies et contraintes, ce qui a changé
entre nouvelles envies et contraintes, ce qui a changé

Anne, 60 ans, le reconnaît : elle a eu du mal à accepter la décision, à la demande de sa belle-fille, de rester à la porte de la maternité dans les jours qui ont suivi la naissance de son petit-fils. « Ma belle-fille avait accouché de son premier enfant en pleine crise sanitaire, à une époque où les visites étaient restreintes, en raison des gestes barrières, et elle appréciait tellement de pouvoir se reposer qu’elle nous a demandé de ne pas le faire. venir tout de suite pour son troisième, raconte Anne. Au début, ça m’a bouleversée, mais avec le recul, j’ai compris. Après tout, je peux rencontrer Gaspard quelques jours plus tard !

Accoucher est épuisant, tant physiquement qu’émotionnellement. Si les visites incessantes de ses proches, parfois pendant des heures, étaient autrefois presque inévitables pour la toute nouvelle maman, il n’en est plus de même aujourd’hui. « Les femmes ont de plus en plus de courage pour exprimer leurs besoins, souligne Nathalie Lancelin-Huin, psychologue spécialisée en périnatalité. Ils avouent vouloir s’imposer tranquillement auprès de leur conjoint, de leurs frères et sœurs, avant de passer aux présentations officielles auprès du reste de la famille.

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Accoucher à domicile avec une sage-femme, un choix très rare

D’autres pratiques désormais revendiquées par les femmes au moment de la naissance ont de quoi dérouter certains grands-parents. Par exemple, le choix de Sophia d’accoucher chez elle, dans le Maine-et-Loire, de son troisième enfant. «Je n’ai pas gardé un bon souvenir de mon précédent accouchement à l’hôpital», explique cette commerciale. “Je n’avais fait qu’obéir aux ordres qui m’avaient été donnés.” La grossesse de cette quadragénaire ne présentant aucun risque de complications, Christine, sage-femme libérale, accepte de l’accompagner dans son projet, à condition qu’elle s’inscrive en même - au CHU de Cholet, au cas où la livraison nécessiterait un transfert. Christine est là le soir où Sofia a ses premières contractions. «Je me suis accroupie intuitivement», raconte la mère. « Mon bébé a crié pour la première fois dans mes bras. Je ne l’oublierai jamais. Et d’ajouter : « Ma mère était très inquiète de mon choix de maison. Pour ma part, je me souviens aussi du soulagement de ne pas avoir eu à me soucier d’arriver à l’heure à l’hôpital ! Mais cette pratique est controversée. « Le risque de mortalité maternelle et infantile est significativement plus élevé dans un contexte non médical, soutient le professeur Cyril Huissoud, secrétaire général du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Les femmes doivent savoir qu’en cas de problème, elles s’exposent alors à un retard de traitement, avec des risques en termes de troubles neurologiques chez le nourrisson.

Et de fait, Sofia est une exception car il y a peu d’accouchements à domicile.: ils ne concernent que 0,2% des naissances*. Une rareté qui s’explique aussi par le fait qu’à peine 80 sages-femmes proposent ce service en . La raison ? L’impossibilité pour eux d’obtenir une assurance à des tarifs raisonnables. Et pourtant, idéalement, 36 % des femmes aimeraient accoucher de cette façon si elles en avaient la possibilité (Ifop 2021). Ils expriment ainsi notamment leur volonté de mettre leur enfant au monde de manière plus « naturelle ». Parfois sans anesthésie péridurale, largement utilisée, notamment depuis son remboursement en 1994, et dont les nouvelles grand-mères ont souvent pu bénéficier. Plus généralement, sans injections de produits, par exemple l’ocytocine, qui provoquent des contractions, ni de gestes chirurgicaux imposés comme l’épisiotomie (incision du périnée) ou certaines césariennes.

*Chiffres communiqués par l’Apaad (Association Professionnelle des Accouchements Accompagnés à Domicile).

Péridurale : les expériences diffèrent

Irène, 79 ans, est sceptique. Même si elle admet qu’il doit être plus agréable de donner naissance à son enfant dans un lieu familier, elle ne comprend pas comment on peut s’infliger la douleur des contractions. « Quand j’ai accouché de ma fille, sans péridurale, j’ai eu l’impression qu’une large ceinture se resserrait autour de mon ventre », raconte-t-elle. « J’ai senti mon ventre se durcir, la douleur est partie. reins et irradiait dans tout mon dos. C’était très dur. Autre sentiment pour Hélène, de vingt ans sa cadette, qui a accouché en 1996. « L’anesthésiste l’a fait trois fois avant de pouvoir insérer le cathéter, raconte cette mère de trois enfants. L’injection n’a pas fonctionné que d’un seul côté, mais elle était si forte qu’elle m’a fait perdre le contrôle de ma jambe gauche pendant une journée entière. Cela m’a rendu terriblement anxieux. Moment tout aussi difficile pour Valérie, 55 ans : « Lors de la naissance de ma fille, en 2001, mon travail a été déclenché, sans me demander mon avis. Douze heures de souffrance qui se sont soldées par une césarienne. Je sais maintenant que j’aurais dû être informé. Je l’ai dit à ma fille aînée pour que, le moment venu, elle n’ait pas peur d’exprimer ce qu’elle veut et surtout ce qu’elle ne veut pas.

Une époque où l’accouchement est trop médicalisé ?

Entre ces expériences, il y a eu sans doute des pratiques devenues plus systématiques qui ont généré du stress, de la frustration, voire de la colère chez les femmes ayant accouché il y a dix, vingt ou trente ans. Et ce qui a même donné naissance au terme de « violences obstétricales ». «On est allé trop loin dans la médicalisation, estime Anne Évrard, coprésidente de Ciane, un collectif d’associations préoccupées par la grossesse. En 2018, la Haute autorité de santé (HAS) a également publié des recommandations pour aider les professionnels à adapter leurs interventions aux attentes des femmes lors d’accouchements à faible risque. La plupart des maternités ont depuis réévalué leurs pratiques. Mais il reste encore du chemin à parcourir avant que les femmes ne soient véritablement impliquées dans leur accouchement. à l’hôpital, car, en raison du manque de ressources humaines et de structures d’accueil, un accouchement doit encore souvent avoir lieu rapidement.»

Entre accouchement à domicile et accouchement à l’hôpital, des lieux plus attentifs : maisons de naissance, modalités de préparation à l’accouchement

Le juste équilibre est probablement à trouver. Déjà, entre le domicile et le bloc opératoire, d’autres choix sont aujourd’hui possibles. Ainsi, Aude s’est tournée vers une maison de naissance. « Pas question que j’accouche dans une salle d’accouchement avec des tuyaux partout », lance la trentenaire. Dans l’établissement dans lequel je me suis inscrite, les chambres sont colorées, avec baignoires de relaxation et vignes au plafond pour les femmes qui souhaitent accoucher debout. Je pourrai également bénéficier d’un suivi personnalisé et même adopter la méthode Bonapace » (préparation à l’accouchement basée notamment sur le renforcement musculaire, à l’aide de postures simples de yoga.

Gérées par des sages-femmes, les maisons de naissance sont adjacentes aux hôpitaux partenaires et permettre une approche plus adaptée aux femmes. Mais cette offre de santé périnatale, créée en France il y a une décennie, et très répandue en Angleterre et aux Pays-Bas notamment, peine à se développer. Les neuf structures dispersées sur le territoire effectuent moins de 900 livraisons par an et refusent de nombreuses demandes, faute de place. Une enquête Ifop, de mai 2024, révélait que six femmes sur dix en âge de procréer souhaiteraient néanmoins y accoucher.

Enfin, dans certaines grandes maternités, les femmes peuvent également opter pour des salles « physiologiques ». – des espaces encadrés par des sages-femmes, où les mères aux grossesses sans complications accouchent comme elles le souhaitent, tout en ayant la garantie de pouvoir se rendre en salle traditionnelle, voire au bloc opératoire, si la situation l’exige. Une option qui a séduit Mathilde, enceinte de sept mois, mais à laquelle elle a dû renoncer. L’hôpital le plus proche de son domicile ne dispose pas d’un tel équipement. C’est donc la réalité de l’offre sanitaire dans notre pays qui guide le choix des futures mamans, bien plus que les conseils ou la prévention des futures grand-mères ! *Chiffres communiqués par l’Apaad (Association professionnelle des accouchements accompagnés à domicile).

Le nombre de maternités en baisse : de 1700 à 500

La proximité du lieu de naissance est l’un des principaux paramètres dans le choix des femmes enceintes. Cependant, le nombre de maternités est passé de 1 700 au début des années 1970 à moins de 500 aujourd’hui. « Le dilemme se posait entre deux risques, explique Hugo Pilkington, professeur de géographie de la santé à Paris 8. Celui des établissements qui ne pratiquent pas assez d’actes et pourraient manquer de soignants et d’expertise ; et celle d’« une distance et une durée croissantes d’accès à la maternité ». En 2017, déjà, près d’une femme en âge de procréer sur dix habitait à plus de trente minutes d’une maternité. Un récent rapport de l’Académie de médecine préconise la fermeture d’une centaine de maternités supplémentaires qui réalisent moins de 1 000 accouchements par an et peinent à recruter du personnel soignant. Concentrer l’offre sur des établissements plus équipés… mais souvent plus éloignés.

 
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