Femme politique française connue pour sa carrière au sein du parti d’extrême droite du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen est née le 5 août 1968 à Neuilly-sur-Seine. Battue à deux reprises par Emmanuel Macron aux élections présidentielles de 2017 et 2022, elle pourrait désormais prendre sa revanche lors de la prochaine course à l’Élysée, couronnant ainsi son rêve de toujours et accédant au pouvoir suprême en 2027.
Élections en France, premiers sondages à la sortie des urnes en Belgique : le RN de Le Pen à 33,34%. La gauche (Nfp) suit avec 30%, Macron avec 22%. Participation record : à 17 heures, elle frôlait les 60%
Les élections
13 ans après le congrès de Tours de 2011, où elle avait remplacé son père Jean-Marie Le Pen à la tête de l’ex-Front national, entamant ainsi le long travail de « diabolisation » du parti néofasciste, l’avocate de cinquante-cinq ans, chantre de la « préférence nationale », ambitionne de briser le « plafond de verre » qui a empêché la flamme tricolore d’outre-mer d’accéder au pouvoir pendant un demi-siècle. Mais avant elle, ce sera son héritier de vingt-huit ans, Jordan Bardella, qui assumera le rôle de Premier ministre en cas de victoire aux élections anticipées d’aujourd’hui et du 7 juillet. Pour Le Pen, le vote surprise appelé par Macron après la défaite aux élections européennes du 9 juin est une opportunité unique et inattendue vers la conquête tant attendue de la présidence en 2027.
Son dauphin
Comme toujours dans la saga Le Pen, politique et famille sont étroitement liées et ce n’est peut-être pas un hasard si Bardella est l’ex-petit ami de Nolwenn Olivier, fille de la sœur de Marine Le Pen, Marie-Caroline. Un « cercle magique » à la sauce bleu-blanc-rouge qui permet aujourd’hui à l’éternel prétendant à l’Élysée de piloter de très près son dauphin d’origine italienne, malgré les nuances, confiant qu’il ne la trahira pas dans les trois prochaines années et l’incitant à reporter, voire à enterrer, certaines promesses électorales l’esprit tourné vers l’Élysée. L’hypothèse d’une cohabitation avec Bardella à Matignon et Macron à l’Élysée est loin de permettre la réalisation de toutes les promesses du RN et cela représente pour Le Pen un alibi parfait pour prétendre à l’Élysée en 2027. Un argument faux, selon les détracteurs à Paris, car en cas de cohabitation, le Premier ministre dispose en fait de pouvoirs suffisants pour gouverner librement le pays, indépendamment du prétendu « domaine réservé » de l’Élysée, comme l’a démontré en son temps le socialiste Lionel Jospin lors de la dernière cohabitation avec le néo-gaulliste Jacques Chirac.
Les obstacles du RN
Le seul véritable obstacle à la mise en œuvre du programme du RN, observe-t-on à Paris, est plutôt le respect de l’État de droit : la Constitution française interdit en effet les mesures discriminatoires ou discriminatoires comme la « préférence nationale » promise par le RN. Mais même dans ce cas, Le Pen peut transformer cet inconvénient en avantage, en en faisant un argument clé pour l’élection présidentielle. Du siège de l’Élysée, elle aurait en effet le pouvoir d’entreprendre de profondes modifications de la Charte fondamentale promue en 1958 par Charles De Gaulle (1958), permettant ainsi l’application du programme lepéniste. Interviewée il y a quelques jours par la radio RTL, elle assure : « Je suis prête à faire d’énormes sacrifices pour mon pays et pour mon peuple. » Lorsqu’on lui demande si elle n’aurait pas préféré envoyer Jordan Bardella en éclaireur par « peur », elle dément catégoriquement. La peur ? « Si j’avais eu peur de quelque chose, j’aurais décidé de planter des fraises, j’aurais décidé d’élever des chats comme activité principale. » Et encore : « J’aurais pu me lancer dans une multitude de métiers où il n’y a absolument aucun risque. Je dirai – conclut Le Pen – que mon parcours suggère que je suis suffisamment courageuse pour ne pas avoir peur de grand-chose. » D’ici 2027, la fille de Jean-Marie Le Pen pourrait continuer à présider ses députés à l’Assemblée nationale. Parmi les fidèles, certains l’encouragent à viser la présidence de l’hémicycle, un rôle qui pourrait contribuer à lui forger une image prestigieuse, renforçant ainsi sa stature « présidentielle », dans l’espoir de briser une fois pour toutes la soi-disant « malédiction » des Le Pen, la longue série de défaites qui les éloigne du pouvoir depuis cinquante ans.
Marine Le Pen, qui est-elle ?
En 1986, elle rejoint le Front national, parti fondé par son père Jean-Marie Le Pen. De 2004 à 2017, elle devient députée européenne, représentant le FN au Parlement européen. En 2011, elle succède à Jean-Marie Le Pen à la tête du Front national. En 2012, elle se présente aux élections présidentielles françaises, atteignant la troisième place avec 17,9 % des voix au premier tour. En 2017, elle se présente à nouveau aux élections présidentielles, atteignant le second tour mais perdant face à Emmanuel Macron avec 33,9 % des voix. En 2021, elle devient présidente du RN et en 2022, elle se présente à nouveau aux élections présidentielles, atteignant le second tour et perdant face à Emmanuel Macron avec 41,5 % des voix.
Le programme électoral
- Immigration : Il favorise des politiques très restrictives, notamment la réduction significative de l’immigration légale et l’expulsion des immigrants irréguliers.
- Economie : il propose une politique économique nationaliste, incluant la sortie de la zone euro, le protectionnisme économique et la défense des industries françaises.
- Sécurité : il promeut un renforcement des forces de l’ordre et des mesures sévères contre le terrorisme et la criminalité.
- Union européenne : elle critique sévèrement l’UE et promeut un retour à la souveraineté nationale, avec l’idée d’un référendum pour la sortie de la France de l’UE (Frexit).
- Identité nationale : elle soutient fermement la défense de l’identité culturelle française, s’opposant au multiculturalisme.
Controverses
Accusations de xénophobie et de racisme : Le parti a souvent été accusé de promouvoir des politiques racistes et xénophobes. Conflits internes : En 2015, elle expulse du parti son père Jean-Marie Le Pen en raison de ses déclarations controversées. Problèmes juridiques : Elle a fait l’objet de plusieurs enquêtes, notamment celles relatives à des allégations de détournement de fonds européens et d’incitation à la haine.
Vie privée
Après que sa mère, Pierrette Lalanne, soit tombée amoureuse d’un journaliste venu l’interviewer dans la maison familiale de Montretout à Saint-Cloud, ses parents se séparent en 1984, alors qu’elle a 16 ans. Elle entame une relation avec le responsable de la communication de son père, Lorrain de Saint Affrique. En 1997, elle épouse Franck Chauffroy, un cadre d’entreprise travaillant pour le Front national. De ce mariage naissent trois enfants, Jehanne, née en 1998, et les jumeaux Louis et Mathilde, nés en 1999 et baptisés dans l’église catholique traditionaliste de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Elle divorce en 2001. Depuis 2009, elle a un nouveau compagnon : Louis Aliot. Il est également divorcé. Puis ils se séparent. Elle a vécu jusqu’en 2014 dans une dépendance de la propriété de Montretout, où la famille Le Pen s’était installée à la fin des années 1970. Elle s’installe ensuite dans une résidence qu’elle achète à La Celle-Saint-Cloud dans les Yvelines.
Combien gagne-t-elle ?
Depuis 2014, la dirigeante d’extrême droite est tenue de déclarer les sommes qu’elle perçoit à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Mais la nature exacte de ces émoluments reste floue. Dans sa déclaration publique, l’ancienne présidente du RN indique 60 000 euros nets par an – soit 5 000 euros mensuels – dans la case « rémunération ». Dans les médias, elle parle pourtant de « remboursement de frais » et c’est aussi sous ce nom que le montant apparaît dans les comptes du parti. Selon les quotidiens français, elle a perçu en 2023 environ 12 500 euros nets par mois.
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