La démarche surprenante de Martin Schlegel aux conséquences peu claires

La démarche surprenante de Martin Schlegel aux conséquences peu claires
La démarche surprenante de Martin Schlegel aux conséquences peu claires

Martin Schlegel démarre en trombe. Lors de la première décision sur les taux d’intérêt sous sa présidence, il a réduit le taux d’intérêt directeur plus que prévu. Il n’est en aucun cas certain que cette stratégie fonctionnera.

Le président de la BNS, Martin Schlegel, explique la décision sur les taux d’intérêt à Berne.

Peter Schneider / KEYSTONE

Cela peut arriver aussi rapidement. Il y a à peine deux ans, la Banque nationale suisse (BNS) se préoccupait avant tout d’augmenter les taux d’intérêt pour pousser l’inflation, alors trop élevée, dans la fourchette cible de 0 à 2 pour cent. Aujourd’hui, c’est la préoccupation inverse qui domine. Maintenant que l’inflation a de nouveau baissé, on craint qu’elle soit trop faible – et donc un retour à des taux d’intérêt nuls, voire négatifs. Pour éviter cela, la BNS a réduit le taux d’intérêt directeur d’un montant étonnamment élevé de 0,5 point de pourcentage, à 0,5 pour cent.

Pas une situation de crise

Une baisse des taux d’intérêt était attendue. La BNS avait déjà annoncé une telle démarche il y a trois mois – et confirmé son intention à plusieurs reprises. Cependant, la plupart des économistes ne s’attendaient qu’à une réduction de 0,25 point de pourcentage. Une telle longueur de pas était la norme dans le passé. En revanche, une baisse des taux d’intérêt de 50 points de base n’était généralement effectuée que lorsque l’économie se détériorait très rapidement et menaçait la stabilité des prix – par exemple en raison d’une crise financière, d’une récession ou d’une surévaluation significative du franc suisse.

Rien de tout cela n’est observable pour le moment : les marchés financiers sont de bonne humeur. L’économie suisse connaît une croissance inférieure à la moyenne, mais elle est loin d’être en récession. L’inflation – l’indicateur le plus important pour la Banque nationale – se situe confortablement dans la fourchette cible de la politique monétaire de 0,7 pour cent. Le franc s’est renforcé en termes nominaux, mais si l’on tient compte de la baisse de l’inflation en Suisse, le taux de change réel est étonnamment stable – même l’industrie ne se plaint plus d’un franc surévalué.

Alors pourquoi ce coup ? Pourquoi cette urgence ? Il est à craindre que l’impact de la baisse significative des taux d’intérêt reste très limité. En cette période d’incertitude mondiale, un investisseur qui cherche une valeur refuge pour son argent ne se laissera pas décourager par le franc en raison de taux d’intérêt légèrement inférieurs. Il est donc peu probable que l’impact de la hausse des taux d’intérêt sur le taux de change du franc suisse soit durable. L’expérience montre que la dévaluation recherchée par un tel assouplissement s’évapore rapidement.

Nouveau leadership, nouveau cap ?

Bien sûr, de bons conseils, car ce qui est actuellement de l’argent bon marché coûte cher. Lors de sa première évaluation de la situation en tant que président de la BNS, Martin Schlegel s’est trouvé confronté à un point de départ difficile : l’inflation a récemment baissé plus fortement que prévu. Qu’il s’agisse du pétrole, du tourisme, de l’alimentation transformée ou des effets de second tour tant redoutés par les banques centrales : les pressions inflationnistes sont partout plus faibles que prévu. Et en 2025, la baisse des prix de l’électricité et des loyers existants devrait renforcer cette tendance.

Mais la BNS a un problème : elle n’a pas beaucoup de marge de manœuvre en matière de politique des taux d’intérêt pour prendre des contre-mesures ; les taux d’intérêt sont déjà dangereusement proches de zéro. Ce qu’il faut faire dans une telle situation est controversé : certains recommandent de conserver une petite marge de manœuvre et de s’abstenir de faire de grands pas. Les autres réclament qu’un signal fort soit envoyé et que les taux d’intérêt soient réduits de manière significative – au motif qu’attendre augmente le risque de devoir corriger plus tard par une baisse encore plus importante des taux d’intérêt.

La BNS a opté pour la deuxième option, apparemment après une longue période de va-et-vient. Reste à savoir si elle a raison et si ce grand pas pourra empêcher une rechute dans un régime de taux d’intérêt négatifs ou d’achats massifs de devises. Il est encore trop tôt pour prendre le relais sur la nouvelle direction. Cependant, on peut dire que face à un dilemme, la direction nouvellement formée a choisi la plus large des deux options. La question de savoir si l’on peut en tirer des conclusions quant à une politique monétaire plus souple à l’avenir sera probablement discutée sur les marchés.

 
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