Depuis la signature du cessez-le-feu, imposé mercredi soir dernier, l’armée israélienne n’a cessé de frapper le Liban. Alors que le chef du parlement libanais, Nabih Berry parle de 54 violations des termes du cessez-le-feu, CNN en a dénombré plus d’une centaine. Lundi matin, Israël a ouvert les hostilités en tuant deux hommes lors d’une frappe à Marjayoun avant, quelques heures plus tard, de cibler un poste frontière.
Il a suffi d’une réponse mineure du Hezbollah, qui a ciblé une zone inhabitée en représailles, pour qu’Israël lance dans la soirée une série de raids aériens meurtriers et que Beyrouth soit à nouveau survolée par des drones et des appareils de surveillance. Au total, une dizaine de frappes et au moins onze morts. Contacté par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, Gideon Saar, son homologue israélien, a indiqué qu’Israël « faisait simplement respecter le cessez-le-feu en réponse aux violations du Hezbollah qui appellent une action immédiate ».
Washington utilise la même rhétorique hypocrite : en frappant directement le Liban, Israël se contenterait de « faire respecter le cessez-le-feu « . Mais en coulisses, les diplomates américains estiment qu’Israël « l’applique de manière trop agressive », une manière de reconnaître qu’il ne s’agit plus de tirs défensifs mais plutôt d’une attaque préméditée.
Cette multiplication des tirs démontre la fragilité de l’accord, dont les termes sont extrêmement favorables à Israël. Si les puissances impérialistes se sont réservé le droit d’intervenir en formant un « comité de suivi », le système n’est pas encore mis en place, laissant Israël imposer le cessez-le-feu par la force.
Disposant d’une marge de manœuvre considérable, l’État israélien menace ainsi de relancer la guerre après une pause tactique de plus ou moins courte durée : alors que les livraisons d’armes ont pris du retard et que l’armée, engagée sur plusieurs fronts, montre des signes de fatigue, Netanyahu semble jouer la montre pour remettre sur pied ses troupes de choc, laissant grande ouverte la possibilité d’une reprise des combats.
Les puissances impérialistes, États-Unis et France en tête, ont ainsi contraint le Liban à accepter un diktat qui garantit avant tout à Israël le droit de frapper le pays sans craindre une réponse à grande échelle. Le quartier général militaire menace une fois de plus le Liban d’une « guerre intensive » tandis que les opérations de Tsahal se poursuivent à Gaza.
Si la diminution de l’intensité des combats a apporté quelques jours de répit aux populations déplacées du Sud Liban, ce cessez-le-feu hypocrite est déjà extrêmement fragile. Une nouvelle extension des combats est à craindre, Israël utilisant le moindre prétexte pour reprendre ses frappes et ses opérations.