l’essentiel
Deux cousins de la communauté Ibos Voyageurs ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Tarbes pour une série de vols d’outils commis dans plusieurs véhicules utilitaires.
Ce mardi 26 novembre, dans une salle du tribunal correctionnel de Tarbes copieusement remplie de membres de la communauté voyageur Ibos, deux d’entre eux sont jugés, les cousins Thierry A. et Bryan P. Ils sont poursuivis pour une série d’outils. vols perpétrés dans au moins six véhicules utilitaires, dans la nuit du 23 au 24 novembre 2023, à Tarbes, Soues et Laloubère. Le 24 novembre, un artisan est venu porter plainte au commissariat de Tarbes. Il avait déjà été victime d’un vol dans son fourgon, il a donc depuis installé une balise GPS dans son équipement. La police géolocalise la balise à l’accueil des Ibos Voyageurs. Ils s’y rendent et découvrent une Renault Modus appartenant à Bryan contenant une grande quantité d’outils. Les plaignants reconnaissent une partie du matériel volé qui leur est restitué. La police a fouillé la caravane de Bryan et a trouvé des armes, des munitions et des bijoux à l’intérieur. Le frère de Bryan, identifié par un témoin de l’un des vols, ainsi que son père, sont placés en garde à vue.
Le 27 novembre, un appel anonyme d’une personne de la communauté des Voyageurs Ibos informe la police que les auteurs des vols étaient Bryan et son cousin Thierry. La police a arrêté et perquisitionné son domicile. Thierry reconnaît immédiatement les faits et donne des détails sur la procédure, la répartition des fourgons entre lui et son cousin.
Le 1est En décembre, Bryan se présente au commissariat de Tarbes. Il conteste les faits, affirme que son cousin a menti et qu’il se trouvait à Bordeaux au moment des cambriolages. Bryan est placé en garde à vue, puis en détention provisoire.
Changement de version
Muriel Renard, présidente du tribunal, demande à Thierry s’il maintient ses déclarations. On assiste alors à une tournure dramatique des événements. “Non, Bryan n’était pas avec moi, je l’ai fait seul.” Le président souligne que seul l’ADN de Bryan a été retrouvé dans la Renault Modus. « J’avais des gants », rétorque Thierry. “Pourquoi as-tu dit que Bryan était avec toi?” demande le président. “J’étais jaloux de Bryan à propos de ma petite amie.” Le président l’appelle à nouveau sur l’appel anonyme. « Je ne sais pas, il faut entendre cette personne », balbutie Thierry. “Pourquoi tu n’as rien dit alors que ton cousin est en détention depuis un an” demande Muriel Renard. «J’étais en colère contre lui. Je ne voulais pas qu’il sorte, qu’il flirte avec ma copine » répète Thierry.
Interrogé par le président Renard, Bryan confie qu’il ne se souvient pas de son départ à Bordeaux. “Rien ne montre que vous étiez inscrit à l’hôtel où vous dites avoir passé la nuit” lui fait remarquer Muriel Renard. “Je n’ai pas commis les faits, ce n’est pas moi”, soutient Bryan. Le Président note que le témoin qui a identifié le premier votre frère a indiqué que « cela pourrait être vous parce que vous vous ressemblez beaucoup ».
“Ils ont gâché ma vie”
Puis, l’une des parties civiles, indépendante, vient témoigner à la barre : « Que ce soit les deux, l’un ou l’autre, cela ne m’importe pas. Ils ont ruiné ma vie. Je venais de démarrer mon entreprise. J’ai failli le perdre. Dès que j’ai entendu un bruit dans la rue, j’ai cherché le matériel mais ce que nous vivons actuellement est plus dur. Ça fait mal. Son avocat, M.e Sonia Bernés-Cabanne souligne « l’hypervigilance » qui habite désormais son client et son épouse. Me Joseph Mesa, conseiller de l’entreprise Clim’Adour, rappelle que des vols de matériel empêchaient les salariés de travailler. Afin de quantifier le préjudice, il demande le saisine des intérêts civils.
Julien Michel, vice-procureur, souligne d’emblée que « l’implication des deux prévenus ressort clairement dans la procédure ». Concernant le revirement de Thierry, le vice-procureur l’explique « par affection, générosité ou par peur du nombre de personnes présentes dans la salle d’audience ».
Me Lorea Chipi, l’avocate de Thierry, souligne que son client « s’est immédiatement mis à la table ». Elle précise qu’il est « socialement intégré » et qu’une suspension probatoire lui semble appropriée.
« Une enquête bâclée »
Me Thierry Sagardoytho, l’avocat de Bryan, plaide l’acquittement, dénonçant une « enquête bâclée ». L’appel anonyme ? « Vous devez le laisser à la porte du tribunal… Pourquoi n’avez-vous pas procédé à une audience sous X ? L’avocat fait alors valoir que la téléphonie ne démontre pas la présence de son client sur les lieux des vols. “Vous ne disposez pas non plus d’images montrant mon client conduisant sa voiture le soir des vols.” Il ajoute ensuite que le listing fourni par l’hôtel bordelais est incomplet.
Le tribunal a condamné Thierry à 2 ans de prison dont 18 mois avec sursis et 18 mois de mise à l’épreuve. Il effectuera les 6 mois sous bracelet électronique. Il devra également payer une amende de 4 000 €. Bryan écope de 3 ans et de 10 000 amendes. Le tribunal a ordonné son maintien en détention. A la fin de l’audience, Bryan a exprimé son désir de faire appel.