La tornade de sentiments qui s’abat sur elle n’entachera pas son combat. Depuis le jeudi 28 novembre 2024 et l’annonce du décès de son mari, prisonnier dans son fauteuil médical depuis juillet 2020 et d’un très grave accident de la route survenu près d’Amboise, Sandrine Quéré est une épouse en deuil. Et en colère.
« Il est inacceptable de qualifier ce décès d’homicide involontaire. Il s’agit d’un profond manque de respect envers la victime et ses proches : ces personnes qui ont décidé de prendre la route après avoir trop bu avaient le choix. C’est un choix conscient ! »
Renversé par un automobiliste ivre et excès de vitesse alors qu’il circulait sa moto (1), Jérôme Quéré, brillant directeur de l’usine Valéo de Blois (Loir-et-Cher), n’a jamais pu échapper à l’épreuve de la tétraplégie.
“Ce n’était pas facile mais nous avons décidé de nous battre”
Depuis le procès du conducteur impliqué, Victorien, en mai 2022 à Tours, et sa condamnation à dix-huit mois de prison, dont douze avec sursis, l’« équipe Quéré », comme elle se surnommait, peine à retrouver le sourire.
« Médicalement, les perspectives ne nous permettaient pas de nourrir de grands espoirs de progrès, mais nous avons décidé de nous battre »se dresse fièrement Sandrine, maman de deux enfants.
« Jérôme n’a jamais renoncé à l’envie de progresser : le retour de la parole a été vécu comme une victoire et un gain d’autonomie, il a même pu reprendre son travail, dans un poste spécialement conçu pour lui. Nous étions attachés à l’idée de retrouver un semblant de vie ensemble. Cela n’a pas été facile mais la vie à la maison à quatre a été une vraie joie. partage Sandrine, émue.
Double pneumonie mortelle
Ce que ses paroles ne disent pas, ce sont les soins quotidiens, les soignants présents à domicile 24h/24, la perte d’intimité et un quatuor qui peine parfois à trouver un rythme. « Nous avons essayé de relativiser mais nous étions complètement dépossédés de notre environnement et de Jérôme »continue l’épouse en deuil.
Jérôme Quéré est décédé à l’âge de 57 ans, épuisé par une double pneumonie à pneumocoque contractée l’été dernier lors de vacances en Espagne. Restent les derniers souvenirs partagés par la mer, “son élément” toujours.
Le mercredi 4 décembre, ses obsèques seront célébrées au crématorium de Blois à 10 heures.
(1) L’automobiliste était ivre – 1,83 g/litre de sang – et roulait sur la digue de la Loire à près de 125 km/h (portion limitée à 80) après avoir franchi une ligne continue.